
Eclairage: « Le virage de la led ne fait que commencer »
Propos recueillis par Laurent Miguet | le 12/03/2019 | eclairage, Eclairage urbain, Biodiversité, led
Membre de la Commission Eclairage public du Syndicat des entreprises du génie électrique et climatique (SERCE), Romain-Gaël Richard détaille la feuille de route de cette organisation rattachée à la Fédération nationale des travaux publics, sur la voie de la transition énergétique, écologique et numérique. Selon lui, « le virage de la Led ne fait que commencer ».
Comment vos adhérents contribuent-ils à la réduction de la facture d’éclairage public des collectivités locales ?
Le passage aux leds nous a fait franchir un vrai gap technique, grâce à leur efficacité : par rapport aux lampes classiques qui utilisent des technologies vieilles de 30 à 40 ans, il est facile de réduire la puissance. Leur impact se révèle encore plus important à l’échelle d’un parc, ce qui permet de moduler l’éclairage dans l’espace et le temps, les deux effets étant complémentaires.
Comment actionner ce second levier ?
Depuis une dizaine d’années, les marchés de performance énergétique conditionnent la rémunération des entreprises au respect de leurs engagements. Cet outil contractuel nous aide à changer d’approche : au lieu d’appréhender l’éclairage point par point, nous appliquons des schémas directeurs avec leurs priorités, par exemple le remplacement des sources vétustes et énergivores ou la lutte contre les nuisances lumineuses. Paris a ouvert cette voie, suivie par de nombreuses villes, grandes et moyennes. Dans la plupart des cas, ces marchés génèrent 40 à 60 % d’économies d’énergie en huit à dix ans, sans perte de la qualité de service due aux usagers. Ce processus ne fait que commencer.
Que répondez-vous aux associations qui dénoncent les dangers de la led ?
On entend tout et n’importe quoi à propos des températures de couleur, qui suscitent des désaccords entre les spécialistes. Mais je retiens surtout que la Led, avec une puissance donnée, permet de doser et de diriger la lumière en fonction des besoins.
Avec un flux lumineux orienté vers le sol, l’éclairage rénové de Fontaines-les-Dijon contribue à réduire les nuisances lumineuses
Participez-vous à la mise en place de trames noires, pour lutter contre la pollution lumineuse ?
Ces trames noires découlent des schémas directeurs : les collectivités déterminent un équilibre à atteindre entre la sécurité du piéton et la préservation de la biodiversité, en respectant la vie nocturne de la faune et de la flore, dans les sentiers, chemins ou boisements peu fréquentés. A Viry-Châtillon, dans l’Essonne, la trame noire s’applique autour du lac fréquenté par les oiseaux migrateurs. En bordure de forêt, l’éclairage détecte le piéton ou le cycliste. Fins connaisseurs du métabolisme urbain, les concepteurs lumière contribuent à la recherche des bons compromis.
Quels nouveaux défis techniques pressentez-vous pour les années à venir ?
A l’avenir, la télégestion permettra de dimensionner l’éclairage pour un usage d’aujourd’hui, tout en permettant d’intégrer de nouveaux services dans le futur, au rythme des requalifications de l’espace public décidées par les collectivités. Il s’agit de solutions innovantes qui répondent aux enjeux de la transition énergétique et numérique.
La gestion à distance ne permettrait-elle pas à l’usager de commander un service personnalisé, par exemple pour faciliter le guidage de personnes handicapées ?
Oui, les technologies peuvent le permettre cependant il persiste des difficultés liées à l’interopérabilité des technologies. Le SERCE aide les pouvoirs publics à définir des préconisations dans ce sens. Il incite les industriels du luminaire à adopter des technologies communes et partagées. L’espace public aurait besoin de l’équivalent du protocole IP, qui existe dans les bâtiments.