La lasergrammétrie au service du bâti ancien
Les relevés laser et numériques sont entrés dans le domaine du patrimoine ancien : ils permettent une précision et des relevés inégalés par les procédés classiques, pour une meilleure appréhension et compréhension des bâtiments et des œuvres d’art.
Sylvie Bessi
Tailleur de pierre de formation et par vocation, reprenant en cela l'histoire familiale, Gaël Hamon est plutôt perfectionniste puisqu’en 1991 il gagne la médaille d’Or des Olympiades Internationales des Métiers, section tailleur de pierre.
Pourtant en 1994, à seulement 24 ans, Gaël Hamon met un terme à ce métier qui l’a conduit sur les chantiers les plus prestigieux, et prend une nouvelle direction en apparence éloignée de la pierre : il crée Art graphique & Patrimoine. Une société à la pointe des nouvelles techniques, spécialisée dans le relevé numérique d'architecture et d’œuvres d'art, et même, dans la topographie « au centimètre ». « Lorsque vous êtes tailleur de pierre, vous avez un œil 3 D ! remarque Gaël Hamon, et ça change tout dans l'approche et l'appréhension des bâtiments. Mais la seule lecture 3D que permet la lasergrammétrie ne m'intéresse pas, c'est le résultat qui importe ».
Aller au fin fond du bâtiment, voir ses particularités, le fruit d'un mur, « l'imperfection » d'une voûte et comment elle est constituée, c’est ce que permettent ces nouveaux outils que sont la numérisation et la lasergrammétrie.
La lasergrammétrie d’un bâtiment comme la Sainte Chapelle de Paris, n’a demandé que quelques jours de travail aux équipes d’Art graphique & Patrimoine, mais a nécessité « une mise en œuvre des différents lasers, très minutieuse, pointue et qui finalement, comme le souligne Gaël Hamon, constitue peut-être la phase la plus délicate ». Un mauvais positionnement des lasers de quelques centimètres au sein de l’édifice peut conduire au final à des erreurs avoisinant les 5 % ! Alors que la précision est de l’ordre du millimètre avec une triangulation de lasers.
La lasergrammétrie est un outil particulièrement utile en phase diagnostic, et « pourrait servir de base à tous les corps de métiers intervenant tout au long du chantier de restauration. Ce qui permettrait aussi, comme le souligne l’ancien tailleur de pierre, d’avoir les mêmes relevés, les mêmes métrés et cotes, et les mêmes volumes à traiter, une fois pour toutes ! ».
Sa société, leader français dans ce domaine, compte plus de 1000 références à son actif, du Mont Saint-Michel au Grand Palais et à certains bâtiments du château de Versailles.
Cette technique s’applique aussi à la topographie de parcs, via des relevés aériens, avec une précision de quelques centimètres : le relevé du Parc de Marly (Yvelines), d’une précision décicentimétrique et centimétrique, jusqu’à 225 points par m², a permis l’extraction de coupes-profils et de courbes de niveaux tous les 20 cm. Un relevé héliporté par laser pulsé couplé à une centrale inertielle embarquée, avec une triangulation spatiale et un géo référencement ont été mis en œuvre pour cette opération hors normes. Le traitement post relevé a mis en évidence des allées enfouies sous la végétation, ou des ruptures de niveaux quasi indécelables autrement.
Autre application du laser, le relevé du patrimoine non monumental, comme des statues, des fontaines ou des autels d’églises : la précision atteinte est alors de l’ordre du millimètre ou moins, et s’apparente à un double en 3D dans lequel on peut alors « naviguer » via son ordinateur.
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