La ville de Strasbourg au centre d'un scandale immobilier
Defawe Philippe | le 26/04/2006 | International, Strasbourg, Bas-Rhin, Europe
Le Parlement européen a décidé de geler le versement à la ville de Strasbourg des loyers de trois bâtiments en attendant des explications sur leur montant jugé excessif. La municipalité est soupçonnée de gonfler les prix ce qui aurait causé un préjudice estimé à quelque 25 millions d'euros.
"La décision a été prise par les coordinateurs politiques de la commission suite à des informations selon lesquelles la ville de Strasbourg aurait fait payer depuis plusieurs années un loyer exagéré au parlement européen", précise le communiqué de la commission de contrôle budgétaire qui ajoute que le projet d'acquisition des deux immeubles de bureaux en cause est également gelé.
Selon le rapporteur sur le budget du parlement, le conservateur allemand Markus Ferber, il pourrait y avoir une différence de 2 millions d'euros par an entre le loyer demandé par la ville au PE et ce qu'elle verse à la SCI Erasme, propriétaire des immeubles.
La SCI Erasme loue actuellement les deux bâtiments à la ville de Strasbourg qui elle-même les sous-loue au Parlement européen. Aux termes d'un contrat d'emphytéose conclu en 1979, les bâtiments devaient revenir à la ville en 2047, date d'expiration du contrat.
Lors de leur réunion de mardi, les coordinateurs politiques de la commission ont demandé à la municipalité de Strasbourg d'avoir accès à tous documents financiers et autres relatifs aux deux immeubles. Ils ont précisé que faute de les obtenir "dans un délai approprié", ils saisiraient l'Office anti-fraude (OLAF) de la Commission et la Cour européenne des comptes à Luxembourg.
Ils demandent également au PE de ne signer aucun contrat d'acquisition avant d'avoir eu connaissance des réponses.
Le quotidien allemand Bild qui rapporte l’affaire dans son édition de mercredi estime que le parlement européen a subi un préjudice estimé à quelque 25 millions d'euros. Strasbourg louerait au Parlement européen les bâtiments administratifs pour 10,5 millions d'euros par an, alors que la ville reverse un montant nettement moins élevé à un fonds immobilier, précise le journal en citant un rapport interne de la commission de contrôle des finances du Parlement européen.
En outre, la ville de Strasbourg est soupçonnée de corruption lors de la vente du bâtiment du Parlement européen à cette institution, selon la même source.
En 2004, Strasbourg a vendu ce bâtiment au Parlement européen pour 450 millions d'euros, soit jusqu'à 200 millions de plus que sa valeur, poursuit Bild en citant le rapport.
"Ca sent la corruption", estime le député européen Hans-Peter Martin, cité par le journal le plus lu d'Allemagne. "Tous les paiements à la ville de Strasbourg doivent être immédiatement stoppés", a-t-il ajouté.