L’hydrogène, une « usine à gaz » qui échappe au BTP selon l'Iddri
En publiant un rapport sur les conditions de déploiement de l’hydrogène, deux chercheurs de l’IDDRI pointent de multiples freins, du système de production à des usages incertains.
L’hydrogène vert, « la pépite d’avenir » vantée par Emmanuel Macron, est-elle l’une des voies prometteuses de la décarbonation ? En publiant une étude intitulée « Hydrogène pour la neu-tralité climat : conditions de déploiement en France et en Europe », Inès Bouacida et Nicolas Berghmans, chercheurs spécialisés dans les questions énergétiques au sein de l’Institut du développement Durable et des Relations Internationales (Iddri), apportent une réponse en demie-teinte.
Certes, tout concourt à s’intéresser à l’hydrogène bas carbone : l’Union Européenne s’est fixée l’objectif, à l’horizon 2030, de construire 40 GW d’électrolyseurs pour produire 10 Mt d’hydrogène, soit 330 TWh. Après son plan hydrogène de 2018, la France s’appuie sur le plan de relance et France 2030 et 9,1 milliards d’euros d’investissements publics pour afficher l’ambition de réaliser 6,5 GW d’électrolyseurs avec le même calendrier. L’hydrogène séduit de nombreux pays européens afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Qualifié de « vert » quand il est produit par électrolyse (à partir d’eau et d’électricité renouvelable) et de « bleu » à partir de méthane fossile via des technologies de captage et stockage de carbone, l’hydrogène ne peut cependant pas tout.
Comme le souligne Inès Bouacida, « ce n’est pas une solution miracle ! L’hydrogène est relativement cher et moins efficace que les énergies alternatives. Ainsi, un MW d’électricité équivaut à 0,7 MW d’hydrogène ». À l’origine de 3% des émissions de GES en France, l’hydrogène peut cependant jouer un rôle, précise-t-elle, « pour les secteurs difficiles à décarboner, là où il n’existe pas d’alternative. L’hydrogène peut devenir un vecteur clé dès lors que les filières existeront mais cette énergie restera néanmoins un vecteur de niche ». Parmi ces usages existants, les raffineries, la production d’ammoniac (pour la fabrication de fertilisants azotés synthétiques) ou de méthanol sont en première ligne ainsi que les secteurs de l’acier, de l’aviation ou des transports maritimes : « Il est possible de se servir d’hydrogène pur mais aussi de produire, en l’associant au CO2, du kérosène ou du gaz synthétique » , précisent les auteurs.
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Philippe
24/01/2022 09h:49
Vues les pertes d'énergie actuelles lors de la production d'hydrogène, par électrolyse, son intérêt est notre capacité à le stocker durablement, contrairement à l'électricité. La filière ne doit donc être conçu que pour engranger un stock d'énergie produite lors des périodes de surproduction, sous réserve que se soit la meilleure solution. Se pose alors la question de l'intérêt d'une surproduction continue pour rentabiliser énergétiquement parlant une filière qui ne le serait pas sur des petits volumes et l'utilisation obligatoire de l'hydrogène dans des filières qui pourraient utiliser d'autres énergies avec un meilleure rendement. Monsieur Macron s'appui-t-il sur des projections de bilans énergétiques ou est-ce un simple pari ou encore une idée politicienne pour faire vert ???