Ces peintres sont passés à la machine à nettoyer les pinceaux
À l’image de Damien Troupel, 200 peintres en bâtiment du bassin Adour-Garonne ont bénéficié d’une aide pour l’achat d’une machine à nettoyer les pinceaux et les rouleaux. Un bon plan. Reste à prendre l’habitude de l’utiliser…
Frédéric Pigot
« Même sans être écolo dans l’âme, je pense que c’est bien de faire attention », remarque Damien Troupel, à la tête de la Sarl Déco Peinture à Mauriac (Cantal). Depuis 2017, faute de pouvoir déposer ses pots et résidus de peinture à la déchetterie intercommunale, il les confie à l’agence Chimirec pour leur traitement. En attendant leur retrait, qui s’effectue à la tonne, pour un coût avoisinant les 600 €, ils sont stockés dans des caisses mises à disposition par l’Agence de l’eau Adour-Garonne*.
Ce traitement était la condition pour passer à une autre étape : l’aide à l’acquisition d’une machine à nettoyer les rouleaux et les pinceaux souillés. « Cette aide nous a incité à y passer », avoue l'entrepreneur, qui a été subventionné par l’Agence de l’eau à hauteur de 60 % pour l’achat de ce matériel dont le coût dépasse les 6 000 €. Sans son engagement dans une filière de traitement de ses déchets, il n’aurait pas été aidé.
Économie de rouleaux et pinceaux
Auparavant, avec toutes les conséquences que cela induit, les pinceaux et rouleaux étaient nettoyés dans l’évier, avec un simple jet d’eau pour la peinture acrylique. Pour la glycéro, un solvant s’imposait. Damien Troupel l’avoue, ils étaient rarement nettoyés. Comme beaucoup de ses confrères, il les jetait à l’issue du chantier. « Je n’étais pas fan de nettoyer dans l’évier », explique-t-il.
Il est loin le temps de son apprentissage, en 1996, lorsqu’un pinceau se conservait deux ans. Les anciens reficelaient la virole en expliquant qu’un pinceau devait se faire… L'artisan constate qu’aujourd’hui les pinceaux sont devenus des consommables. Il a fait le compte : « 20 ou 30 pinceaux par employé et par mois, à 5 ou 6 euros le pinceau, on peut gagner beaucoup ».
L’utilisation de la machine n’est pas encore devenue un réflexe. « Il faudrait l’utiliser au moins deux fois par semaine. Il va falloir un peu de temps pour que ça se fasse naturellement », avoue-t-il. Toutefois, il en constate déjà le résultat. « Depuis septembre, je jette beaucoup moins de pinceaux et de rouleaux. Ils me font deux à trois chantiers ». Par précaution, il préfère qu’un outil reste attribué à la même couleur.
L’ensemble du personnel de Déco Peinture a bénéficié d’une demi-journée de formation dispensée par le commercial qui a vendu la machine. Dans la pratique, c’est simple, il suffit de laisser tremper les outils une nuit dans une écosolution. Le lendemain, le matériel est prêt à être nettoyé en quelques secondes et sans rejet liquide. 45 secondes suffisent pour trois rouleaux. Selon le type de peinture - acrylique ou glycéro - l’écosolution diffère, mais le principe reste le même. Le coût annuel de fonctionnement de la machine est estimé à 200 €. Une fois par an, il convient de récupérer les déchets déposés au fond de la cuve et d’en confier le traitement à l’éco-organisme.
Capeb et FFB pour accompagner
Pour l’heure, Damien Troupel ne communique pas sur cet effort qu’il concède pour l’environnement, ni sur ses devis, ni sur ses factures. « Il faudrait qu’on nous l’oblige, comme pour l’écotaxe. Indirectement, quelqu’un nous le paye, mais ce n’est pas noté. » Mis à part les architectes, ses clients manifestent rarement des exigences environnementales pour les peintures, contrairement à ce qu'il a pu constater pour les produits d’isolation bio et écologique. De son côté, la qualité des peintures reste la priorité. La garantie zéro COV constitue la cerise sur le gâteau, mais il se dit plus sceptique vis-à-vis des peintures dites dépolluantes.
Installé depuis juillet 2010, il compte aujourd’hui cinq salariés et un apprenti. Seul ce dernier connaissait la machine à nettoyer, car son lycée en était équipé. Damien Troupel a été informé de l’existence de ce matériel et de l’aide à l'achat par un de ses fournisseurs. Il s’est alors tourné vers la Capeb du Cantal qui a monté son dossier, bien qu’il n’en soit pas adhérent. Comme prévu dans le contrat cadre signé en mai 2016 avec l’Agence de l’eau, l’entrepreneur aurait aussi pu s’adresser à la Fédération française du bâtiment, également en charge de l’animation du dispositif.
Le partenariat précise que l’aide consentie par l’Agence de l’eau s’élève à 40 ou 60 % selon le statut de l’entreprise. Pour la période 2016-2021, une enveloppe de 1,5 million d’euros a été votée pour financer 700 stations de nettoyage en sachant qu’il existe un potentiel de 7 000 entreprises susceptibles d’y prétendre. En un an et demi, 200 en ont bénéficié.
* Jusqu’en 2019, l’Agence de l’eau du bassin Adour-Garonne finançait cette élimination des déchets à hauteur de 50 %. Déco Peinture en a fait traiter entre 2,5 et 3,5 tonnes par an.
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