"La fabrique d'architectes", par Jean Dambrine
Jean Dambrine est étudiant à l’école d’architecture de Paris-La Villette. Dans une tribune adressée au Moniteur, il critique l’enseignement de la discipline et célèbre son amour pour le patrimoine. Ce manifeste a été écrit - et adapté par nos soins - à l'occasion de son récent rapport de licence.
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Depuis plus de deux ans, j’interroge l'enseignement dispensé à l'école. Je me demande comment l'école nous forme et cherche à savoir comment l'école « fabrique » les architectes de demain. Ce « processus de fabrication » mérite d’être interrogé…
L'architecture au cœur du débat écologique
L’école nous apprend de belles choses, oui. Mais des choses qui ne sont plus d'actualité. De belles choses qui ont fait l'architecture d'aujourd'hui, mais qui doivent à présent évoluer. Il n'est que de regarder les programmes pour s’en rendre compte : depuis l'an 2000, ils n’ont que très peu changé. Le monde a changé, mais pas l’école… Elle résiste au passage du temps, pour le meilleur et pour le pire, et de ce fait n'évolue pas. L'écologie, qui est dans toutes les bouches, n'y est pas enseignée. Quelques rares cours sont donnés. On apprend deux ou trois subterfuges qui nous feront gagner quelques années contre le climat. Si peu...
L'architecture devrait pourtant être au cœur du débat écologique et l'écologie au cœur de l'architecture. Mais comment débattre sans connaissance ? Cette écologie est trop souvent perçue comme une contrainte, alors qu'elle pourrait être la solution à bien des problèmes.
Transformer les erreurs du passé
Pendant ces années, j'ai essayé de tracer mon chemin en prenant en compte cette question. En cherchant comment faire de l'architecture de demain une architecture meilleure. Les enseignants qui prenaient à cœur cette idée se comptaient sur les doigts d'une main. Mais j'ai eu cette chance de les rencontrer eux qui, comme moi, remettaient en cause l'enseignement de l'école.
Malheureusement cette minorité est écrasée par les mastodontes pour qui doctrines et théories architecturales font la loi. Ces amoureux de l'automobile doivent à présent laisser place aux idées nouvelles, à une architecture, plus réfléchie, qui transforme les erreurs du passé en solutions d’avenir.
Donnez-moi du patrimoine !
On nous apprend de vieilles choses. La modernité est glorifiée aux dépens d'une histoire et d’un patrimoine sans qui elle n'aurait jamais vu le jour. Les cours d’histoire de l'architecture traitent de l'Antiquité et de l'invention des ordres et, sitôt après, vient l’éloge du Corbusier, héros du XXe siècle et de la modernité. Plus de 2000 ans d'histoire de l'architecture se résument à une heure et demie de cours en amphi. Voilà un manque qui me choque, m'attriste et que je déplore. Qu'en est-il des cathédrales gothiques, sources d'inspiration pour tant d’architectes ? Qu'en est-il du Château, de l'Hôtel particulier, du Palais ? Qu'en est-il de ces bâtiments qui ont fait l'architecture. Ce sont eux qui m'ont conduit là où je suis.
Qu’ai-je à faire de la Villa Savoye ou de la Cité radieuse ? Donnez moi de belles pierres, donnez-moi du patrimoine ! Ancrée dans un certain passé, l'école semble oublier un passé plus ancien que mai 1968. Il serait magnifique qu'en soufflant sa cinquantième bougie, les choses changent enfin. Et que ce cinquantenaire renoue avec l'histoire. Ecologie et patrimoine sont les deux piliers de l'architecture passée et future.
Ne pas construire, mais réparer
Je dois présenter mes excuses à la planète et laisser ses problèmes aux autres. L'amour du patrimoine et de l'histoire l'emporte. La planète se passera de moi, mais moi, je ne peux me passer des églises, des châteaux, des palais. Mes pas me mènent logiquement désormais vers le séminaire «Héritage et Mutations». Ce qui m’importe c'est d’apprendre, et apprendre comment et pourquoi sauvegarder cet héritage. Le patrimoine (nous) pose une infinité de questions auxquelles j'espère pouvoir répondre.
Une chose est certaine : je ne veux pas construire, je veux préserver. Je ne veux pas consommer de l'habitat, je veux réparer d'anciennes demeures.
Je ne serai pas un de ces architectes qui révolutionnent le monde : c’est grâce à l'histoire que j'apporterai ma pierre à l'édifice.
"La fabrique d'architectes", par Jean Dambrine
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Je comprends parfaitement le désarroi de ce jeune homme. Pourtant il y a tant d'exemples d'architectures à étudier car les moyens de leur pertinence à leur époque sont transposables pour la nôtre. Et par exemple un des architectes qui a remarquablement réussi ces transpositions du passé pour notre temps (y compris sur le plan écologique) est Fernand Pouillon. Son œuvre contient une multitude d'enseignements pour l'avenir de l'architecture. Il suffit de se pencher attentivement sur elle.
Réagir à ce commentaireEh bien quel orgueil, encore un qui se trouvera à l'aise à chaillot, il y a des écoles qui traitent l'écologie, il fallait juste pas choisir une de celles parisiennes qui se font les chantres d'une architecture moderne dépassées. Je viens de finir ma licence à Versailles ou il est déjà question d'écologie et de réhab et leurs ambitions en la matière sont croissantes ( pour avoir été représentant étudiant ). Clermont ferrand un autre exemple ou leur masters sont spécialisés en eco conception est un autre exemple.On dirait plus un CV mêlé à une complainte qu'un article ...
Réagir à ce commentaireCher Jean,Je crois comprendre que vous êtes en dernière année du cycle licence. Dans la "fabrique d'architectes", vocable très contestable en passant, ce premier cycle est de se donner, entre autres, une certaine aisance dans l'élaboration du projet, travailler sur et uniquement sur les thèmes de la réhabilitation et du patrimoine serait très réducteur ; en cycle Master, libre à vous d'approfondir la part patrimoniale de l'architecture. Enfin il est injuste d'écrire que l'écologie est mal traitée à la Villette, école pionnière dans la prise en compte de l'environnement, ceci dès le début des années 1980. Je me souviens que c'est une approche récurrente dans bien des groupes de projet. Je vous souhaite de travailler au bien de tous et peut-être apporterez vous "une pierre à l'édifice, mais ce dernier aspect reste très secondaire. Robert Héritier
Réagir à ce commentaireJe reste fort étonné de la démarche de cette personne ... Ou alors a-t-il dû oublier de suivre les différents cours qui sont proposés au sein de l'école d'Architecture ... Il faut, à mon avis qu'il "fouine" quelque peu les cours proposés par l'établissement !!! Moi même Architecte depuis 1993, fils et petit fils, et arrière petit fils d'architecte, (3 générations coté paternel et 5 coté maternel, ...), ma nièce en cours de finalisation de formation, plus que 6 mois avant la validation de son diplôme, ... L'Architecture est un exemple, une explication, une compréhension, une volonté de comprendre ce qu'est la valeur de l'ARCHITECTURE ! Si pour cette personne, ce n'est que se limiter à apprendre par coeur des proportions, des modénatures, , des "images" de l'Architecture classique, je crois qu'il n'a rien compris de ce qu'est l'Architecture d'aujourd'hui ... Il vaut mieux alors qu'ils choisisse une autre profession ! Les réalisations d'aujourd'hui font forcément référence à ce qu'il y a eu "avant", et préparent ce qu'il y aura "après" ... Qu'il retourne donc à ses chères études, et comprenne que l'Architecture n'est pas concevable sans passé, et encore moins sans avenir ... Quel est donc son avis concernant la reconstruction de Notre Dame à PARIS: A l'identique, moderne ou encore "pastiche" du temps passé ??? Dans l'attente impatience de sa réponse, Bien à vous FMA
Réagir à ce commentaireet la création dans tout ça? La conception d’espace, on n’en parle pas dans l’article et c’est bien l’essentiel du projet d’un architecte. Après rien ne lui empêche de prendre de l’autonomie Et d’apprendre par lui-même! On dit bien dans la profession « qu’on est jeune architecte jusqu’à 40 ans!!!! » Il est aussi à noter que chacun peut choisir son école par rapport à ses programmes! Dommage pour ce jeune, c’est raté !à lui d’agir, par lui-même maintenant !
Réagir à ce commentaireje partage une partie des réflexions de Jean Dambrine car pour rencontrer de nombreux architectes (et de"grands ")je constate que peu d'entre eux ont de notion d'écologie qui dépasse les simples normes, sont plus épris de leurs objets , de leurs façades qui représentent la modernité pour paraître dans les revues . Celles-ci font aussi souvent le jeu de l'image plus que le contenu, la froideur plus que la convivialité .
Réagir à ce commentairearchitecte ou mécano ?L'auteur de cette tribune ne pense qu'à réparer mais, affichant une claire volonté de conservatisme davantage que de conservation, se tient aussi éloigné de l'innovation technique comme remède aux maux du mal-habiter, que de l'écologie, qu'il flatte, comme solution de créer pour un meilleur usage, grâce d'ailleurs à l'usage technique que notre bonhomme ignore.C'est d'un classicisme d'enseignement architectural 'à la française' à pleurer : les meilleures demeures seraient les bâtiments étriqués du temps passé où, bien entendu, l'évolution technique n'a pas sa place.Dans ce cas, il est sans doute trop tard pour aller voir ce qui se fait de bien ailleurs. Quel dommage pour nous, usagers !
Réagir à ce commentaireBonjour, Jean Dambrine trace le programme mis en action à l'école de Chaillot, où les jeunes architectes apprennent depuis 150 ans, non seulement à soigner le patrimoine, mais aussi à respecter notre environnement, nos villes et notre cadre bâti !Bravo pour votre beau programme...mais il existe déjà .. et de nombreux architectes le mettent à exécution !Et je témoigne que votre programme ouvre une carrière heureuse où un architecte digne de ce nom a le sentiment d'être utile à ses semblables et à la planète. Jean Louis Hannebert Architecte
Réagir à ce commentaireNous n'avons apparemment pas fait les mêmes études, bien qu'au même endroit, mais, il n'y a pas que les amphi, le but de l'école n'est pas de "former" des architectes, ce qui se révèlerait d'ailleurs vite sans grande signification. Il s'agit plutôt d'ouvrir l'esprit de ceux que cela motive, à devenir architecte, c'est à dire à répondre à des questions que l'on ne leur a pas forcément posées (cf Renaud Pleitinx "pourquoi est-il si difficile de parler d'architecture") : tous les diplômés n'en seront pas forcément (Tous ceux qui ont le permis ne conduisent pas .. et cela vaut mieux que d'être dangereux pour les autres !) Réparer (pour réduire le bilan carbone !?), ce n'est pas spécifiquement de l'architecture. Depuis toujours la ville s'est construite de et sur ses ruines. Depuis toujours les générations d'architecture ont cohabité plutôt merveilleusement quand elles étaient de qualité (c'est à dire honnêtes). C'est bien là la question : les églises et les palais, soit , mais cela ne loge pas grand monde. les anciennes demeures non plus d'ailleurs ! Ne pas consommer du logement comme un simple produit de consommation, soit. Alors, défendons la qualité architecturale pour tous les bâtiments. Corbu alternativement conchié ou idolâtré, outre être un artiste novateur, avait compris qu'étanchéifier les sols et répandre de l'habitat individuel ou semi collectif sur le territoire (accompagnés des réseaux qui mitent et polluent les sols confinés), n'était pas l'avenir. C'est probablement une leçon à retenir,.Il semble que l'architecture de l'avenir, et même de tout de suite, doit répondre en premier lieu à la demande la plus prosaïque, loger tout le monde dans les conditions (sociales et d'environnement, en premier lieu, et avant le confort dans ses hallucinants critères actuels) les meilleures possibles. avant de consommer de la voiture, de l'électricité nucléaire ou non, des déplacements à outrance, de l'électronique, de l'inutile ! ... oui consommons de la Ville (pérenne et raisonnée "Cradle to cradle", pourquoi pas ! ) et laissons reposer en paix les vides, les mers, la campagne, ses églises et ses palais. Ce n'est pas l'histoire du patrimoine architectural qui doit conduire les étudiants à l'école d'archi, c'est la volonté d'apporter sa pierre à l'édifice de la culture, de la tolérance, et de l'harmonie des sociétés . Thierry
Réagir à ce commentaireLe patrimoine ne doit pas être un objectif, c'est un moyen d’appréhender l'architecture et il ne faut surtout pas oublier de le larguer dès qu'il nous entrave. Le patrimoine à outrance devient un fardeau et ça empire. Il faut s'alléger et vivre au présent.
Réagir à ce commentaireBonjour Merci de votre manifeste. Je suis d'accord avec vous. Ce que vous dites est juste, étudiante dans les années 80,nos profs nous lançaient du Corbusier à toutes les sauces sans que nous puissions comprendre ce que les notions de fonctionnalité, rationalisme pouvaient apporter concrètement à monsieur et madame tout le monde.... Ils ont survolé B. Taut, M,. Wagner, H.Sharoun qui avec le développement des cités jardins après la 1ère guerre, ont mis en place les prémices d'une urbanité participative et écologique... Ils ont fait abstraction des opérations architecturales totalement écologiques (0 ou presque déchets, tout est recyclé sur place) qui ont eu lieu dans les années 70-80 en Allemagne, Hollande et même en France. Tant qu'à ce que l'on pouvait apprendre et utiliser du travail des maîtres d'œuvre et constructeurs d'avant le Corbusier...RIEN ou presque... À l'époque nous avions encore la chance d'avoir des praticiens comme enseignants !!! Bon courage
Réagir à ce commentaireBonne démarche, que j'ai suivi également par le biais du choix d'une option architecture écologique et tropicale en 1984 à UP2, un exercice professionnelle entre concours (logements neufs et bâtiments d'enseignement), la sensation de mal construire, et une phase expérimentale pour agir en urbanisme et en maison passive . Parcours qui s'est terminé avec un diplôme à Chaillot en 2014 pour revenir à la passion du patrimoine qui avait motivé mon métier. J'ai alors découvert la richesse conceptuelle , symbolique, de l'architecture historique que l'aseptie "tabula raseuse" moderniste occultait.
Réagir à ce commentaireC'est très juste ! Je partage cette pensée. Merci pour cet article. En le lisant, c'est comme un écho à mon parcours d'étudiante. Aujourd'hui, je suis architecte et la plupart des agences dans lesquels j'ai travaillé ne se soucie guère de l'écologie ou bien du patrimoine, du moins c'est superficiel. Pour moi, l'écologie c'est juste une étiquette. Nos ancêtres construisait de manière raisonné et réfléchi sans qu'il y est ce rapport à l'écologie. par exemple, un bâtiment comme la vieille charité à Marseille à accueilli au cours des années différentes fonctions, il fut hospice, prison, logement, aujourd'hui musée et école ! D'ailleurs lors de mon habilitation, j'ai choisi de traiter d'un sujet qui me tenait à cœur: la place de l'artisanat dans le monde de l'architecture contemporaine. L'architecte et le savoir faire artisanal. L'écologie n'est qu'une partie de l'iceberg. Car l'architecte est intimement liée aux savoirs faire des artisans. Sans ça comme le disait Giorgio Grassi l'architecture est un language mort ! A. Bingler
Réagir à ce commentaireOn ne peut que se réjouir de la prise de parole de ce futur architecte Le monde de l'enseignement est évidemment sclérosé depuis tant d'année... (le refus de l'héritage est bien une suite de Mai 68 - à tel point que l'on en est même à contester q'un enfant doit être fondamentalement le fruit de la Rencontre d'un homme et d'une femme....- et ceci a aussi à voir avec l'écologie) Cependant le monde professionnel est bien différent et beaucoup d'architectes développent des démarches intelligentes et respectueuses des constructions anciennes.
Réagir à ce commentaireL’héritage du passé doit être transmis aux nouvelles générations comme une étape de l’évolution de l’architecture et du vivre ensemble. C’est l’architecte qui doit survivre et pas l’architecture.
Réagir à ce commentaireBravo confrère ou presque, quelle joie d’entendre de temps a autre des crie de ce genre. cependant n'oublie pas que l'on te donne des bases et a toi de les mettre en forme comme tu le démontre si bien. si tout le monde étaient forge a la même enseigne cela donnera encore moins d’entité a l'architecte que nous sommes. Donc continue ta voie elle est bonne, elle est vivace et elle ira loin. et n'oublie pas c'est pas l’école d'archi ou Chaillot qui sort les amoureux du patrimoine mais c'est le temps que tu passera a apprendre ton métier qui nourrira ta passion. bien a toi AT
Réagir à ce commentaireCher étudiant, tout est dans cette lettre : l'envie, la soif d'apprendre et de découvrir, la connaissance des sources de savoir et de sagesse. que demander de plus? la "fabrique" à fonctionné ! On ne peut pas "fabriquer des penseur" pas plus que les chênes sortent des choux ; ensemencer, arroser, et espérer.
Réagir à ce commentaireC'est trop jeune pour parler en connaissance de cause, un architecte apprend pendant toute sa vie professionnelle, souvent tout seul et souvent à ses propres dépends. Personne ne vous apprendra avoir du bon sens et être créatif. Les écoles d'archi sont toujours (heureusement) en décalage avec cette actualité écolo-catastrophiste. De nos jours il y a des mineurs autistes à nattes qui parlent très bien de l'écologie à l'Assemblée, cela devrait suffire.
Réagir à ce commentairePour ta culture générale il y a des cours d'architecte des monuments HYSTERIQUES; Pour apprendre sur le tas viiens nous rejoindre à la CIe des Architectes de Copropriété où nous n'arrêtons pas de nous poser des questions et d'y répondre en communiquant beaucoup, hommes et femmes réunis sans distinction de sexe. j'occupe ma retraite à 87 ans dans cette famille qui essaie d'en devenir une grande et certains y pratiquent aussi bien le neuf que l'entretien et la restauration. MF
Réagir à ce commentaire"Ce manifeste a été écrit - et adapté par nos soins - à l'occasion de son récent rapport de licence"Cela me fait penser à une plaisanterie, mais peut-être que ce coup de gueule d'un architecte mal aiguillé est sincère. Qu'il se rassure, on apprend plus de ses échecs que de ses réussites. Et comme d'autres l'ont déjà écrit , qu'il suive les cours de Chaillot!signé un architecte diplômé de Paris La Villette dont j'ai suivi le cursus après avoir fait l'Ecole Polytechnique qui ne me convenait pas, in fine. Et je ne me suis jamais plaint de l'enseignement reçu dans ces deux écoles...
Réagir à ce commentaireBonjour, cher futur confrère.Tout cela est bel et bon, mais ne te berce pas d’illusions, l’Architecture (avec un très grand A) ne s’enseigne guère à l’école. C’est avant tout un chemin personnel, fait d'innovations (et donc "pas académique", par définition) et plutôt que réclamer un talent qu’on te transmettrait, demande-toi plutôt quel talent pourrais-tu développer toi-même pour en faire bénéficier tes futurs clients et, par conséquent, la société. Aujourd’hui, les moyens de d’acquérir des connaissances ne manquent pas.Par contre, si l’école d’architecture ne doit pas « fabriquer » des architectes-concepteur dans le moule, elle devrait fabriquer des professionnels aptes à assumer leur métier et ses très très nombreuses exigences : techniques, juridiques, réglementaires, commerciales (eh oui, il ne faut pas renoncer à avoir des clients et à instaurer une bonne relation-client…), humaines, etc.Et là, c’est pas gagné !
Réagir à ce commentaireJ'adhère à 100% à cette vision de ce que devrait être l'enseignement en Architecture. Je proposerais volontiers de l'étendre à ce que devrait être l'enseignement dans les IUT et les écoles d'ingénieurs en Génie Civil et Construction. Maîtriser les lois de l'espace et de la matière : Oui, mais aussi les impacts planétaires.
Réagir à ce commentaireL’éloquente réflexion, je partage naturellement, les écoles quelle quelle soit doivent apporter cet esprit critique qui permet à ces jeunes une analyse qui doit les transporter dans le futur. Ce jeune homme fait cette analyse il a saisi même ce que doit être un homme de prospective, un homme qui entraîne les autres dans le futur, et s’il pense que l’école ne l’a pas amené là où il souhaite aller c’est parce sa formation commence tout juste et peut être qu’il n’aura pas assez d’une vie pour transposer ces intentions. Belle et audacieuse réflexion qui promet ce jeune a un bel avenir
Réagir à ce commentaireIl faut oublier tout ça dessiner un cube noir et blanc avec plein d'isolant à l’extérieur et un bardage laqué noir. Il faut oublier l'écologie non obligatoire et faire des appartements pour handicapé en fauteuil au 2° étage sans ascenseur,puis avec l'age faire un super bâtiment qui sera la vitrine de l'architecte, faire des photos de l'oeuvre et surtout ne pas venir la voir vieillir.Bref, devenir un architecte
Réagir à ce commentaireCher Jean, Je vous remercie pour ce débat que vous provoquez avec le Moniteur, car en effet vos observations sont largement pertinentes. Si la discipline architecturale n’évolue pas assez vite, c’est parce qu’elle n’est qu’une pratique professionnelle dont les principes se fondent sur la « reproduction » d’un savoir-faire et sur la contrainte économique du marketing; elle n’est qu’une pratique de fin de filière de production où l’alibi de l’ « Art » sert largement à la justifier : car à en voir les résultats, n’est-il pas vrai que les bâtiments, au nom de la « créativité », sont de fait tous semblables? Ils sont le fait d’une idéologie implicite dont la base de l’enseignement se fonde sur les doctrines (en l’occurrence moderniste) et les règles de production du BTP. Après de longues années d’égarement (volontaire), il serait souhaitable que la discipline revienne à la science et à la théorie (non celle aux hypothèses non vérifiées) mais à celle qui se fonde sur principalement sur l’observation, les constats pour produire de nouvelles méthodologies de conceptions, stratégies et de nouvelles formes d’organisation (et de ce fait, de nouvelles esthétiques (bio-mimétisme). Les écoles d’Architecture se sont ouvertes très lentement à la recherche, après de très longs combats idéologiques (+ de 40 ans) qui encore se poursuivent ; je comprends votre déception car les choses auraient pu évoluer bien plus vite (mais vous devez savoir que tant que l’ancien système fonctionne, on dance). J’attendais déjà moi-même cela, au début de ma carrière, il y a longtemps... La question de la relation entre écologie, patrimoine et contemporanéité est souvent perçue comme contradictoire sinon antagoniste : en réalité, il n’en est rien ; la discipline architecturale (celle qui travaille sur les sciences de la conception et de tout ce qui s’y rapporte) à pour premier objet d’étude les territoires habités (grands territoires, villes, édifices, artefacts, etc.) et les écoumènes humains ; le second, concerne les moyens d’intervenir sur ces territoires pour les rendre mieux habitables et plus heureux, (réparations, rééquilibrage, réorganisations) avec l’objectif de porter du soin et du bien-être (Ethics of Care), bref, d’être une action thérapeutique et soignante de nos habitations. Ces enjeux impliquent de réelles connaissances (et non un peu de fantaisie, du « génie », de l’égocentrisme et beaucoup d’inductions doctrinaires forcées). Ici se joue donc l’opposition entre les paradigmes de la modernité (qui implique la « reproduction ») versus les Ecologies Projectives contemporaines et l’intelligence des territoires (qui apparaissent aujourd’hui) fondées sur la « production », un phénomène naturel, à la différence de la « reproduction » qui est un phénomène industriel. Il faut rappeler aussi que l’écologie et l’architecture (oikos, maison) sont sœurs et qu’il n’y a pas d’opposition en ancien et nouveau puisque tout est lié dans une seule dynamique que les pseudo-cartésiens ont coupée en petits morceaux pour mieux exploiter leurs prés carrés). Les mutations / transformations des villes et de tous territoires habités (morphogenèse) sont analogues aux biomes des géographes. Je vous propose aussi de regarder E. Morin, qui donna, il y a longtemps, des clefs pour échapper à la fatalité du conformisme doctrinaire de bon nombre d’architectes. En fait, les termes clefs à la racine des problèmes qui nous préoccupent, sont la complexité, la dynamique des formes qui se succèdent (se produisent) dans le temps avec continuité et respect, ce que la reproduction industrielle refuse pour des questions de rentabilité (car le « type », par son caractère re-productible est devenu l’archétype d’un capitalisme aveuglé). Le monde ancien « produisait » ses écoumènes en vertu des qualités phénoménologiques des milieux dans lequel il vivait, et c’est en cela que le patrimoine est aussi une base solide pour un enseignement de l’écologie architecturale contemporaine. Le nouveau paradigme des écologies projectives n’a rien à voir avec les écologies techniques qui ne sont que de simples prescriptions mais aucunement une action architecturale en soi. Le nouveau paradigme contemporain de la conception architecturale du XXIe siècle se fondera donc, bon gré mal gré, sur la base du Systemic Design et des Ecologies Projectives, lesquels revendiquent l’alliance ancienne et vertueuse (lente) qui donna naissance à l’architecture gothique (à Saint-Denis), une alliance qui ne fit jamais se disjoindre les sciences humaines et de la nature, des arts libéraux (non entendus au sens moderne). En cela l’histoire nous explique d’où nous provenons, pour nous guider vers le futur. Car, l’amnésie porte malheur. Je vous souhaite, à vous et à votre génération d’être plus ouverts et surtout plus intègres que nous le fûmes. Quant à nous, avec d’autres, nous poursuivrons notre travail de recherche et de réformes dans les ENSA, dans le silence et l’indifférence du monde de l’architecture et de son vedettariat tapageur. Bien à vous. Raphaël
Réagir à ce commentaireC'est effectivement le cycle qui mène vers l'obtention du titre d'architecte des bâtiments de France qui permet d'obtenir une vraie connaissance du patrimoine évoqué par cet étudiant. Pourtant beaucoup de bâtiments "courants" (par opposition aux bâtiments classés) méritent l'expertise d'architectes formés sans avoir le titre d'ABF. Pour ma part cet apprentissage c'est fait sur le "tas" au fils d'opportunités ayant à intervenir sur ce type de patrimoine et au contacte de confrères plus expérimentés. Faut-il attendre tout de l'enseignement ? le cycle d'études qui mène au diplôme d'architecte donne un socle de connaissances; la collégialité, la formation continue doivent pouvoir permettre en pratiquant de mieux appréhender les particularités des architectures de différentes époques, car l'architecture est une pratique aussi (et n'est pas qu'un discours de théorique) et 10 ans et plus d'études n'y suffiraient pas.
Réagir à ce commentaireEh Oui!!! j'ai eu une très belle formation, regroupant le dessin architecturale de haute qualité, l'histoire par tout époques, la théorie d'architecture, beaucoup de ingénierie ( fonctionnement de structures e calcul de structures, réseaux divers, physique de la construction, processus de construction, matériaux de construction), études urbanistiques et proposes urbanistiques basées sur l'étude préalable de l'évolution de la population à 20 ans, des équipements sur le territoire, les transports et surtout l'architecture Bioclimatique, la géométrie solaire qui nous permet de façon naturelle et sage comme dans tous le temps et dans le vernaculaire, d'avoir des performances fantastiques des bâtiments sans recours à tout ses solutions couteuses en ressources et énergie pour chauffer et refroidir un bâtiment et le donner la lumière naturel et salubrité. Parce ce que en plus tous ses technologies et réseaux qu'on ajoute à des bâtiments les transforme en ambiances insalubres, pas de tout confortables à toutes les niveaux de confort qu'il faut considérer et consommateurs d'énergie avec une manutention constant, qui est complètement un erreur colossale, mais que l'option générale continue à préférer cet orientation surtout par manque de connaissances et formation. Si on considère que juste les habitations individuels et collectifs constitue 60% de la consommation d’énergie , on voit que le chemin peut être simple si les bonnes options sont choisis et les architectes et personnes liées dans le bâtiment ont un peut de formation et connaissances!!!!
Réagir à ce commentaireBravo.Plaidoyer pour l'architecture traditionnelle https://batirsain.org/?plaidoyer-pour-l-architecture.htmlJohn Daglish.
Réagir à ce commentaireUn des principaux problèmes de l’enseignement de l’Architecture est qu’auparavant (il n’y a pas longtemps...), il était effectué par des Architectes en exercice qui enseignaient pour le plaisir de transmettre alors qu’aujourd’hui, dans la plupart des cas, il est effectué par des « professionnels de l’enseignement » qui n’ont pour la plupart jamais exercé et qui « théorisent » l’Architecture...
Réagir à ce commentaireCher monsieur, Avez-vous entendu parler de l'Universite de Notre Dame aux Etats-Unis? Sa faculte de l'architecture est fondee sur la tradition et sur l'ecologie. Est-ce que vous connaissez les associations SOSParis.org ou ICPP a SaveParis.org? Nous vous offrons la bienvenue. Cordialement, Mary Campbell Gallagher, President d'ICPP
Réagir à ce commentaireBonjour cher Confrère,Comme notre code nous enseigne! Quel réconfort de vous, te lire. Je partage tellement cette absence, dans le cursus de nos jolies études d'architecture. Qui finalement ne donne pas les vrais outils non plus pour exercer ensuite.Je suis à l'âge où l'on devrait penser à prendre sa retraite, mais, c'est plus compliqué que cela. Pourtant je me sens de plus en plus en désaccord avec ce métier, qui oublie, les véritables enjeux du rôle de l'architecte justement. Les articles où les auteurs s'écoutent écrire, en complet décalage avec les réalisations et la réalité des projets me consternent. Sans aucune interrogation sur le devenir de ces créations qui en fait sont orientées vers des opérations financières, et non humaines. Il est exact, il y a tant à faire et penser sur la rénovation et l'entretien du patrimoine existant... Quelle étrange profession et quelle triste dérive.Merci de cet article
Réagir à ce commentaireLe cri d’alarme de cet étudiant en architecture est salutaire. Aujourd’hui, construire pollue ! Et pourtant, il faut bien continuer à se loger. Des expérimentations formidables apparaissent çà et là et donnent de l’espoir. Quel bonheur si les écoles d’architecture pouvaient être à la pointe de cette recherche. Si Le Corbusier vivait encore, à n’en pas douter, il nous aurait trouvé cinq nouveaux points pour réconcilier construction et vie humaine durable sur terre. A quoi sert-il de concevoir de merveilleux espaces si leurs réalisations mènent l’humanité à sa perte ? L’enseignement de l’architecture durable, à commencer par l’architecture bioclimatique, ne peut être optionnel mais au contraire un acquis de base, préalable à la délivrance de tout diplôme d’architecte. Et ne croyons pas que cet enseignement soit écrit. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de la construction durable. L’État qui est responsable de l’enseignement de l’architecture serait inspiré de favoriser avec énergie la recherche architecturale dans ce domaine. Il est dommage que tant d’architectes se reposent sur les ingénieurs pour gérer ces sujets car il s’agit aussi et peut-être surtout d’une nouvelle façon d’habiter à inventer. Merci Jean Dambrine pour votre courage et votre appel. Puisse beaucoup d’entre nous l’entendre !
Réagir à ce commentaireBonjour à tous. Merci de cet article. Je faisais, à l'époque, partie des étudiants militants pour plus de développement durable à l'école...Mais aujourd'hui, formatrice, j'ai le plaisir de faire partie de cette grande aventure qu'est la nouvelle formation dynamoe. De découvrir la conscience de l'ordre des architectes sur la nécessité de former les architectes sur ce sujet avec une formation qu'ils ont voulu et qui me semble réellement qualitative. De découvrir la volonté de massifier cette formation. De voir arriver les architectes massivement avec un grand intérêt.L'école nous a appris, architectes, à comprendre le monde, nos clients, les modes constructifs existants. Le terrain, et ces formations, permettent de monter en compétences techniques. J'y vois là beaucoup d'espoir ! Je suis ravie de découvrir chaque jour nombre de mes confrères investis, impliqués, plein de questions et de propositions...
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