La Capeb redoute la récession pour 2023
La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment dresse le bilan d’une année 2022 « éprouvante » et, dans un contexte similaire, s’attend à une année 2023 incertaine, avec un risque de récession. Sa prévision se situe « entre -0,5 et +0,5% de croissance ».
Mathieu Michel
« 2022 a été éprouvante, même si les chiffres indiquent qu'il s'agit plutôt d'une bonne année », déclare Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, qui met en garde pour la suite. L'artisanat enregistre une croissance en 2022 (2,4 % en volume), qui s’est émoussée durant toute l’année et redoute désormais une récession dans les prochains mois. Le syndicat prévoit entre -0,5 et +0,5 % de croissance pour 2023. Actuellement, les carnets de commandes enregistrent 96 jours d’activité, mais l’inflation pourrait toucher davantage le consommateur et ainsi diminuer son budget (rénovation et neuf). L’absence des banques demeure problématique pour Jean-Christophe Repon, qui presse le gouvernement de garantir des prêts facilement aux particuliers pour rénover leur logement.
Le contexte économique n'a pas facilité la tâche des entreprises, notamment à cause de la hausse des prix des matériaux (+27% sur l’année) et de l’énergie. Fin 2022, 92 % des entreprises ont répercuté la hausse des prix sur leur devis, à hauteur de 68 % en moyenne. C’est trois fois plus que fin 2021. 78 % des entreprises déclaraient des difficultés d’approvisionnement. Le secteur reste néanmoins relativement porté par la rénovation, qui comptabilise 2,5% de croissance. Une amélioration mise au crédit de Ma Prime Rénov’ ainsi que de l’effet confinement qui perdure et incite les particuliers à rénover leur habitat. Ainsi, les entreprises cherchent à embaucher : sur les 28% d’artisans qui souhaitaient recruter, 13 % y sont parvenues. En revanche, en ce début d’année 2023, seulement 13 % envisagent d’embaucher.
« La lutte contre la fraude pénalise les artisans »
La Capeb se félicite d’avoir été écoutée par le gouvernement au sujet de l’observatoire des prix des matériaux, sur le lancement d’une commission sur la transparence des prix des matériaux de construction, ainsi que sur le blocage des prix de l’énergie. « On a obtenu des avancées, que les entreprises ne peuvent pas encore palper », soutient le président de la confédération. Il déplore en revanche des lenteurs et blocages sur d’autres sujets comme celui de la simplification des CEE et de MaPrimeRénov', ou encore la lutte contre la fraude des éco-délinquants, qui ferait diminuer le nombre d’entreprises RGE : « Plus il y a de contrôles, plus les délais s’allongent. » Selon la Capeb, cette lutte anti-fraude est déficiente et pénalise les artisans. Elle entend « pousser plus fort dans le sens de l’audit chantier. » Au total, 900 audits chantier ont été réalisés en 2022, « ça pourrait être bien mieux et les contrôles montrent que le travail est bien fait » juge le président. Pourtant, les délais de paiement (« 8 mois ») mettent à mal la trésorerie des artisans et les détournent de la procédure RGE. 22% des adhérents de la Capeb font état d’un problème de trésorerie, à hauteur de 21 000 € en moyenne.
Au sujet des retraites, la Capeb loue le maintien d’un système par répartition, malgré le report de l’âge légal de départ à 64 ans. La réforme sauvegarde les 43 annuités pour les carrières commencées tôt ; statue d’une équité de traitement entre les salariés et indépendants et considère l’usure au travail dès 45 ans en prévoyant une adaptation du poste de travail, voire l’accompagnement vers une reconversion si nécessaire.
Les ZFE inspirent la crainte
Une proposition de loi concernant le groupement momentané d’entreprises (GME) a été rédigée par la Capeb et sera envoyée dans la semaine à Elisabeth Borne. La confédération insiste sur l'importance de distinguer la responsabilité de chaque acteur selon son intervention sur le chantier et sur la possibilité de faire bénéficier le client d’une TVA réduite à 5,5%. Quant au report de la Rep, il est sujet à tension à en croire Jean-Christophe Repon : « Quand la Capeb martelait que personne n’était prêt pour la mettre en place, les éco-organismes n’ont cessé de soutenir l’inverse et maintenant c’est eux qui freinent. Nos adhérents peinent à se projeter : faut-il inscrire l’éco-contribution dans le devis, où en est le maillage territorial des points de collecte ? »
Enfin, sur les ZFE (zones à faible émission de CO2), la Capeb déplore un calendrier « irréaliste » et l’absence de moyens spécifiques mis à dispositions des artisans. Elle demande une aide pour changer les véhicules, comme un possible suramortissement sur le bilan économique.
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