En Bourgogne-Franche-Comté, la Capeb initie un dialogue sur les hausses de prix
Le 8 septembre dernier, les Capeb de Bourgogne-Franche-Comté organisaient à Dijon (Côte-d’Or), une table ronde réunissant installateurs, négoces, fabricants et représentants des Pouvoirs publics. Objectif : esquisser des pistes en vue de conclure des engagements solidaires entre acteurs de la filière BTP.
Michel Laurent
Sur fond de flambée des prix des matériaux et de problème récurrent d’approvisionnement, le sujet se pose au sein de l’assemblée : « Après deux années de crise sanitaire et le conflit en Ukraine, le secteur du BTP est confronté à la plus grave crise d’approvisionnement qu’il ait jamais connue, lance en introduction Francis Voelin, président de la Capeb Bourgogne-Franche-Comté. De nombreuses entreprises sont aujourd’hui au bord de l’asphyxie, contraintes de devoir toujours réduire leurs marges en absorbant les hausses de prix continuelles ou encore retarder des démarrages de chantier faute de fournitures ! Au printemps dernier, nous avons publié, comme d’autres Capeb, une tribune dans la presse quotidienne régionale visant à informer nos clients de la situation. Un contexte dans lequel les pouvoirs publics sont désarmés juridiquement pour stopper la situation qui nous frappe et pour lutter contre des pratiques commerciales pas toujours justifiées. »
Tous dans la même tornade...
Réuni à l’invitation de la Capeb Bourgogne-Franche-Comté, le groupe d’une quarantaine de personnes se compose d’entreprises pour la plupart représentantes de leur antenne Capeb départementale, de négoces régionaux, de fabricants et aussi de représentants des pouvoirs publics, afin d’aider les acteurs du BTP à comprendre le contexte et envisager le cadre légal de leurs actions.
Dans l’assemblée, les sujets d’inquiétude fusent notamment autour des problèmes de trésorerie. « Nous, on ne s’est jamais arrêtés pendant les périodes de confinement. Et dans le contexte actuel, si nous demandons un étalement de remboursement du prêt garanti par l’État (PGE), notre cotation risque d’être dégradée. Il y a là un réel problème ! », explique Jean-Sébastien Nonque, président de la Capeb 21.
Franck Bernigaud, ancien dirigeant de Girardon Matériaux (par ailleurs président national de la Fédération des distributeurs de matériaux de construction, FDMC), le rassure : « Fort heureusement, nous ne suivons pas toujours les cotations de nos clients, car cela signifierait une diminution drastique de notre activité ! Nous aussi sommes restés ouverts pendant la crise sanitaire, et avons aussi été décotés. Et pourtant, nous avons continué à stocker des matériaux. »
À LIRE AUSSI
BigMat : Girardon Matériaux rachète Béréziat
Clause de révision
Autre inquiétude de la part d’un installateur : « Nous avons signé des marchés publics à l’horizon 2023 sans qu’on puisse réviser les prix, qui continuent à augmente chez nos fournisseurs. Comment faire ? »
« Sans clause de révision de prix, il est difficile de s’y retrouver lorsqu’on démarre un chantier signé il y a 6 mois, confirme Emmanuel Leblanc, secrétaire général de la Capeb 71. C’est pourquoi nous insistons sur le fait d’introduire une clause au niveau du devis. N’hésitez pas à montrer à vos clients les courriers relatifs aux hausse de prix que vous envoient les distributeurs. »
Des stocks pour amortir les hausses
L’éternelle question des stocks en distribution arrive dans les échanges. « Alors que nos ventes auprès des particuliers sont en baisse, depuis le printemps dernier, nous avons accru nos stocks de + 35 %, explique un responsable de chez Doras. Pas pour spéculer, mais pour anticiper les commandes des entreprises. Nous tâchons aussi d’accompagner leurs retards de paiement. »
Éric Caudron, chef des ventes chez Würth : « Avant la crise sanitaire, nous avions 51 M€ de stocks, ensuite réduits à 32 M€. A présent, ils sont remontés à 62 M€. Mettre à disposition du stock, pour partie localement, est une réelle décision stratégique de Würth. Par ailleurs, 80 % de ce que nous vendons est fabriqué en Europe. »
À LIRE AUSSI
Malgré le contexte inflationniste, les artisans du bâtiment se portent bien
À LIRE AUSSI
Malgré le contexte inflationniste, les artisans du bâtiment se portent bien
Vers une liste d'engagements
Une certitude : l’attente des artisans est forte en matière de solidarité entre acteurs et une visibilité à moyen terme concernant les augmentations de prix des matériaux. Les organisateurs de la rencontre rappellent que la Capeb 86 (Vienne) a rédigé une « Liste des engagements solidaires des négoces et distributeurs de matériaux et d’équipements » signée par les acteurs locaux. Cette expérience semble être une solide base pour permettre aux acteurs bourguignons et francs-comtois de mettre au point leur propre modèle de conduite solidaire. « Nous sommes ici réunis afin de défendre une filière dans la perspective d’un avenir constructif », lâche un des participants en fin de rencontre. À bon entendeur !
Top 1000 des entreprises du BTP
AbonnésRetrouvez le classement annuel des 1 000 plus grandes entreprises de BTP et construction en France
Je découvre le classementEn Bourgogne-Franche-Comté, la Capeb initie un dialogue sur les hausses de prix
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir