Edito

Le grand capital
Par Fabien Renou, rédacteur en chef | le 16/11/2018 | Collectivités locales, Routes, Loi d’orientation des mobilités
L'autruche relève enfin la tête. Parce qu'il sera bientôt trop tard, les pouvoirs publics replacent l'entretien des infrastructures au centre du débat. Un retour en grâce confirmé par la loi d'orientation mobilités que défend la ministre des Transports Elisabeth Borne (lire page 20) .
Gardiennes de leur patrimoine routier, les collectivités se trouvent bien évidemment en première ligne. Depuis qu'elles doivent chaque année se serrer davantage la ceinture, les dépenses d'entretien avaient tendance à passer au second plan. Or, catastrophe de Gênes oblige, rogner sur la maintenance apparaît désormais irresponsable.
Il est une autre richesse territoriale qui s'est dépréciée ces dernières années : le capital humain. L'expertise technique, construite au fil des ans, s'est délitée, conséquence funeste de la contrainte budgétaire et du désengagement de l'Etat. Evidemment, les collectivités modestes sont les premières impactées. La fracture territoriale passe aussi par l'ingénierie.
L'expertise technique s'est délitée, conséquence funeste de la contrainte budgétaire.
Fort logiquement, le privé est appelé à la rescousse.
Marché de partenariat, appel à manifestation d'intérêt, concession… L'évolution des pratiques témoigne de ce besoin croissant de recourir à l'intelligence, à la compétence et à la créativité des entreprises. Pourtant, dans les travaux publics comme dans le bâtiment, ces dernières en viennent parfois à regretter des interlocuteurs solides du côté des collectivités. Pour faire un bel ouvrage, un prestataire, aussi compétent soit-il, a besoin d'une commande claire.
Le périmètre d'intervention de chacun des acteurs peut fluctuer, mais la bonne gestion des deniers publics, comme la satisfaction de l'intérêt général, réclame une maîtrise d'ouvrage publique à la hauteur des enjeux. Financiers, techniques et humains.