Elégance épurée au parc expo de Strasbourg
Dietmar Feichtinger apporte son savoir-faire dans le domaine des grandes portées, pour rendre compréhensible et acceptable un parc d’exposition de 50 000 m2 (Shon) en lisière du centre-ville de Strasbourg.
Laurent Miguet (Bureau de Strasbourg du Moniteur)
Grâce à une « matérialité assumée, », l’architecte franco-autrichien Dietmar Feichtinger espère tirer le meilleur parti du béton, du métal et du bois, pour réussir l’intégration urbaine et paysagère du parc expo de Strasbourg, chiffré à 180 millions d’euros TTC. Sur deux niveaux structurés en poteaux et poutres, le socle de béton accueillera les voitures des visiteurs. Au-dessus, une structure métallique portera les quatre halles dont une en tranche conditionnelle.
« Pour donner une finesse maximale aux poutres de 100 m de portée, le couple poteau tirant équilibrera les efforts de traction et de compression, comme nous l’avons montré à Paris avec la passerelle Simone de Beauvoir », explique l’architecte choisi cet été, parmi les 98 candidatures au concours de la communauté urbaine de Strasbourg. L’équipe de maîtrise d’œuvre associe SNC Lavalin, Vogt, Etamine, Projet & Perspectives, ON, Margaret Gray et Peutz & Associés.
Ambiance bois
Support de panneaux photovoltaïques, le métal régnera également en toiture, dans des « feuilles » pointues de 9 m de long à faible pente : l’architecte évite de prononcer le mot « shed », pour désigner cette composition élégante et fonctionnelle, qui apportera la lumière du nord – facile à occulter par des stores en cas de besoin - et le système de ventilation naturelle. En sous-face de ces feuilles, les lattis de bois donneront l’ambiance intérieure. Ce plafond dissimulera le système d’absorption acoustique, mis au point avec Peutz & Associés. Sa forme favorisera la diffusion de l’air soufflé, grâce à l’effet coanda qui permet de s’affranchir des gaines fermées. L’éclairage nocturne favorisera la lecture d’une composition pensée comme un origami.
Sans autre couleur que celle des matériaux, l’architecture dialoguera avec la végétation agencée par l’équipe londonienne du paysagiste Vogt, de Zürich. « Sans artifice graphique et sans recours à des produits chimiques, ils savent réaliser des jardins qui poussent, en phase avec notre architecture très épurée », commente Dietmar Feichtinger. Cette dimension du projet prendra toute sa force le long du canal aménagé en promenade, et où prendront place les entrées secondaires des halls deux et trois, accolés sur une longueur totale de 300 m : comme il l’a montré récemment au centre-ville de Montreuil, l’architecte refuse le concept de « façade arrière ».
La logistique au centre
Corollaire de ce choix, la logistique se concentrera dans l’espace central entre les quatre halles. Cette configuration rend possible tous les scénarii d’utilisation de ces dernières, comme lieux d’exploitation ou d’exposition. Avec son emmarchement, l’espace central lui-même pourra remplir des fonctions techniques ou scéniques. La création d’un accès pompier à l’étage, à partir de cette place, renforce la liberté du concepteur. Complément de ce tour de force intérieur, un bâtiment signal orientera la vision lointaine de l’équipement : au-dessus de l’avenue Herrenschmidt qui structure le quartier du Wacken à la jonction entre le centre-ville et les faubourgs nord, un porche jouera le rôle de lieu d’accueil. Des espaces de restauration coifferont ce bâtiment signal, qui offrira des vues vers la ville, mais aussi vers les Vosges.
Ce porche assurera la liaison et matérialisera la synergie avec le palais de la musique et des congrès dont le chantier d’extension démarre en même temps que les ordres de service pour l’avant-projet sommaire du parc expo : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault posera le 6 septembre la première pierre du palais, confié au strasbourgeois Rey-Lucquet. L’imbrication des deux équipements laisse prévoir un bel exercice d’interface architecturale.
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