Le ministère relance l'expérimentation sur les chantiers routiers
Defawe Philippe
Le nouveau dispositif de soutien à l'innovation routière prend corps. Patrice Parisé, directeur général des routes, a annoncé le 19 septembre les six propositions retenues pour faire l'objet d'expérimentation sur les chantiers.
Il s'agit des "enrobés 3E+R" de Colas, des "enrobés à forte économie de matériaux et d'énergie" d'Eiffage Travaux Publics, d'un "béton bitumineux très mince "semi tiède" mis en oeuvre à grande vitesse", également chez Eiffage Travaux Publics, de "l'enrobé mixte à froid" de la société Malet, d'un "écran antibruit avec glissière de sécurité incorporée" des sociétés Delta Bloc France et Mice et enfin, d'un système de "maîtrise du trafic éco-responsable à faible coût" proposé par Neavia Technologies. Ces six propositions devaient répondre aux thèmes définis par le CIR (comité d'innovation routière présidé par François Perdrizet), à savoir : la "réduction des gênes liées aux chantiers" et "la réduction de la consommation d'énergie". Quatorze projets, établis par neuf entreprises, ont été présentés. Il est à noter que le jury ne s'est pas limité à la stricte chaussée en primant un équipement de sécurité et un dispositif d'exploitation. Par ailleurs, Eurovia, pourtant prolixe en innovations, apparaît comme le grand absent du palmarès. "Le nombre de dossiers était très satisfaisant, s'est félicité Jean-Claude Pauc, directeur du Setra et président du jury. Parmi les projets, certains, encore au stade de la recherche, n'étaient pas assez mûrs pour une application en grandeur réelle tandis que d'autres avaient atteint un degré de maturité tel qu'ils pouvaient se passer de notre soutien."
Des marchés quasi négociés
Les six propositions retenues vont donc désormais pouvoir être expérimentées en grandeur réelle sur les chantiers. Ceci en application de l'article 75 du code des marchés publics relatif aux marchés expérimentaux. "Les maîtres d'ouvrage intéressés pourront lancer des marchés quasi négociés, explique Patrice Parisé. Avec l'ensemble des gestionnaires de réseaux routiers, nous allons rechercher des terrains d'expérimentation et définir les protocoles d'évaluation des propositions retenues." "Par rapport à l'ancienne Charte de l'innovation, nous tenterons de raccourcir les délais de validation, a promis Jean-Claude Pauc. Nous pourrions aussi recourir à des validations intermédiaires." Par la suite, un panorama des expérimentations réalisées sera rendu public tous les ans. Guy Le Coz, directeur général adjoint au conseil général des Côtes d'Armor assure que les départements de France s'impliqueront dans la mise à disposition de terrains expérimentaux comme ils s'impliquent dans la gouvernance du réseau scientifique et technique. Quant aux entreprises, elles ont trop longtemps attendu un successeur à la défunte "Charte de l'innovation" pour faire la fine bouche. Et ce, même si elles doivent désormais porter seules le risque de l'innovation.
En dépit d'un certain scepticisme à l'annonce de sa création en juin 2006, le nouveau dispositif de soutien à l'innovation routière fait donc son chemin. Conformément au code des marchés publics.
Julien Beideler
Les six lauréats
Suite à l’appel à propositions lancé par la direction générale des routes en mars 2007, quatorze réponses ont été apportées par neuf entreprises. Le palmarès - non classant- des six innovations lauréates est le suivant :
Enrobés 3E+R de Colas
Ces enrobés semi tièdes sont fabriqués à une température inférieure de 40 à 45°C à la température dite "chaude" et comprennent un fort taux d’agrégats recyclés (30 à 50%). Deux avantages couplés permettant à la fois d’économiser de l’énergie lors de la fabrication et de préserver les ressources naturelles. Le procédé de fabrication est réalisable dans plusieurs types de centrales d’enrobage, ce qui lui permet d’être proposé sur une large zone géographique.
Enrobés EFEME (enrobés à forte économie de matériaux et d’énergie) d’Eiffage Travaux Publics
Le taux d’agrégats recyclés de ces enrobés est très important (30 à 60%) et la température d’enrobage est inférieure à 100°C. Ces enrobés allient la préservation des ressources naturelles à l’économie d’énergie lors de leur fabrication. Ces enrobés sont réalisables dans des centrales mobiles, les rendant adaptés à de gros chantiers.
STGV (béton bitumineux très mince "semi tiède" mis en œuvre à grande vitesse) d’Eiffage Travaux Publics
Ce BBTM dont la température d’enrobage est inférieure à 100°C a la particularité de pouvoir être mis en œuvre à une cadence très élevée (théoriquement, jusqu’à 40 mètres par minute). A l’économie d’énergie réalisée lors de sa fabrication, il ajoute l’avantage d’offrir des perspectives de chantiers "furtifs" en diminuant les gênes occasionnées grâce à sa grande vitesse de mise en œuvre.
Ecomix (Enrobé mixte à froid) de Malet
Cet enrobé est constitué d’un liant mélangeant ciment de type pouzzolanique et émulsion de bitume classique. Il est aussi bien destiné à l’entretien structurel (couche de base) que fonctionnel (couche de roulement) des chaussées à trafic modéré. Le procédé de fabrication consiste en un double enrobage à froid, permettant des réductions significatives de la consommation d’énergie.
Maîtrise du trafic éco-responsable à faible coût de Neavia Technologies
Ce système de gestion du trafic permet de recueillir et de transmettre les données trafic, de détecter les accidents automatiquement et d’informer les usagers. Mêlant mesures de sons et analyses d’images transmises par onde radios, ce système offre une grande fiabilité. Des balises permettent la détection des incidents sur la chaussée et des panneaux permettent d’informer les usagers. Une alimentation par panneaux solaires permet de réaliser des économies d’énergie et de coûts de fonctionnement. L’installation non filaire est réalisée sur les accotements, permettant de diminuer les nuisances liées au chantier d’installation.
Ecran antibruit avec glissière de sécurité incorporée de Delta Bloc France et Mice
Ce produit remplit à la fois la fonction d’écran antibruit et de glissière de sécurité. L’innovation réside dans le fait que cet écran est constitué d’éléments modulaires préfabriqués dont le montage et le démontage ne nécessitent qu’une seule phase de travaux. Cette "glissière-écran" permet donc une grande souplesse d’utilisation tout en réduisant les nuisances des chantiers d’installation.
Petit rappel des thèmes retenus par le Comité d'Innovation Routière
La gêne liée aux chantiers
Il s'agit de réduire les nuisances de tous ordres générées lors des chantiers, notamment en diminuant la durée de ces derniers et leur encombrement, ou en s'affranchissant pour leur réalisation des conditions climatiques. Plébiscité par les représentants des maîtres d'ouvrage, le champ d'innovation est large et concerne en premier lieu le milieu urbain et les chaussées à fort trafic. Ce thème rappelle la notion de "chantier furtif".
L'énergie
Il s'agit de réduire la consommation d'énergie grise (somme des énergies consommées avant et pendant le chantier) pour la construction ou la réhabilitation d'infrastructures. Le thème s'attache aussi à la réduction de la consommation d'énergie pour les usagers des infrastructures voire à générer de l'énergie à partir de ces dernières. Pleinement inscrites dans les préoccupations sociétales, les propositions devront comporter une analyse des gains énergétiques en comparaison des techniques de référence actuelles.
Olivier Baumann
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