La Grande-Motte, l’invention d’une cité balnéaire pour tous
Imaginée en 1963 près de Montpellier par l'architecte et urbaniste Jean Balladur, la station balnéaire de La Grande-Motte célèbre son cinquantième anniversaire.
Gilles Ragot
Surgie dans un site improbable de sables et de marais de la côte languedocienne, la station balnéaire de La Grande-Motte connaît un succès jamais démenti. Pourtant, à sa création dans les années 1960, elle est décriée pour sa « mauvaise architecture », qualifiée de « Sarcelles-sur-Mer » par les uns ou de « station futuriste » par les autres.
Un demi-siècle après les premiers coups de crayon de l'architecte et urbaniste Jean Balladur qui en est le principal artisan, La Grande-Motte a atteint sa maturité végétale et paysagère et reçu en 2010 le label patrimoine XXe siècle. L'histoire permet aujourd'hui de reconsidérer la nature de cette vaste opération conçue comme une œuvre d'art totale, de la resituer dans le contexte complexe de la contestation post-moderne et de réinterroger les écrits de son concepteur.
Interview de l’architecte Jean Balladur dans l’émission « Forum des arts » diffusée le 22 juillet 1973:
Retrouvez l’intégralité de l'article "Référence" sur La Grande-Motte dans la revue AMC Le Moniteur Architecture n°232, datée d’avril 2014, pages 75 à 84, en cliquant ici.
A lire également l’article « La Grande-Motte se reconstruit sur elle-même » publié dans AMC n°210 (novembre 2011, pp. 10-12), en cliquant ici.
La modénature balladurienneL’architecte Jean Balladur (1924-2002) évoque son amour de la modénature, dont il découvre les effets sur la place du Capitole de Michel-Ange à Rome. « Dans les architectures de pierre, la modénature n'avait pour objet que de dessiner, par des contrastes d'ombres et de lumières, une forme sur le fond », mais à La Grande-Motte, ville de béton, composée de panneaux préfabriqués dans un souci d'économie indispensable à la démocratisation de la villégiature, « ces matières nouvelles ne pouvaient pas être prises dans les pièges d'une modénature imaginée pour la pierre ou la brique ».
La modénature balladurienne n'est plus celle de la mouluration classique, mais provient de la résille de voiles préfabriqués de béton qu'il place en façade. De l'aube au crépuscule, la lumière et l'ombre jouent une partition rythmée et sans cesse renouvelée dans la profondeur de ces façades en nid d'abeille aux formes variées : losanges, cercles tronqués, profils sculpturaux, ondulations de vagues, effets de virgules, collerettes, rectangles arrondis. La gamme est riche, mais la logique de l'économie de la préfabrication limite le nombre de motifs à deux par immeuble. De la juxtaposition de cette modénature aux formes variées, il obtient des effets optiques vibratoires analogues à ceux des tableaux de Vasarely. La Grande -Motte offre ainsi un exemple rare d'architecture cinétique.
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