Le goût de l'efficacité
-Les logiciels de gestion pour les PME-PMI sont devenus des aides indispensables à la vie quotidienne de l'entreprise. -Métrés, devis, suivis de chantier et d'engins, facturation, tout leur est possible.
En deux ans, l'évolution du parc installé en logiciels de gestion ne dépasse pas encore les 30 %, et les prévisions pour les prochaines années restent encore assez faibles. Ceux qui en sont équipés s'en étonnent, ainsi que l'exprime Daniel Colot, responsable d'une entreprise de construction de bâtiments industriels qui porte son nom, installée dans l'Aisne : « Je suis très surpris de voir que certains de nos partenaires, souvent de grande taille et souvent plus importants que nous, ne possèdent pas d'outils informatiques de gestion, et ce à tous les niveaux de décision, du devis/métré à l'établissement des éléments de chantier, voire à la prospection commerciale. »
Une observation confortée par les éditeurs de logiciels spécialisés, ou par les organismes de financement comme UFB Locabail, qui soulignent que le ralentissement de la conjoncture se double d'un frein au niveau des investissements en logiciels. « Et pourtant, si l'on peut se passer de mettre à niveau le matériel informatique, c'est en cas de crise qu'il faut se doter d'outils logiciels de gestion », complète Danielle Bernard, de Bernard Informatique, qui insiste sur le besoin de tableaux de bord financiers et techniques, capables de donner une vision à court et long terme de l'activité et des engagements financiers de la société.
Demande encore floue
« Il y a souvent confusion dans les besoins, remarque Pierre Fochaire, formateur spécialisé dans les logiciels de gestion pour le BTP. En dix ans, les utilisateurs ont cru que seul le besoin de la comptabilité était important à satisfaire. Ils ont ensuite assisté passivement à l'arrivée de produits pour les métrés, le devis, le suivi de chantier, et peu ont franchi le pas en intégrant une chaîne complète, garantie de productivité et surtout très facile à amortir dans le temps. » L'effet négatif s'est amplifié avec la multiplication des outils de conception et de création, qui avaient naturellement besoin d'un prolongement « gestion » pour ne pas perdre le temps passé à dessiner ou à digitaliser. Les premières passerelles développées ont permis de prendre conscience qu'il fallait orienter tous les efforts vers l'intégration unique de tous les besoins informatiques.
Un investissement au même titre que les engins de chantier
Aujourd'hui, trois ou quatre familles de logiciels proposent cette gestion complète de l'entreprise, même si leurs résultats commerciaux montrent encore la crainte des utilisateurs. « La faiblesse des PME-PMI du bâtiment, c'est de ne pas avoir compris que l'informatique de gestion n'est pas un coût supplémentaire mais un investissement complémentaire à l'évolution de l'entreprise », assure Pierre Fochaire, qui poursuit : « Si le postulat est aisé à comprendre, la réalité est plus difficile à mesurer. On ne peut pas dire qu'un logiciel de gestion représente X % de temps gagné. Ce que l'on essaye d'expliquer, c'est que la méthodologie utilisée avec des outils informatiques est plus rationnelle, plus logique. Automatiquement, elle optimise donc le temps passé à telle ou telle tâche. » Or c'est précisément la méthodologie qui pose souvent problème. « Comment expliquer à un patron de PME-PMI venant du terrain que la gestion analytique des besoins est plus importante que la mise à niveau d'un parc automobile ou d'engins de chantier ? » s'interroge Jean-Michel Cabon, d'ARC + . Pour cet éditeur de produits de conception, il est indispensable à la bonne marche de l'entreprise d'adjoindre au travail graphique un complément « gestion ». On le comprend mieux, le terme même de « gestion », aux multiples interprétations, conduit à la confusion des idées : s'il comprend bien la gestion du parc de matériels ou du service de paie, il englobe également le suivi de chantier, le métré ou l'étude de prix, tout cela devant s'harmoniser avec la vie quotidienne de l'entreprise, faite de relations humaines et d'échanges.
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De l'Est au SudComment gérer une entreprise de cinquante personnes, d'un chiffre d'affaires de 40 millions, dont le siège social est dans l'Aisne et le patron dans le Var ? Réponse toute trouvée au travers des applications de gestion développées par Pharos et qui sont aujourd'hui les piliers de l'entreprise. « Ma démarche s'est appuyée sur une relation de confiance avec Laurent Lefebvre, l'homme clé de chez Pharos, explique d'emblée Daniel Colot, responsable de Colot SA. J'avais déjà travaillé avec lui et, lorsqu'il m'a présenté sa solution de logiciel de gestion, il était clair qu'elle convenait à mes besoins. » Ici pas de cahier des charges mais une réelle analyse, grandeur nature, des possibilités de gestion des nouveaux logiciels. « Nous avons cherché à comprendre comment les softs allaient nous aider dans notre travail quotidien », détaille Daniel Colot qui insiste beaucoup sur la finalité attendue : « Il était évident que ces outils devaient être des aides à tous les niveaux. A la fois support technique pour les chantiers, mais aussi outils financiers pour affiner des devis ou gérer des clients. Résultat, nous avons intégré une chaîne complète qui part du devis à la comptabilité, en passant par le suivi de chantier, d'engins. » En moins de deux ans, cette entreprise du bâtiment, spécialisée dans les constructions industrielles, a peaufiné une installation remarquable. Avec neuf postes informatiques, une table à digitaliser et des outils de communication entre les différents bureaux, l'entreprise a fait le pari du tout-numérique à tous les niveaux. Echanges par modem pour les projets ou les éléments de gestion comptable, gestion des plans sur écran, prévisions informatiques des chantiers à venir, l'entreprise innove sans avoir le sentiment d'être « décalée » avec son époque. « Les outils que nous avons mis en place ont coûté, matériel compris, entre 400 000 et 500 000 francs. Mais aujourd'hui, ils nous permettent des gains de productivité évidents et nous donnent une vision de l'entreprise d'une précision extrême. » Engagements de trésorerie, encours, stocks et vision des chantiers sur plusieurs mois sont des données qui nous sont devenues indispensables.
« Si, aujourd'hui, on devait nous retirer notre informatique, nous aurions le sentiment de revenir à l'âge de pierre, reconnaît Daniel Colot. Nous avons intégré des outils dont la mission est d'être de véritables assistants financiers de la société. Savoir au jour le jour, l'état des engagements, des chantiers, de la facturation, cela nous donne une réactivité hors du commun. »
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