
Jeu de construction métallique géant à La Défense
JACQUES-FRANCK DEGIOANNI | le 16/09/2013 | Hauts-de-Seine, France , Architecture
Un peu engoncée entre ses congénères, dont l’une d'elles sera bientôt déconstruite, la tour D2 à La Défense (Hauts-de-Seine) poursuit son ascension vers les nuages, tandis que la coiffe sommitale se met en place.
Avec son plan en forme de poire, sa silhouette joliment fuselée et son petit nom tout droit sorti de Star Wars, la tour de bureaux « D2 » affiche un je-ne-sais-quoi de délicieusement vintage voire rétro-futuriste. Elle se présente pourtant comme LA première grande tour (171 mètres pour 37 étages et 50 000 m2) à noyau béton et structure porteuse en acier en France. Plus complexe qu’il n’y paraît, elle développera trois façades différentes selon ses vis-à-vis : une face effilée, une autre allongée et une troisième en courbes douces.
Libres plateaux
Mieux encore, elle sera gainée d’un élégant exo-squelette métallique en résille XXL. Dessinée par l'architecte parisien Anthony Béchu, associé ici à son confrère américain Tom Sheehan, D2 s’est imposée au concours devant des « poids lourds » tels que Manuelle Gautrand, Claude Vasconi, Jacques Ferrier et Architecture Studio. « Nous avons préconisé une structure en acier alors que la plupart des autres candidats proposaient une solution basée sur le béton comme matériau principal » explique Anthony Béchu. Un parti technique confirmé en phase étude, l'acier autorisant une plus grande souplesse dans la conception, un bénéfice environnemental plus élevé, une rapidité de construction meilleure, ainsi qu’un plus faible encombrement des poutres. D’où des plateaux libres de tout pilier, plus facilement habitables et reconfigurables.
Jumbo
Aux dires de l’aciériste ArcelorMittal, ce recours massif au métal a seul permis aux architectes de réaliser la tour selon les prix et délais du maître d’ouvrage (Sogecap/Bouygues Immobilier/Sogeprom) en économisant 30% de matériau par rapport à une ossature conventionnelle. L’exostructure de la tour, est constituée de 3000 tonnes de poutrelles jumbo Histar, conçues et produites par le géant de l’acier qui a également fourni les 1200 t de poutres cellulaires (poutres alvéolaires à ouvertures circulaires) supportant les planchers et facilitant le passage des réseaux.
Motifs losangiques
A l’aide de deux grues à flèche relevable et d’une base vie installée en portique au-dessus du boulevard circulaire, les équipes de Vinci Construction France achèvent d'édifier aujourd’hui la tour au rythme de « trois étages en trois semaines », un ratio expliqué par l’empan de chaque losange d’acier (six étages) formé de deux « V » de 14t (pour trois étages, donc), assemblés in situ. Un travail d’orfèvre réalisé au millimètre dans la mesure où la tour affiche plusieurs rayons de courbure et où aucun de ces éléments losangiques n’est vertical. Leur positionnement dans l’espace en coordonnées tridimensionnelles est ainsi effectué via repérage laser par rapport à des points de référence.
Cabochons
Une fois en place et dûment boulonnée, cette exo-structure reçoit un flocage de protection contre l’incendie avant d’accueillir un mur-rideau et d’être encapotée par une peau d’aluminium extérieure. Et comme la technique n’interdit pas la beauté, chaque intersection de cette résille géante recevra un cabochon lumineux constitué de Leds abritées par une lentille de Fresnel, « comme celles qui équipent les phares » fait valoir Anthony Béchu, qui voit dans cet attention portée aux détails un véritable travail de « sertissage sur un bijou précieux, une lanterne qui brillera sur la ville ».