La Réunion : le chantier de la nouvelle route du littoral à l'arrêt
Débuté en 2014, le chantier devait se terminer en 2022. Mais la livraison de la nouvelle route, longue de 12,5 km, est désormais projetée vers 2025, dans le meilleur des cas.
AFP
La Nouvelle route du Littoral (NRL), chantier titanesque d'une voie en mer reliant le nord à l'ouest de La Réunion, est à l'arrêt. Si la partie viaduc, longue de 5,4 km entre Saint-Denis et la Grande Chaloupe, est terminée depuis mars 2019, l'autre partie, sur digue entre la Grande Chaloupe et la Possession (ouest) connaît de grosses difficultés. Attributaire du marché, le groupement Vinci Construction Terrassement - SBTPC (filiale locale de Vinci Construction Dom-Tom) - Grands Travaux de l’Océan Indien (GTOI, filiale de Bouygues) a en effet indiqué il y a une dizaine de jours que faute de roches massives pour poursuivre la construction, le chantier serait arrêté en mars prochain.
En cause, une série de revers juridiques concernant des carrières locales, dont celle de Bois Blanc (sud ouest de l'île), devant approvisionner le chantier.
Le projet de digue a en effet provoqué une levée de boucliers des mouvements écologistes défendant la préservation de l'environnement, et de riverains, inquiets des conséquences qu'aurait sur leur santé l'ouverture d'une carrière.
Une cascade de recours a été déposée devant toutes les juridictions compétentes contre la quasi totalité des arrêtés préfectoraux autorisant l'exploitation des carrières. A chaque fois, les requérants ont obtenu gain de cause. En juillet, le Conseil d'Etat a définitivement annulé le schéma départemental des carrières.
Le président de la région Didier Robert (ex-LR) et certains élus ont par ailleurs fait l'objet, en octobre 2015, de perquisitions dans une enquête préliminaire pour corruption lors de l'attribution des marchés de cette nouvelle route.
Un nouveau viaduc ?
Lundi 14 octobre, M. Robert, maître d'ouvrage de la NRL, a assuré qu'il entendait "veiller à ce que (ce chantier) soit mené dans le cadre strict de la réglementation (….) et à un juste prix pour la collectivité au regard des contrats avec le groupement et certainement pas au détriment de l'économie locale". Une annonce faite à l'issue d'une rencontre avec les transporteurs routiers, qui menaçaient de bloquer l'île, inquiets pour leurs activités et "la survie de (leurs) entreprises".
La région n'a pas donné d'indications sur une possible rallonge financière pour ce marché d'abord estimé à 1,6 milliard d'euros et qui frôle désormais les deux milliards d'euros (financés par la région, l'Etat et l'Europe). Didier Robert a toutefois annoncé que "la collectivité prendra, avant la fin du mois d’octobre, une décision", après avoir rencontré les représentants du groupement.
La rallonge financière, si elle est attribuée, pourrait permettre au groupement de faire l'acquisition des "andains", des roches massives situées dans les champs des agriculteurs.
Une étude de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) évalue ce gisement à 2,6 millions de tonnes. Il en faut 3,5 millions pour terminer la digue. "Mais c'est déjà pas mal, on pourra continuer à travailler en attendant que la situation se débloque pour les carrières", estime un transporteur.
"Le mieux serait d'arrêter de s'obstiner et de se décider à construire une route en tout viaduc", notent des membres du collectif Touch Pa Nout Roche (ne touchez pas à nos roches), qui a appelé vendredi 11 octobre dans une lettre ouverte l’ensemble des parlementaires "à diligenter dans les plus brefs délais une commission d'enquête parlementaire" sur cette digue.
À LIRE AUSSI
Nouvelle route du littoral: «Nous sommes dans l’attente, mais les travaux se poursuivent»
La Réunion : le chantier de la nouvelle route du littoral à l'arrêt
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir