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« La trame verte incite à créer des espaces multifonctionnels »
- D’où vient l’idée de trame verte ?
Tout est parti, en France, de la loi de protection de la nature du 10 juillet 1976, qui pose le principe de l’interdiction de détruire la nature, et de son décret de 1978, qui définit la méthode des études d’impact. A partir de l’incidence d’un projet sur l’état initial, cette méthode permet d’une part de définir les moyens susceptibles de réduire les impacts, d’autre part de mettre en place des mesures compensatoires qui, dans certains cas, peuvent aboutir à un bilan positif du projet, du point de vue de la biodiversité. Les directives Natura 2000 ont suscité des avancées considérables dans la description de l’état initial, à travers l’inventaire des espèces et la définition de leur habitat.
- Avec quelles compétences êtes-vous entré dans la réalisation de ces études d’impact ?
En 1978, les administrations, sans expériences dans ce domaine, ont fait appel au mouvement associatif. Pour répondre à une demande envoyée par la direction de l’agriculture et de la forêt à l’Association fédérative pour la protection de la nature, ancêtre d’Alsace Nature, j’ai fait équipe avec Antoine Waechter pour une étude d’impact consacrée au remembrement de Leymen, dans le Jura alsacien. Avec nos bagages universitaires respectifs - la faune pour Antoine, et la flore pour moi - nous avons créé l’Atelier d’écologie rurale et urbaine, dont l’activité s’est poursuivie au sein de la coopérative Ecoscop. A la connaissance des espèces vivantes, nous avons rapidement ajouté la géomorphologie fluviale, discipline fondatrice pour le programme intégré d’aménagement du Rhin.
- Plus de trente ans plus tard, comment définiriez-vous votre métier d’ingénieur écologue ?
Nous recrutons des jeunes biologistes aux compétences souvent très pointues, par exemple des spécialistes des libellules, des batraciens ou des reptiles, et nous les invitons à sortir du naturalisme, pour apprendre à devenir des médiateurs, à la recherche de la synthèse entre la défense de la biodiversité et la réalisation du projet, qui anime tout ingénieur. Pour résumer, je dirais que de notre point de vue, il n’existe pas de mauvais projets, seulement des mauvais bilans.
- La distinction entre réservoirs et corridors écologiques suffit-elle à fonder une politique de trame verte et bleue ?
A condition de garder à l’esprit la diversité des fonctions jouées par chaque élément. Une haie, appréhendée comme un corridor, sert aussi de réservoir pour le mulot gris. Entre un champ labouré et une forêt, une barrière de grands arbres forme la pire des interfaces. Une strate buissonnante crée un couloir adapté à certaines espèces, mais nous proposerons d’y ajouter une strate herbeuse, car les animaux veulent des arbres, des buissons et des pelouses. Si en plus ce corridor complexe favorise des activités de loisirs, le décideur politique détient les clés d’une approche qui donne du sens à son action, en tant que réorganisateur de la multifonctionnalité, alors que les générations précédentes ont appris à scinder les fonctions des espaces.
- Le territoire alsacien vous paraît-il adapté à la modélisation d’une telle politique ?
Précurseur à côté du département de l’Isère, l’Alsace a élaboré sa politique en deux temps, dans deux territoires très contrastés et illustratifs de la diversité et de la complexité d’une politique de trame verte : d’abord les espaces hyperfragmentés et anthropisés de la plaine, ensuite la montagne vosgienne, dominée par la forêt. L’analyse détaillée bouscule les idées reçues : les villes recèlent souvent un meilleur réservoir pour la biodiversité que les campagnes. Et la forêt ne peut échapper à des études de l’impact du raccourcissement de son cycle naturel sur la survie du grand tétras.
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