"Forêts de Notre-Dame": l’appel de Vincent Mayot
Réserver l’emprise de Notre-Dame à la nature, dans chacune des 36 000 communes de France : le paysagiste Vincent Mayot lance l’idée, relayée et amplifiée par Gilles Clément, son ancien professeur à l’école du paysage de Versailles.
Laurent Miguet
Le projet des « Forêts de Notre-Dame » part en campagne dans les communes de France : sous cet intitulé, le paysagiste bourguignon Vincent Mayot a dessiné le périmètre de la nef de Notre-Dame de Paris, coiffée jusqu’au 15 avril dernier d’une charpente connue sous le nom de forêt.
Pour marquer l’après incendie, « ce moment particulier de notre histoire », le concepteur propose de laisser la nature et le temps opérer leur travail de régénération, pour constituer un réservoir de biodiversité de 36 000 fois 6000 m², soit une mosaïque de 216 km² de forêts primaires, témoins de l’anthropocène.
Poètes
Vincent Mayot et Leila Toususaint, cogérants de l'agence de paysage éponyme à Dijon
« Vincent Mayot est un vrai poète, chose rare ! », s’exclame Gilles Clément, interrogé sur l’initiative de son ancien élève, devenu cogérant de l’agence Toussaint & Mayot à Dijon et Paysagiste conseil de l’Etat dans le Territoire-de-Belfort. Le professeur n’est pas prêt d’oublier la soutenance du mémoire de Vincent Mayot sur le vent et le paysage, en 1998.
« Il a prélevé des graines d'érables (les samares), les a peintes en rouge, puis il est monté à la Tour Eiffel et il les a jetées. Elles ont tourbillonné, ce sont des sortes d'hélices d'hélicoptères. Ensuite il est allé voir où elles avaient atterri. Ce travail portait sur la puissance du vent dans le voyage des plantes, sujet important et crucial aujourd'hui ».
Une serre enivrante
Heureux de relayer une idée qui contribue à « conjurer le mauvais sort des incendies », Gilles Clément ajoute sa propre proposition : « Je ferais volontiers une serre de Notre-Dame, la plus grande de Paris, avec des arbres et des lianes profitant de cette lumière (enfin venue), pour faire pousser de la vigne destinée au vin de messe ».
Des visions oniriques de Vincent Mayot et Gilles Clément, retenons le sourire, comme outil des paysages de la résilience.
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