Alors que plus de 70 % des projets de logements neufs lancés en 2008 ont eu recours à l'électricité pour assurer le chauffage, ils n'étaient plus qu'un peu plus de 40% en 2011, constate BatiEtude, l'institut de sondage spécialisé dans le bâtiment. L'extension de la RT 2012 à tous les bâtiments à usage d'habitation, au 1er janvier 2013, enterrera-t-elle définitivement le chauffage électrique ?
« La fin de la domination du chauffage électrique dans le résidentiel s'explique par une chute de la présence des convecteurs à effet joule dans les projets de logements collectifs », explique Marc Remusat, directeur général adjoint de BatiEtude, institut de sondage qui livre tous les ans aux énergéticiens et fabricants de chauffage un observatoire de la construction neuve.
Depuis 2009, guidés par des avantages fiscaux et en vue de se préparer à la future réglementation thermique, les promoteurs de logements collectifs se sont massivement dirigés vers la certification BBC. Le label BBC et la RT 2012 exigent de passer la consommation des 5 postes réglementaires (chauffage, lumière, ventilation, eau chaude et auxiliaire) en dessous de 50 kWh d'énergie primaire/m²/an, modulés en fonction de la région. L'effet joule étant un procédé très énergivore, les radiateurs électriques rendent très difficile le passage sous ce seuil de consommation. Les pompes à chaleur (PAC) offrent un rapport chaleur produite sur électricité consommée largement plus intéressant. « Mais l'offre des fabricants de PAC n'avait pas été, jusqu'à récemment, adaptée aux logements collectifs, constate Marc Remusat, les développeurs de projets résidentiels se sont donc massivement tournés vers les chaudières gaz».
Pour les maisons individuelles groupées, le constat est quasi identique, précise Marc Remusat. En revanche, pour les maisons individuelles isolées, qui ont représenté plus du tiers des 400 000 logements lancés en 2011, le chauffage électrique ne recule pas et représente toujours près de 70% des chauffages installés. Cela s'explique par le peu d'engouement des particuliers pour le BBC. Selon Marc Remusat, « les dispositifs fiscaux qui ont été mis en œuvre pour les particuliers sont nettement moins avantageux que pour les promoteurs ». Ces derniers ont bénéficié notamment d'une loi Sellier conditionnée à l'obtention du label BBC.
Fin annoncée du couple radiateur électrique et maison individuelle
Mais, au 1er janvier 2013, avec l'application de la RT 2012 à tous les bâtiments à usage d'habitation, les choses devraient changer. Les particuliers seront contraints de se détourner de l'effet joule, autrement dit des radiateurs et planchers électriques, qui sont présents, d' après BatiEtude, dans plus du tiers des maisons individuelles isolées lancées en 2011.
Néanmoins, il est très difficile de prévoir vers quels types d'énergie les particuliers vont se tourner. « De plus en plus de systèmes hybrides, utilisant différentes énergies, apparaissent, souligne Marc Remusat, et, un émetteur de chauffage comme le plancher chauffant à circulation de fluide, équipement de plus en plus présent dans la maison individuelle, peut autant être alimentée par une PAC que par une chaudière gaz ». Se livrer à une prévision de l'évolution du marché dans le résidentiel collectif est tout aussi hasardeux. «L'arrivée de PAC adaptées au collectif peut changer la donne», remarque le directeur général adjoint de BatiEtude.
Si le chauffage par effet joule fait, au même titre que l'ampoule à incandescence, partie du passé, le chauffage électrique pourrait encore avoir de beaux jours devant lui avec la démocratisation de la PAC. La baisse de la part du chauffage fonctionnant à l'électricité n'est pas irréversible.