Le siège du BAFTA à Londres rénové avec une verrière à cristaux liquides
La verrière du siège du Bafta à Londres a été rénovée avec des vitres en cristaux liquides connectées qui tamisent en direct la luminosité et la chaleur à l’intérieur du bâtiment. Une technologie innovante associée à une rénovation architecturale de grande ampleur.
Victor Dubois-Carriat
Depuis 1976, au 195 Piccadilly à Londres, se trouve le siège de la British Academy of Film & Television Arts, l’académie qui décerne l’équivalent de nos Césars, les fameux Bafta Awards. Le bâtiment, construit en 1884 pour l’ancien Royal Institute of Painters in Water Colours, était vétuste, et le renouvellement du bail avec le Crown Estate fut l’occasion pour l’académie d’investir dans la rénovation de cet édifice historique, qui avait quelques surprises à offrir. À commencer par des structures décoratives en plâtre qui soutenaient deux grands lustres originaux du XIXe siècle, obstrués lors du déménagement de l’académie en 1976 et considérés comme perdus. Au-dessus se trouvaient aussi des verrières de toit métalliques cachées.
Et ce sont sur ces deux points cruciaux que le cabinet d’architecture Benedetti Architects a joué pour remporter l’appel d’offres en 2014 : « Notre stratégie était de restaurer cet espace perdu et de créer un 4e étage. C’était le moyen le plus efficace de conserver le Princess Anne Theatre (une salle située en dessous) tout en permettant au public d’accéder à ce patrimoine historique important. » Un patrimoine qui fut donc le point névralgique de cette restauration architecturale de 33 M£ (38 728 800 M€). Il a fallu notamment recouvrir l’ensemble du chantier afin de restaurer les éléments en plâtre et la structure des lustres victoriens.
Des vitres comme des écrans de portable
L’autre enjeu important résidait dans la création d’une nouvelle verrière apportant de la lumière au 4e étage et offrant au visiteur une vue sur la canopée de la cour de l’église Saint-James. Sa conception posait un problème de taille : « L’exposition plein sud et le plancher presque entièrement vitrifié ne constituaient pas la configuration idéale pour cette salle qui accueille le bar-restaurant », explique le cabinet d’architecture. Mais durant la recherche d’alternatives qui se sont révélées « peu impressionnantes », comme la pose de stores, la société Merck a eu la brillante idée de sortir, via sa marque Eyrise, le verre Dynamic Liquid Crystal Glazing. « Cette solution supprime 91 % de la lumière et des rayons de chaleur, mais permet une transmission lumineuse de 44% lorsque la lumière est nécessaire par temps nuageux. Tout cela en restant transparent et clair à tout moment. » Le matériau, innovant, s’appuie pourtant sur une technologie ancienne, comme l’explique le directeur marketing d’Eyrise Filip Roscam : « La plupart des appareils, tels les ordinateurs ou portables, sont conçus avec des écrans à cristaux liquides. Avec notre solution, les cristaux liquides sont insérés entre deux verres assez fins qui laissent un espace d’un quart de cheveu. » Et le directeur marketing fait cette comparaison simple : « Une vitre peut être considérée comme un pixel qui peut changer de couleur. »
Profil d’une fenêtre
Taille max : 3,5 sur 1,6 m.
Taille min : 4 sur 41 cm.
Technologie : licrivision, solution transparente de cristaux liquides, dans laquelle des couleurs spécifiques peuvent être ajoutées.
Valeur Ug : 0,5 W/m2K.
En double et triple vitrage, avec possibilité, en fonction
des solutions de cristaux liquides, d’avoir des taux
de transmission de lumière variables (plus sombre
et plus clair).
Ainsi, 82 fenêtres de ce type ont été placées sur les verrières du bâtiment reproduites à l’identique. Chacune a sa liaison électronique avec un système de commande central. Grâce à des capteurs solaires, les vitres adaptent leur opacité en fonction de leur exposition et changent d’aspect en une seconde pour gérer la luminosité et la température. La réduction de l’impact carbone du bâtiment a été significative, passant de 154,53 à 42,4 kg/CO2/m2, lui permettant d’obtenir une note EPC (Energy Performance Certificate), l’équivalent du DPE français, de « B » contre « G » avant travaux. Au bout de cette rénovation d’ampleur qui a duré sept ans et s’est terminée en septembre 2021 : une augmentation de la surface du bâtiment, passant de 2 050 m2 à 2 465 m2, un 4e étage utile, des structures en plâtre rénovées et deux terrasses en face Picadilly Street et de la cour de l’église Saint-James.
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