La révolution numérique des espaces de travail, quels impacts sur la performance ?

Ingrid Nappi-Choulet professeur à l'ESSEC titulaire de la Chaire Immobilier et développement durable titulaire de la Chaire Workplace Management | le 29/10/2018 | Opérations immobilières

La révolution numérique de ces vingt dernières années a incontestablement modifié notre façon de travailler. Désormais, munis d'une tablette numérique ou d'un ordinateur portable et à l'aide d'internet, nous pouvons travailler où et quand nous le souhaitons, notamment hors du bureau physique traditionnel, de plus en plus souvent dans des espaces non conventionnels, tels que les cafés, les gares ou les transports en commun. Au point que le développement du numérique dans les espaces de travail est aujourd'hui présenté comme la solution permettant de concilier l'impératif de réduction des coûts immobiliers des entreprises et la demande de plus en plus forte des jeunes pour plus de liberté dans l'organisation de leur travail et de la recherche du bien-être au travail.

Face à la hausse considérable du coût de l'immobilier d'exploitation, notamment liée à l'accroissement des valeurs locatives dans les grandes métropoles, les entreprises développent différentes stratégies permettant de réduire ce coût, tant au niveau des charges d'exploitation de l'immeuble que de l'utilisation des surfaces et des espaces de travail. Il faut rappeler que l'immobilier représente en effet le second poste de dépenses pour les entreprises, après les salaires. L'utilisation des objets connectés n'est pourtant pas nouvelle. Depuis plusieurs années, dans les bâtiments dits « intelligents », ces objets aident à la gestion de l'environnement physique en permettant le réglage de la température, la gestion de la ventilation ou de la luminosité et à la sécurité des bâtiments. Les performances énergétiques et environnementales en sont optimisées. Ce qui est plus nouveau est que, désormais, leur développement permet aux entreprises d'optimiser les espaces de travail et de privilégier les modes de travail collaboratifs, en encourageant de plus en plus souvent ces espaces de travail « non conventionnels » au sein même de leurs établissements, par exemple avec la mise en place du flex office. Ces espaces de bureaux non affectés aux salariés reposent sur les informations collectées par l'internet des objets (IoT) : afin d'optimiser la surface allouée à chaque employé. Ainsi, des capteurs de présence peuvent mesurer l'efficacité de l'usage des mètres carrés. Grâce à ces données collectées, il devient possible de proposer des espaces de travail répondant au maximum aux attentes des utilisateurs, et sensés accroître leur qualité de vie et leur bien-être au travail. La question semble aujourd'hui unanime - on a même inventé le terme de « directeur du bien-être au travail ». Au-delà du bien-être, il s'agit surtout de productivité directe. Un [...]

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