Grande-Bretagne Croissance et... risque de surchauffe dans le BTP
-Au cours des cinq prochaines années, environ 400 projets devraient être lancés, pour une valeur de 308 milliards de francs.
jacqueline mc laurin
Tous les instituts de prévision sont d'accord : la croissance en volume du BTP sera proche ou supérieure à 3 % jusqu'à l'an 2000. Mais le BTP britannique a été si profondément « saigné » par la récession de 1990-1996 qu'il aura du mal à faire face à un tel rythme de croissance sans subir des tensions en matière d'emploi et souffrir des rigidités de ses structures. Ces tensions apparaissent déjà et le patronat s'en inquiète, d'autant que la reprise est très récente.
Pénurie d'ouvriers qualifiés et renchérissement des coûts. En six ans, le BTP britannique a perdu 500 000 emplois (soit le quart de la main-d'oeuvre du secteur). Cette cure d'amaigrissement a sans doute rendu le BTP britannique plus performant. C'était en tout cas l'avis de Paul Shepherd, le président de la Fédération du bâtiment (BEC), en début d'année. Mais quatre mois plus tard, on détecte un début de pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans le Sud-Est du pays, où la reprise dans l'immobilier de bureaux et dans le résidentiel a été très rapide.
Une toute récente enquête de la Confédération de la construction révèle des difficultés d'embauche de maçons et de plâtriers au premier trimestre 1997 pour plus d'un entrepreneur sur deux. Le renouvellement dans les corps de métiers a été également touché : selon le Centre de formation de l'industrie de la construction (CITB), le nombre d'apprentis inscrits en formation a diminué de moitié entre 1989 et 1995. Les bureaux d'études ont, eux aussi, des problèmes de recrutement à la fois de jeunes diplômés et d'ingénieurs expérimentés.
Une plus grande mobilité de la main-d'oeuvre, des gains de productivité et des avancées technologiques soulageront en partie la situation, mais un scénario de crise est possible si l'on considère les estimations de l'économiste Gardiner & Theobald. Au cours des cinq prochaines années, 400 projets d'une valeur unitaire moyenne de 280 millions de francs devraient être lancés (issus de la reprise économique, mais aussi des financements de la Loterie nationale, de la PFI - Private Finance Initiative - et du Millénaire, et des investissements étrangers), soit un boom de 308 milliards de francs, dépassant celui des années 80.
Aux hausses salariales prévisibles, va s'ajouter un renchérissement des matériaux de construction. Après plusieurs années de prix à la baisse, les industriels entendent profiter de la reprise : + 8 à 10 % sont prévus dans la brique, 5 à 7 % pour le ciment et la plaque de plâtre. Les importateurs de bois prévoient jusqu'à 20 % de hausse pour le bois d'oeuvre.
Le rôle modérateur du gouvernement travailliste
Autre complication : dans le résidentiel, une pénurie croissante de terrains à bâtir, due largement à une politique d'aménagement du territoire restrictive et à la lenteur d'obtention des permis de construire, va faire monter les prix du logement. Tous les prémisses d'une surchauffe sont présents, d'autant que les importations ont déjà augmenté ( + 8 % en 1996) et devraient accélérer compte tenu de la forte demande en hausse et du renchérissement de la livre.
Le leitmotiv des organisations professionnelles depuis plus d'un an est « tout pour une croissance stable et modérée ». Les cycles brutaux des dix dernières années auront été une dure leçon. Le gouvernement Blair contribuera certainement par sa politique monétaire et fiscale à contrôler une envolée dans le résidentiel et par sa politique régionale à compenser le déséquilibre Nord-Sud. Mais la création d'emplois dans le BTP (les besoins à terme seraient de 150 000, selon la BEC) devient incontournable et la formation professionnelle absolument prioritaire. La Confédération de la construction compte donc sur une augmentation du nombre d'apprentis (18-25 ans) de 30 000 à 40 000 ces trois prochaines années, grâce à ce financement supplémentaire. Le CITB, qui a dispensé 934 millions de francs en 1996 (dont le tiers sur fonds publics) pour la formation dans le BTP, pourrait dans ce cadre être rénové et renforcé.
MAQUETTE : Maquette du Greenwich Dome, à Londres.
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