Pourquoi le groupe Bouygues revoit ses prévisions à la baisse
Alors que la major du BTP attendait une amélioration de sa rentabilité en 2018, elle est obligée de revenir sur ses prévisions. La raison? Des difficultés rencontrées dans ses activités de construction, tant chez Colas que chez Bouygues construction.
Jessica Ibelaïdene
C’est la douche froide pour le groupe Bouygues. Il y a deux mois, au moment de la présentation des résultats semestriels, le groupe anticipait une amélioration de sa rentabilité pour l'ensemble de l'année 2018. Il évoquait cependant des points de vigilance dans les activités de construction.
Et au regard du troisième trimestre (dont les résultats seront officiellement présentés mi-novembre), le groupe est obligé de reconnaître que certaines difficultés n'ont pas trouvé de solution, et annonce d'ores et déjà revoir ses ambitions. Son résultat opérationnel courant devrait ainsi être stable voire en légère baisse sur l'ensemble du groupe, et décroître pour la construction.
Colas Rail et Spac à la peine en France
Cette tendance se sentira par exemple du côté de Colas. La branche routière du groupe Bouygues espérait améliorer sa marge opérationnelle cette année, en raison de « l’augmentation de la contribution des routes ». Elle laissait cependant déjà entrevoir le poids des difficultés de l’activité ferroviaire en France.
Les trois mois suivants n’ont pas permis de redresser la barre, et le groupe se voit obliger de revoir à la baisse ses prévisions. La situation de la filiale ferroviaire s’est même dégradée. « Les grèves à la SNCF ont eu des conséquences négatives sur les travaux ferroviaires mais aussi sur le fret, engendrant une forte baisse d’activité dans un métier caractérisé par un niveau élevé de coûts fixes », explique le groupe, dans un communiqué, ce 18 octobre au soir.
Et ce n’est pas la seule filiale du groupe Bouygues à connaître des difficultés. « Chez Spac, le chantier de pose d’un pipeline dans le sud-ouest de la France, qui avait été impacté par les mauvaises conditions météorologiques au premier trimestre 2018, n’a rattrapé le retard accumulé qu’au prix d’importants moyens engendrant des coûts additionnels », ajoute Colas.
L'activité routière ne compense pas
Bien que l’activité routière se porte mieux et affiche de « bons résultats », elle ne permet pas de compenser. Conséquence : « le résultat opérationnel courant de Colas sur les neuf premiers mois de 2018 devrait enregistrer une baisse d’environ 25 millions d’euros par rapport aux neuf premiers mois de 2017 ».
Sur l’ensemble de l’année, le groupe compte toujours sur une croissance du chiffre d’affaires, notamment grâce à « la contribution de Miller McAsphalt ». Mais la marge opérationnelle courante est désormais attendue «stable ou en légère baisse par rapport à 2017».
Des difficultés à l'international sur les activités énergie
Bouygues Construction est aussi en proie à certaines difficultés, principalement liées à l’énergie, à l’international cette fois. Comme le groupe l’expliquait déjà au moment des résultats semestriels, l’achèvement de trois projets menés par Bouygues Energies et Services est plus compliqué que prévu.
Lors des phase d’essai et de mise en service des deux centrales biomasse au Royaume-Uni, des « désordres sur certains équipements » ont généré « des délais, des coûts supplémentaires et des indemnités à verser aux clients ». En Irlande, le projet de data-center, qui a fait l’objet d’une résiliation par le client, « est entré dans une nouvelle phase contentieuse à la suite de la demande, par le client, de l’application du plafond de pénalités ».
Ainsi, le résultat opérationnel courant de Bouygues Construction « devrait enregistrer une baisse d’environ 140 millions d’euros sur les neufs premiers mois de 2018 », par rapport à la même période en 2017. Et là encore, bien que les activités de bâtiment et de travaux publics au sein de Bouygues construction se portent bien, elles ne permettent pas de compenser les difficultés de Bouygues Energies et Services.
Sanction en bourse
Le genre de nouvelle que la Bourse n'apprécie pas particulièrement. Résultat, le vendredi 19 octobre 2018, Bouygues a enregistré la plus grosse chute du jour au sein du CAC40, son titre dévissant de plus de 11% à 32,4 euros. La valeur n'avait plus connu un tel plongeon depuis deux ans et demi.
Au delà de la sanction immédiate en bourse, plusieurs investisseurs et analystes, comme Bryan Garnier, ont toutefois témoigné de leur optimisme sur le groupe. Pour mémoire, Bouygues avait annoncé fin août 2018, à l'occasion de la présentation de ses résultats semestriels, un carnet de commandes record, s'élevant 33,7 Mds € pour ses activités construction, soit 9% de plus sur un an.
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