"Le monde de l'économie sociale et solidaire a investi les questions d'urbanisme à sa façon, le BTP à la sienne, faisons les se rencontrer et se parler !", Mélanie Marcel
SoScience fait se rencontrer le monde de la recherche, de l’économie sociale et solidaire et de l’industrie pour faire se développer des solutions avec un impact socio-environnemental positif. Sa fondatrice Mélanie Marcel, ingénieure de formation, explique au Moniteur comment ce nouveau mode de coopération pourrait s'appliquer au BTP.
Propos recueillis par Adrien Pouthier
Comment SoScience intervient-elle auprès des entreprises qui mettent de plus en plus en avant leur engagement social et environnemental ?
Chez encore beaucoup d’entreprise, il y a un côté « RSE années 90 » : on se dit « le but c’est de réduire nos impacts négatifs en mettant des pansements à droite à gauche et on s’engage parallèlement auprès des communautés ».
SoScience accompagne un changement de mentalité de ces entreprises : on passe de cette volonté de réduire les impacts négatif à la volonté d’avoir un impact socio-environnemental positif.
La deuxième vision c’est, avec des partenaires très divers, d’arrêter de se concentrer sur sa propre activité et intégrer un écosystème plus large, de mettre en place les choses différemment et de changer radicalement le business.
SoScience est spécialisé dans l’open innovation orientée recherche et innovation responsable. Nous travaillons donc sur les enjeux de recherche qui vont avoir des impacts sociaux ou environnementaux positifs.
L’économie circulaire est un bon exemple de cela…
SoScience appartient à un groupe de travail de l’ANRT (Association Nationale Recherche Technologie) pour réfléchir à ces problématiques. Au sein de ce groupe, Michelin a une très belle étude de cas : c’est leur projet « Black cycle » qui consiste à recycler intégralement le pneu. Michelin s’est entouré de nombreux partenaires de sa chaine de valeur, 13 en tout. Pour chaque produit et sous-produit composant un pneu les partenaires se sont demandé : qu’est-ce qu’on peut en faire ? Avec l’objectif de trouver une issue pour chacun de ces composants. Chaque partenaire du projet trouve un intérêt à collaborer avec les autres. Tout cela demande beaucoup de recherche et de développement : la décomposition d’un objet de haute technologie multiplie les débouchés à trouver.
Et la première chose qui manque à un industriel pour cela c’est un facilitateur pour monter un consortium comme Michelin l’a fait. Il faut aller chercher les partenaires un par un, pour les associer et créer un programme de recherche et d’innovation. Tout cela prend énormément de temps, de ressources internes et souvent il manque également une méthodologie et des outils pour faire que ces acteurs s’alignent et travaillent réellement ensemble. Il manque également les structures pour permettre ces mises en relations. SoScience aide justement les industriels à créer ce genre de programmes. C’est une vraie difficulté d’avoir accès au bon partenaire au bon moment.
Est-ce que les industriels n’auraient pas dans ce cas intérêt à concevoir des produits simples à décomposer et à recycler ?
Le gros problème des industriels avec des composés de pointe c’est que pour faire des matériaux qui répondent à un certain nombre de capacités techniques requises, il faut souvent les complexifier. On remarque cela par exemple dans l’industrie de l’embouteillage plastique. Vous avez l’impression qu’une bouteille plastique c’est quelque chose d’assez simple. Mais c’est en réalité composé de plusieurs couches, il n’y a pas forcément qu’une seule sorte de plastique dans la bouteille, tout cela parce que l’on recherche certaine propriétés : la transparence par exemple, la résistance… Pour les pneus c’est pareil et encore plus complexe.
Et votre démarche peut s’appliquer aussi à la construction ?
Nous avons commencé le groupe de travail de l’ANRT et Michelin pour voir si ce genre de démarche peut effectivement intéresser l’industrie du bâtiment.
Aujourd’hui la question environnementale est cruciale, il serait dommage de lancer des projets de R&D coûteux qui ne soient pas acceptés par la société, au sens large, lors de leur mise sur le marché.
Dans le BTP, les questions pourraient tourner autour de l’urbanisme : comment repenser les villes ; comment construire une ville résiliente, qui laisse sa place à la biodiversité, permet de recréer du lien social ou encore comment concilier besoins d’urbanisation et enjeux autour de l’artificialisation des sols dans le respect des territoires.
Prenons les déchets de construction : avec ces déchets vous pouvez créer des sols techniques (de la terre à laquelle sont mélangés des déchets inertes) pour les réintégrer dans des zones urbaines afin qu’on puisse y faire repousser certaines plantes et arbres. Ca c’est un sujet de recherche avec une multitude de questions : quel genre et quelle quantité de déchets peut-on utiliser, à combien de mètres de profondeur faut-il enfouir ces terres mélangées ? Quelles plantes peut-on planter ? Parce qu’il y a des plantes qui vont dépolluer le sol, d’autres non, il faut donc faire des rotations. Tout cela c’est de la recherche très avancée, qui demande des connaissances en santé des sols.
Le monde de l’impact et de l’ESS a investi ces questions à sa façon, le BTP à la sienne, faisons les se rencontrer et se parler !
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