«L’habitat participatif, ce n’est pas de l’idéologie», Jean-Paul Coltat, directeur général du Groupe des Chalets
Alors que les premiers programmes réalisés en habitat participatif ont vu le jour, notamment en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et dans l’ex-région Aquitaine, le COL, Axanis et le Groupe des Chalets, trois bailleurs sociaux engagés dans la démarche, organisent le 26 mai à Toulouse une journée dédiée à cette nouvelle forme d’habitat.
Propos recueillis par Christiane Wanaverbecq (Bureau Sud-Ouest du Moniteur)
\ 17h28
Propos recueillis par Christiane Wanaverbecq (Bureau Sud-Ouest du Moniteur)
A l’occasion de la pose de la première pierre de la résidence «Aux 4 vents», réalisée sous forme d’habitat participatif par le Groupe des Chalets dans l’écoquartier de la Cartoucherie à Toulouse, un temps d’échanges avec des élus, des bailleurs, des architectes, des techniciens, des associations d’habitants, etc. est organisé. Jean-Paul Coltat, directeur général du Groupe des Chalets, apporte son témoignage.
Pourquoi organiser ce forum d’échanges sur l’habitat participatif ?
Jean-Paul Coltat: On n’en parle jamais assez. Ce sont surtout les coopératives d’habitants, les associations qui témoignent. Pourquoi pas nous ? Nous sommes actifs et avons du poids en tant que bailleurs sociaux. Peu d’acteurs sont convaincus de cette démarche dans le grand Sud-Ouest, il est donc important pour nous (Le COL, Axanis et Le Groupe des Chalets) de témoigner sur nos projets et réalisations. Il y a de notre part une démarche militante. L’objectif est de mieux appréhender ce nouveau modèle d’habitat qui est l’expression de nouveaux besoins en termes de logements. Le débat sera aussi l’occasion de s’interroger sur sa reproductibilité.
Expliquez-vous...
J.-P. C.: L’habitat participatif est une autre manière d’aborder la question du logement. Le rapport de l’occupant à son futur lieu d’habitation sera différent. En tant que bailleur, nous souhaitons que les habitants s’engagent dans leur résidence, dans leur quartier, dans leur ville. L’opération de 89 logements que nous lançons dans l’écoquartier de La Cartoucherie à Toulouse est la troisième expérience d’habitat participatif après celles à Ramonville-Saint-Agne et à Balma, en périphérie de Toulouse. Pour le COL, Axanis et le Groupe des Chalets, il s’agit de développer le vivre ensemble et de répondre au besoin de lien social des citoyens. Ce n’est pas par hasard. Le Col, société coopérative basée à Bayonne depuis 1951, a cela dans ses gènes. Il a huit projets en cours à Bordeaux, Bayonne, Pau et Billère. Axanis est la filiale spécialisée dans l’habitat participatif d’Aquitanis, bailleur social de Bordeaux Métropole. Tous deux ont d’ailleurs signé en 2014 une convention de partenariat pour développer le modèle sur l’agglomération bordelaise. Est ainsi en cours une opération dans le quartier Brazza à Bordeaux.
Quelles sont les conditions nécessaires à la réussite de projets en habitat participatif ?
J.-P. C.: Le temps de gestation est plus long avant le dépôt du permis de construire. Mais en définitive, nous gagnons du temps sur le projet puisqu’il n’est pas nécessaire de commercialiser le produit, nous avons déjà le client. La démarche d’habitat participatif impose d’engager le futur occupant dès la conception du projet.
Il faut aussi une volonté politique forte. Il est plus simple de réaliser une opération d’habitat participatif dans le cadre d’une opération d’aménagement publique. Enfin, il est indispensable d’être accompagné. L’Aera (Actions, études et recherches sur l’architecture, la ville et l’habitat), association toulousaine qui nous accompagne sur toutes les opérations d’habitat participatif, joue un rôle important. C’est elle qui anime les réunions publiques, fait le lien avec les habitants et installe la confiance.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des collectivités ?
J.-P. C.: Qu’elles prennent conscience que ce n’est pas de l’idéologie. Cela répond à un vrai besoin de notre société. C’est une autre manière de construire la ville, ainsi la collectivité pourra compter sur des habitants investis dans le quartier, dans la ville.
Qu’est-ce qui vous motive au Groupe des Chalets ?
J.-P. C.: Je le répète. Ce qui m’intéresse, c’est que les familles abordent la question du logement de manière différente. Il faut également rappeler qu’une de nos missions est de permettre l’accession à la propriété en facilitant le parcours résidentiel.
Pour l’opération sur la ZAC de la Cartoucherie, il existait au départ une association d’habitants qui portait son propre projet de 17 logements. Avec l’Aera, nous les avons accompagnés et avons pu compléter le projet par 72 autres logements, dont 28 en Sciapp (Société civile immobilière d’accession progressive à la propriété). Pour ces derniers, nous avons pu mobiliser les futurs habitants en organisant des réunions. Dans cette même logique, nous développons des conseils de résidences qui pourront devenir des coopératives d’habitants. A eux ensuite de s’approprier les parties communes pour qu’ils deviennent acteurs de leur résidence et de leur cadre de vie. Le bailleur social devient un prestataire de services et plus seulement un propriétaire.
Quel bilan faites-vous des deux opérations d’habitat participatif livrées à Balma et à Ramonville-Saint-Agne ?
J.-P. C.: La période de préparation est importante. Du temps est nécessaire pour que le collectif apprenne à se connaître. On ne peut pas faire ce genre d’opérations avec n’importe quel architecte. Il faut beaucoup d’écoute, d’explications et qu’il accepte d’être remis en question. Tous les architectes avec qui nous avons travaillé avaient envie de s’investir. Dans ce type de démarche, le coût supplémentaire est celui de l’accompagnateur. Pour l’opération à La Cartoucherie nous souhaitons également un accompagnement des habitants à la livraison des logements. Il s’agit de 89 logements et donc autant d’occupants qui doivent vivre ensemble et partager. De plus, ce sont trois groupes différents, un par immeuble. Ils se distinguent par des projets d’habitat comptant des espaces partagés, et une charte qui leur sont propres. En même temps, ils partagent une salle polyvalente de 125 m2, un jardin intérieur, un espace «bricolage».
«L’habitat participatif, ce n’est pas de l’idéologie», Jean-Paul Coltat, directeur général du Groupe des Chalets
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