L'entretien des canalisations d'eau en accusation
Defawe Philippe
Les distributeurs d'eau ont rejeté mardi les affirmations de collectivités locales et d'associations qui les accusent d'avoir perçu de l'argent pour l'entretien des canalisations et de ne pas l'avoir affecté à de tels travaux.
La Société des eaux du Nord (SEN, détenue à parité par Veolia et Suez), qui gère la distribution d'eau dans l'agglomération lilloise, a été accusée par une association d'avoir perçu indûment, à titre de provisions renouvellement, quelque 164 millions d'euros entre 1986 et 1996.
La communauté urbaine de Lyon a pour sa part indiqué mardi qu'elle évaluait à 94 millions d'euros la somme collectée par la Générale des Eaux (Veolia) en prévision de travaux qui n'ont pas été faits, et a souhaité que cette somme soit investie dans les cinq ans à venir dans le réseau.
Cela a fait resurgir l'accusation de "sur-profits" qui seraient empochés par les distributeurs aux dépens du consommateur.
"C'est vraiment un faux procès", a réagi Veolia mardi. "Il n'y a pas de sommes non dépensées, toutes les dépenses passent dans nos comptes chaque année", a déclaré à l'AFP Marc Reneaume, directeur général en charge de la France chez Veolia Eau.
Veolia, qui gère 4.500 contrats de distribution d'eau en France pour un chiffre d'affaires d'environ 2,2 milliards d'euros, investit chaque année plus de 200 millions dans le renouvellement des canalisations, a-t-il indiqué.
Le PDG de la SEN, Philippe Dupraz, a reconnu un "retard d'investissement de l'ordre de 156 millions d'euros" constaté fin 1996 en affirmant que cette somme avait été reportée dans le programme de 369 millions pour la période 1997-2015.
"Il n'y a pas de sous-investissement chronique dans ce secteur", a assuré à l'AFP Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E), qui regroupe les grandes entreprises du secteur.
Selon lui, la gestion des réseaux doit être jugée sur la performance plutôt que sur le montant des sommes affectées.
Repères
La Lyonnaise des Eaux (groupe Suez) a signé vendredi un protocole d'accord avec La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) attribuant 233,7 millions d'euros supplémentaires d'ici 2021 en investissements et dépenses d'exploitation.
"Il a fallu changer la culture de la Lyonnaise des eaux", a déclaré à cette occasion le président (PS) de la CUB Alain Rousset, en évoquant l'acceptation des "contrôles", une "transparence totale" et une "limitation des profits".
Suez Environnement a déclaré mardi à l'AFP que les renégociations de contrats de délégation faisaient partie de la vie normale de ce type de contrats, permettant de faire un "bilan des travaux réalisés" et de "redéfinir les objectifs" et les investissements correspondants.