Fondations Le «soil crete» au secours d'un musée
Laurent Miguet | le 07/03/1997 | Rénovation, Gros œuvre, Culture, Europe, Profession
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-Variante du jet grouting, le soil crete s'avère mieux adapté à une reprise délicate en sous-oeuvre. -Le manque de place milite aussi pour cette solution.
« Le jet grouting classique pousse le terrain, ce qui entraîne des risques d'expansion. Au contraire, le soil crete, variante de la même technique, travaille par découpe. » Selon Christian Ernst, responsable du jet grouting à Keller France, cette caractéristique contribue à expliquer le choix du soil crete pour la reprise en sous-oeuvre du pavillon du XVIIIe siècle, dans le cadre de la réhabilitation et de l'extension du musée des Beaux-Arts de Nancy. Deux autres facteurs ont pesé dans la décision : le jet grouting classique travaille sur des hauteurs maximales de 1 m, alors que les cinquante-huit colonnes de fondation à reconstituer à Nancy mesurent 2,50 à 3 m de haut ; la découpe permet de travailler aussi bien sur des angles de 360° que sur des demi-cercles ou des quarts de cercle. La ville de Nancy, maître d'ouvrage, s'est laissé convaincre entre Noël 1996 et le nouvel an, dans une situation d'extrême urgence liée aux graves risques d'effondrement apparus en cours de chantier sur ce bâtiment : inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.
Le bureau d'études Mimram et la ville ont rapidement exclu l'implantation de colonnes préfabriquées : ce choix aurait impliqué l'ouverture d'un chantier sur la place Stanislas. La solution finalement retenue n'a elle-même pu s'imposer que dans un calendrier étroit : « A la mi-février, le second oeuvre n'a pas encore commencé sur le chantier de l'extension du musée. Deux mois plus tard, nous n'aurions pas trouvé de place pour installer la centrale à béton et les pompes », souligne Jean Kraemer, pilote du chantier. Les essais de pénétration réalisés les 10 et 11 février sur une colonne témoin ont permis d'effectuer les dernières mises au point : une centrale équipée d'une vis sans fin couplée à un mélangeur fabrique le coulis en dosant l'eau et le ciment, puis envoie le produit dans une cuve de 8 m3, alimentée grâce à une programmation automatique. Un moteur de 800 CV, de la famille des engins de forage de puits de pétrole, injecte ensuite le coulis. Le débit peut atteindre jusqu'à 400 l/min, avec une pression maximale de 400 bar. Ce flux parvient à la foreuse équipée d'une buse de 2 à 8 mm de diamètre. Keller espère tenir un rythme de trois colonnes par jour, avec des pointes à cinq colonnes.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : ville de Nancy.
Architectes : Laurent Beaudoin (mandataire), Emmanuelle Beaudoin, Jean-Luc André, Sylvain Giacomozzi.
Bureaux d'études : Marc Mimram, Georges Berne, Miroslav Jargacevic, André Viguier, Alfred Peter.
Gros oeuvre : Pertuy.
Soil crete : Keller France.
Surface restructurée : 4 448 m2.
Montant des travaux : 105 millions de francs.
Durée du chantier : vingt-huit mois à partir de janvier 1996.
PHOTO : Les 58 colonnes mesurent de 2,50 à 3 mètres de haut.