La restructuration de l’ancien musée des Arts et Traditions populaires confiée à Frank Gehry
Bernard Arnault, P-DG du groupe LVMH, va créer un lieu culturel dédié aux métiers d’art dans l’ancien musée des Arts et Traditions populaires situé dans le bois de Boulogne. Pour mener à bien ce projet, il a de nouveau fait appel à l’architecte américain Frank Gehry, concepteur de la Fondation Louis-Vuitton.
M-D.A
Le groupe LVMH renforce sa présence dans le bois de Boulogne. Après la Fondation Louis-Vuitton, ouverte à la fin 2014, et le jardin d’acclimatation dont il vient de renouveler la concession pour 25 ans, le numéro un mondial du luxe va créer un lieu culturel dédié à la création artistique, aux métiers d’art et aux savoir-faire artisanaux dans l’ancien musée des Arts et Traditions populaires (ATP), fermé depuis 2005. Bernard Arnault, P-DG du groupe, a confié la restructuration du bâtiment, inauguré en 1975, à l’architecte américain Frank Gehry, concepteur de la Fondation Louis-Vuitton, située à 300 mètres de là.
Ce projet, baptisé «La Maison LVMH Arts-Talents-Patrimoine» (comme ATP), a été présenté le 8 mars en présence de François Hollande, président de la République, et d’Anne Hidalgo, maire de Paris. «La Maison LVMH s’articule autour de deux grands axes de développement. D’une part des ateliers d’artistes, d’artisanat avec lesquels seront mis en relation les apprentis de l’Institut des métiers d’excellence; d’autre part, une grande salle de 3 000 m2 qui pourra accueillir des expositions sur le patrimoine et l’artisanat mais aussi des concerts pour 2 000 personnes complétée par des salles d’exposition plus petites», a détaillé l’homme d’affaires.
Une convention d’occupation du domaine public de 50 ans
Œuvre de l’architecte Jean Dubuisson, Prix de Rome et élève de Le Corbusier, le bâtiment de huit étages (15 100 m2), aux façades sombres et aux lignes épurées, appartient à la Ville de Paris. Elle le mettra à la disposition du groupe LVMH dans le cadre d’une convention d’occupation du domaine public qui sera soumise au Conseil de Paris, le 27 mars. D’une durée de 50 ans à compter de l’ouverture au public, elle prévoit une redevance fixe de 150 000 euros par an ainsi qu’une redevance variable sur le chiffre d’affaires de 2 à 10% selon la nature et leur volume. Au préalable, le projet sera présenté à la commission des sites, le 23 mars.
Remise en état préalable du bâtiment
Avant de parvenir à un accord avec LVMH, la Ville a engagé des négociations avec l’Etat, qui occupait le site depuis son inauguration en 1975 et l’a laissé se dégrader depuis sa fermeture et surtout depuis le transfert des œuvres vers le Mucem en 2013. A l’issue d’un bras de fer de plusieurs mois, le ministère de la Culture a accepté de contribuer à la remise en état du bâtiment à hauteur de 10 millions d’euros avant sa mise à disposition puis sa réhabilitation.
Frank Gehry a réfléchi à la manière de réinterpréter l’édifice sans toutefois en altérer la physionomie. «Nous allons redonner vie à ce bâtiment en respectant les grands principes voulus par Jean Dubuisson. Appliquer les idées mises en œuvre pour la conception de la Fondation à l’ancien musée conduirait à dénigrer les deux projets. Ce bâtiment est minimaliste, c'est une architecture qui ne pratique plus depuis longtemps. Mais il faut respecter ce qui existe», a déclaré l’architecte. Il est accompagné sur cette opération par le petit-fils de Jean Dubuisson, Thomas, qui, il y a 20 ans, tout jeune diplômé, est parti à Los Angeles travailler dans l’agence de Frank Gehry.
L’enveloppe du bâtiment entièrement repensée
La restructuration de l’ancien musée repose sur trois lignes-force: la création de deux failles de part et d’autre de la tour, qui repose sur un socle, pour créer une transparence entre l’avenue du Mahatma-Gandhi et le Jardin d’acclimatation; la reprise de tous les volumes intérieurs très contraints avec des hauteurs sous plafond des galeries ne dépassant pas 4 m; et, enfin, la mise aux normes environnementales du bâtiment. «Les façades est/ouest sont très largement exposées, ce qui est très inconfortable. Nous allons entièrement reprendre l’enveloppe en conservant très précisément ses proportions. Elle sera entièrement repensée pour garantir aux usagers des conditions de confort plus satisfaisantes» a indiqué Thomas Dubuisson.
Travaux de désamiantage
L’investissement avoisinerait les 160 millions d’euros. Interrogé sur le coût du désamiantage du bâtiment, l’homme d’affaires a botté en touche. «Je crois que ce sera assez coûteux, c’est toujours de toute façon trop coûteux et on dépasse toujours les prévisions», a-t-il répondu.
Bernard Arnault espère un lancement du chantier à la fin 2017 pour une durée de deux à trois ans. «Je forme le vœu que ce projet aboutisse plus vite que celui de la Fondation qui nous a pris une bonne dizaine d’années malgré le soutien total de l’Etat, du président de la République et de la Ville de Paris. Le projet de la Samaritaine est lui aussi resté bloqué pendant dix ans», a rappelé le patron de LVMH. Des propos sur lesquels n’a pas manqué de rebondir, non sans humour, le président de la République. «Il faut toujours faire les choses en moins de cinq ans si l’on veut bien les faire. Si l’on attend dix ans, le pari est perdu».
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