L'Allemagne fait plonger les résultats de Lapeyre
Bénéfice 2000 en recul pour la filiale menuiseries de SAINT-GOBAIN
JEAN-MICHEL GRADT
Pour résumer le bilan 2000 de Lapeyre (filiale de Saint-Gobain Distribution), Jean-Louis Servent, son directeur général, a eu cette image : « C'est Jean qui rit, Jean qui pleure. L'activité business to consumer ("B to C", soit 80 % du chiffre d'affaires avec Lapeyre, GME et K par K) a été excellente avec + 16,3 %. Mais les 20 % du chiffre d'affaires dus aux professionnels, le "B to B", a reculé de 1,9 %. La crise en Allemagne a effacé les profits des autres pays d'Europe. » Bref, malgré une hausse globale de 11 %, dont une progression à deux chiffres en France, tant en activité qu'en résultat (voir tableau ci-contre), c'est bien l'Allemagne qui, à elle seule, a fait reculer le bénéfice net de 30 % par rapport à 1999.
Première cause de cette piètre performance, pour un groupe habitué à une courbe haussière de ses profits : l'Allemagne. « Elle va de mal en pis. Plus d'un million de logements, construits pour la réunification, restent vides. D'où, non seulement, des pertes et des provisions (- 7 millions d'euros), mais aussi un plan de restructuration qui est en cours. »
Deuxième point noir, la Pologne. Paradoxe : le marché du bâtiment y est bien portant. Mais les négociants allemands, en surcapacité, n'ont eu qu'à passer l'Oder pour inonder la Pologne de produits à prix cassés.
De plus, un vent de panique a accéléré le mouvement, alimenté par des « rumeurs » sur la suppression par le gouvernement, avant le 31 décembre 2000, du projet de subventions au logement. Conséquence pour Lapeyre Pologne : l'activité a chuté de 30 % et le bénéfice, s'il reste positif, a baissé de 7 millions d'euros (45,6 millions de francs).
Enfin, « 2000 a été la dixième année de pertes en Espagne. J'ai réduit par deux le nombre de magasins. Il en restera trois... en cas de reprise du marché », a poursuivi Jean-Louis Servent.
Cibler de nouveaux segments en France
Heureusement, le groupe peut compter sur la France où sa stratégie 2001 va porter sur les prix (politique d'entrée de gamme en menuiserie), le ciblage du créneau « aménageur » (qui achète mais fait poser, contrairement au « bricoleur »), une déclinaison de produits pour les femmes (48 % des ventes, surtout décoration) et le développement du e-commerce (1). Le numéro un européen des menuiseries est aussi leader en France pour les cuisines et se situe dans le « top 5 » pour les salles de bains.
Pionnier en matière de services aux particuliers, notamment avec l'installation à domicile par un réseau d'artisans agréés, Lapeyre peut se féliciter d'avoir vu juste. « Nous faisons désormais travailler des milliers d'artisans agréés. Comme certains utilisent cette référence comme un label pour leur propre activité, nous avons aujourd'hui plus de demandes que d'offres. Après une période de test, nous comptons étendre, dès cette année, ce service pour GME (salles de bains). Même si ce service est plus complexe car il fait intervenir au moins trois corps de métiers différents », annonce le directeur général.
(1) Lapeyre met en ligne son catalogue sur www.lapeyre.fr et participe à la plate-forme lancée par Saint-Gobain, build2pro.com.
Evolution du groupe Lapeyre
TABLEAU : Evolution du groupe Lapeyre
La baisse du résultat net s'explique par les pertes dues à la très mauvaise conjoncture sur le marché allemand (générant des provisions que le groupe se refuse à chiffrer) et à la guerre des prix des négociants allemands en Pologne.