Le retour des gangs de ferrailleurs
Defawe Philippe | le 25/04/2006 | France , Sécurité et protection de la santé, Politique sociale, Produits et matériels, Marne
Chargements de cuivre détournés dans l'Aisne, employés d'une usine de recyclage de métaux séquestrés à Reims, chantiers dévalisés: l'envolée ces derniers mois du prix des métaux en fait des cibles de choix pour les malfaiteurs.
Jeudi, environ quarante tonnes de cuivre ont été dérobées jeudi dans une entreprise de recyclage de métaux à Reims par un groupe d'une douzaine d'hommes qui a brièvement séquestré les employés, pour un butin de près de 200.000 euros.
Dans l'Aisne, ce sont trois chauffeurs transportant du cuivre qui ont été braqués en novembre, en février et mi-avril dans la zone de Chauny. A chaque fois entre 20 et 25 tonnes du métal rouge ont été dérobés.
Stables en 2004-2005, les vols de métaux ont augmenté de 44,8% au premier trimestre 2006 par rapport à la même période de 2005, selon l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), service notamment chargé de ce type de délinquance.
Les malfaiteurs s'intéressent surtout au "cuivre, au nickel, à l'aluminium et à l'inox" et s'attaquent aussi bien aux produits finis qu'aux déchets, qui sont recyclables, note le colonel Philippe Schneider, chef de l'OCLDI. Les métaux, qui peuvent se recycler à l'infini, seraient ensuite écoulés en France auprès de récupérateurs et de fondeurs peu scrupuleux.
Les régions les plus touchées sont le Nord, l'Est, l'Ouest et le Sud-Ouest.
Les cibles sont multiples: du site PSA à Sochaux, où 12 tonnes de cuivre ont été détournées par des employés, au chantier de la ligne TGV-EST où 5 km de ligne à haute tension, en cuivre, se sont envolés.
Dans l'Hérault, trois hommes ont été arrêtés le 18 avril alors qu'ils découpaient des câbles téléphoniques de France Telecom.
Le phénomène "change de nature", relève le colonel Schneider, avec une recrudescence des séquestrations d'employés lors des vols et de braquages par de faux policiers.
Cette convoitise accrue tient selon lui à l'envolée du cours boursier des métaux non ferreux ces derniers mois, notamment poussé par la forte demande en Asie, particulièrement en Chine.
Aussi bien utilisé pour les câbles électriques, les téléphones portables que la plomberie, le cuivre a ainsi vu son cours bondir de 50% en 2005 et de plus de 20% en moins d'un mois, atteignant 6.500 dollars la tonne.
Le zinc a lui augmenté de plus de 60% en 2005 et dépasse actuellement les 2.800 dollars la tonne, tandis que le nickel est à son plus haut niveau depuis 10 mois à environ 16.500 dollars la tonne.
Les vols ne sont "pas un phénomène nouveau, ni une menace économique de première grandeur", relativise Christophe Baulinet, directeur général de la Fédération des minerais, minéraux industriels et métaux non-ferreux (Fedem).
S'il reconnaît une "augmentation" des méfaits, ceux-ci ne concerneraient pour le cuivre que quelques milliers de tonnes dérobées sur une production d'environ 450.000 tonnes par an en France.
Mathieu Rabechault (AFP)
Un peloton de gendarmerie surveille de nuit depuis une semaine le chantier de la ligne du TGV-Est en raison de la recrudescence des vols de métaux, a-t-on appris mardi auprès de la préfecture de la Marne.
Depuis début 2006, douze vols ont été enregistrés sur la future ligne TGV -qui doit arriver à Reims en juin 2007-, soit 6,45 tonnes de métal (cuivre, acier...), selon la gendarmerie.
Sur toute la Marne (hors Reims, Epernay et Chalons), 52 vols -soit 27,75 tonnes de métaux- ont été enregistrés depuis le début de l'année, contre 29 pour toute l'année 2005.