La Villa Le Nôtre prête pour la biennale francilienne
« En 2019, la troisième promotion de la Villa André Le Nôtre résonnera avec la première biennale de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage d’Ile-de-France ». En accueillant officiellement les quatre nouveaux résidents le 28 septembre au Potager du roi, Vincent Piveteau, directeur de l’école du paysage de Versailles, a souligné la « temporalité exceptionnelle » dont bénéficie l’institution lancée en 2015 et dédiée au rayonnement international et au croisement pluridisciplinaire, autour du paysage.
Laurent Miguet
De l’utilitaire au poétique, de l’architecture au paysage, de la ville à la forêt : parmi les quatre lauréats de la troisième promotion de la Villa André Lenôtre, Axelle Grégoire propose d’approfondir et de partager sa propre trajectoire. Sélectionnée pour un dossier de candidature intitulé « La ville forêt, réécriture cartographique d’un mythe à l’ère de l’anthropocène », l’architecte convertie au paysage ira-t-elle au bout de sa « tentative d’abolition de la dualité » ?
Objectifs de sa résidence, la production d’un atlas cartographique et d’une installation artistique rappellera la « tension dynamique » entre science et art, mais aussi la volonté de tracer une voie d’espoir : Axelle Grégoire veut « sortir des récits de fin du monde, rouvrir le champ des possibles, inventer d’autres formes narratives »...
Voltaire augmenté
Cette dernière ambition porte le duo composé par Suzanne Doppelt et Cole Swensen : la photographe philosophe française et l’écrivaine professeure américaine ont évidé le plan du Potager du roi. Dans les rectangles dégarnis, elles proposent d’incruster des textes et des images. 15 à 20 planches développeront autant de thèmes en cours de recensement : sans hiérarchie, les résidentes égrainent les insectes, l’histoire, les outils, les oiseaux, les légumes, les murs, les fantômes et la nuit…
« Invitées voici 18 mois à une déambulation associée à une lecture de textes au Potager du roi, nous avons voulu poursuivre, sous forme de fiction poétique », raconte Suzanne Doppelt, enchantée par l’idée de réinterpréter l’idée de « cultiver son jardin » sous une forme de « Voltaire augmenté »…
Sélectionné pour le dossier « Cœurs de pierre – histoire de sol dans les villes », Adrien Fournès assume une entrée en matière technique, sans pour autant éloigner de la poésie la troisième promotion de la Villa Le Nôtre : « Cinq ans après sa mise en service, les fissures de la place de la République, à Paris, révèlent un manque de savoir-faire, malgré l’importance des sommes investies ». Après un tour d’Europe des plus beaux sols empierrés, de la place Saint-Marc de Venise à la montée de l’Acropole à Athènes, le retour à Versailles renforce l’interrogation du paysagiste, diplômé de l’école en 2003 : « Pourquoi Paris ne s’est-elle jamais affirmée comme haut lieu du calepinage ? » Adrien Fournès propose de combler ce déficit au potager du roi, par la mise en place d’une planche d’essais issue d’un échantillon de pierres européennes.
Référence mondiale
Les promesses de la troisième promotion de la Villa prolongent des fils identifiés depuis 2015 par Michel Audouy, professeur à l’école du paysage de Versailles et président de l’association pour la villa internationale des paysagistes André Le Nôtre : « Il y a d’abord l’histoire du paysage, sur laquelle travaillera cette année le britannique Ambert Roberts, dans le prolongement des travaux conduits l’an dernier par Luisia Limido. Je vois également une continuité dans la recherche sur les représentations du paysage, par des cartes, des mots, des bandes dessinées. Le sol constitue une autre constante », énumère le paysagiste.
Une matrice nourrit tous ces fils conducteurs : grâce à la Villa, Versailles cultive l’image internationale du Potager du roi, icône planétaire incrustée dans le logo de l’association internationale des architectes paysagistes (Ifla). Président du jury qui a sélectionné les lauréats de la troisième promotion parmi 26 candidatures et président de la fédération des paysagistes norvégiens, Rainer Stange confirme le statut hors norme dont jouit à ses yeux « le lieu paysager le plus célèbre du monde ».
La mise en scène d’une nouvelle mise en valeur du site se prépare devant l’hôtel Jean-Baptiste de la Quintinie, siège de la Villa André Le Notre, mitoyenne de l’école du paysage : les étudiants réaménageront les jardins pour qu’ils servent d’écrin aux travaux que présenteront les résidents entre mai et septembre 2019, durant la première édition de la biennale de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage.
La Villa Le Nôtre prête pour la biennale francilienne
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