Du chanvre pour les étudiants de Champs-sur-Marne
L’agence parisienne Belus & Henocq signe la rénovation complète de la Ferme Haute, une bâtisse du 17e siècle que la région Ile-de-France transforme en Maison des étudiants.
Pierre Pichère
Souple et perméant à la vapeur d’eau : le béton de chanvre présente toutes les qualités recherchées par les architectes de l’agence Belus & Henocq. Missionné pour transformer en Maison des étudiants la Ferme Haute de Champs-sur-Marne, datant du 17e siècle et typique des fermes fortifiées de la Brie, le cabinet a retenu ce matériau pour l’isolation des murs. La projection à même le support ancien du mélange de chaux et de chanvre, la solution Chanvribat de BCB Tradical, a été assurée par l’entreprise Artisan Maçonnerie Traditionnelle (AMT), installée en Seine-Maritime et fondée en 2007 par l’ECO Artisan Christophe Lagnel. Une épaisseur de 14 à 18 cm habille les murs de pierre. L’artisan a aussi procédé au lissage à la truelle japonaise de l’enduit de finition chaux-chanvre Tradical PF 80 M. L’association béton de chanvre et enduit chaux-chanvre répond aux préconisations des règles professionnelles en vigueur. Elle porte la résistance thermique de la paroi à 1,8 (m².K/W), avec une continuité de l’isolation. Les qualités acoustiques du produit intéresseront aussi les étudiants. Cette Maison accueillera en effet une cafétéria, un espace de documentation, une salle de musique… bref, autant de lieux où l’on recherche tour à tour le son maximal et le silence complet. La présence de fibre renforce par ailleurs la résistance à la fissuration, un facteur déterminant pour ce bâtiment construit sur des marnes vertes et donc soumis à d’importants mouvements de terrain.
Gros œuvre
La nature argileuse du terrain a aussi conduit à des reprises de gros œuvre, confiées à l’entreprise Aquitaine Fondation. Des pieux de 16,60 m de longueur supportent les charges du bâtiment, dont certaines parties s’étaient effondrées. Les chaînages des murs ont été repris à l’aide de fibres de carbone, un matériau contemporain de plus en plus utilisé pour les rénovations en patrimoine.
Certaines parties de bâtiment, trop abîmées, ont été reconstruites. Le chantier intègre aussi la fabrication de porches en bois habillant les entrées, dans l’esprit de la tradition des fermes briardes.
Lumière et confort
Régulateur d’hygrométrie, le béton de chanvre contribue à maintenir une température constante dans l’enceinte du bâtiment. Mais cet effet aurait pu être annulé par les choix architecturaux. Afin de ne pas dénaturer les façades, les architectes ont en effet choisi de ne pas agrandir les ouvertures existantes, petites dans ce bâtiment fortifié. La lumière naturelle arrive donc par les plafonds. Les toits ont été habillés de bacs intégrant des vitrages. Le risque de surchauffe était donc réel ! Pour le maîtriser, les architectes ont fait le choix d’une résille métallique en toiture, jouant l’effet de brise-soleil tout en laissant passer la lumière. Une démarche qui introduit de la modernité dans ce bâtiment ancien, tout en accompagnant l’effet régulateur du béton de chanvre.
Entièrement financé par le Conseil régional d’Ile-de-France, ce chantier d’un montant de 6 millions d’euros s’inscrit dans le contrat de projet 2007-2013 et vise la certification NF Bâtiment tertiaire – démarche HQE.
Du chanvre pour les étudiants de Champs-sur-Marne
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir