Devillers et Associés planchera sur le Scot de la métropole Aix-Marseille-Provence
La métropole Aix-Marseille-Provence a confié à un groupement conduit par l’agence D&A l’élaboration de son Scot métropolitain. Elle souhaite le soumettre à l’approbation des élus en 2022.
Christiane Wanaverbecq (Bureau de Marseille du Moniteur)
\ 12h24
Christiane Wanaverbecq (Bureau de Marseille du Moniteur)
Deux ans après sa création, la Métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) mobilise ses troupes pour un schéma de cohérence territoriale (Scot) métropolitain arrêté en 2021 et approuvé au plus tard en 2022.
Elaboré en s’appuyant sur les cinq Scots existants sur le territoire (voir focus ci-dessous), il devra tenir compte d’une gouvernance multiple. Le maire de Marseille et président d’AMP, à l’époque sénateur, le LR Jean-Claude Gaudin, avait en effet obtenu de l’Etat la création de six conseils de territoire, émanation des anciens EPCI aujourd’hui intégrés à la métropole: Pays d’Aix, Pays d’Aubagne, Pays Salonais, Marseille Provence, Istres Ouest Provence et Pays de Martigues.
Faire lien
Premier enjeu de ce Scot métropolitain: tisser du lien sur un territoire multipolaire (92 communes) aux dimensions XXL. Sur le territoire de 3 173 km2 vivent près de 1,9 million d’habitants: un espace quatre fois plus grand que celui du Grand Paris (3 173 km2, dont 819 km2 pour la capitale). «Cela, déjà, est une spécificité. 1,9 million d’habitants, c’est énorme. Bien au-dessus d’autres Scots en France», a souligné Marie Evo, directrice du pôle Territoires et mobilité chez Devillers et Associés, qui a été missionnée en groupement avec Jérôme Dubois, EAU, I&P, pour accompagner la collectivité dans l’élaboration du document. Le marché comprend la conception et la rédaction du projet d’aménagement et de développement durables (PADD), ainsi que du document d’orientations et d’objectifs (DOO). Enfin, l’équipe de maîtrise d’œuvre est chargée d’épauler la direction de la stratégie et de la cohérence territoriale dans l’organisation de la concertation.
Le groupement n’est pas en terre inconnue. En 2015, l’agence D&A était à la tête d’une des trois équipes pluridisciplinaires chargées de plancher sur le projet métropolitain par la mission interministérielle pilotée par Laurent Théry.
Co-construction
Pour cette nouvelle mission, son groupement va s’appuyer sur d’autres contributions. L’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) et l’agence d’urbanisme du Pays d’Aix Durance (Aupa) vont dresser le diagnostic du territoire. Le groupement Acer Campestre (en groupement avec Médiaterre, Climat Mundi, Eric Giroud Paysagiste) fera l’évaluation environnementale. Enfin, le cabinet Adden Avocats aura en charge l’assistance juridique. Ils ont tous comme maître mot la co-construction. «C’est la construction métropolitaine qui est en jeu. Nous voulons éviter que le Scot se résume à des chiffres de consommation d’espaces. C’est avant tout un projet collectif fait avec et pour les gens qui vivent sur ce territoire. Nous allons pour ça rencontrer les élus afin de faire émerger les prises de position de chacun et les dynamiques du territoire», insiste Marie Evo.
«De la métropole à la commune, c’est plus de 2 000 élus qui sont concernés par la démarche. Nous devons travailler avec eux, en associant les acteurs forts de notre territoire», complète Cyril Blanc, directeur de la Stratégie et de la cohérence territoriale.
Atelier méthodologique
L’atelier méthodologique qui a réuni, ce vendredi 16 février à Marseille, une vingtaine de techniciens en charge de la planification urbaine, ainsi que les équipes qui pilotent d’autres démarches métropolitaines structurantes (Plan de déplacements urbains, etc.) a été un premier acte de l’équipe de maîtrise d’œuvre. Pensé dans une logique d’ouverture, il a permis de présenter les retours sur expérience d’autres métropoles (Bordeaux, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nantes-Saint- Nazaire et Toulouse), de prendre du recul pour affiner la méthode d’élaboration et, enfin, d’explorer les différentes hypothèses du niveau prescriptif nécessaire grâce aux témoignages d’experts.
Alain Bourdin, urbaniste sociologue, a, par exemple, exprimé l’idée que «l’un des enjeux du Scot est l’organisation de la vie quotidienne des habitants. La vie quotidienne ne se réduit pas à la dimension du travail, trop souvent seule prise en compte, notamment en matière de déplacements, mais comprend aussi l’activité scolaire, la consommation, les loisirs, la vie sociale».
Proximité, bassin de vie et lieux de plaisir
Et l’urbaniste de distinguer les trois échelles constitutives des modes vie contemporains: «celle de la proximité, constituée de microcentralités, celle du bassin de vie, l’échelle la plus variable liée à la satisfaction des besoins et celle de la destination, avec les lieux où l’on va d’abord pour le plaisir».
Dans un territoire multipolaire comme celui d’AMP, «tout le défi du Scot réside moins dans la capacité d’articulation de ces différentes échelles selon un schéma centre-périphérie traditionnel que dans la capacité à mailler l’espace avec un réseau de centralités intermédiaires», ajoute Alain Bourdin. Des premières réflexions qui seront utiles sur un territoire à la recherche de cohérence.
Pour l’heure, avant le débat sur le PADD prévu en 2019 et le rendu du DOO en 2021, la prochaine étape sera, à la mi-mai, la tenue de la conférence rassemblant les élus autour d’Henri Pons, vice-président en charge du Scot, et ouverte aux principaux acteurs du territoire.
Un territoire contrastéLa métropole AMP couvre un territoire de 3 148 km2 englobant 92 communes des Bouches-du-Rhône (dont Aix-en-Provence et Marseille), une commune du Var (Saint-Zacharie) et une commune du Vaucluse (Pertuis). Elle accueille 1,841 million d’habitants et 735 5OO emplois (Insee).
Selon une étude réalisée par l’Insee en 2O15, l’aire métropolitaine marseillaise doit surmonter de nombreux défis. Sur un territoire «fragmenté» avec des zones très riches et d’autres très pauvres, le revenu fiscal médian par ménage sur le Pays d’Aix est 25% supérieur à celui sur l’ex-communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM).
Malgré ses «paysages variés, alliés à un climat clément», la métropole méridionale est «de moins en moins attractive», soulignait cette même étude. «Sur cinq ans, 143 5OO habitants ont quitté le territoire», vers le reste de la région Paca notamment, «et seuls 131 OOO y sont arrivés», principalement du nord de la France, est-il écrit dans la note.
En 2O4O, en prolongeant les tendances, la métropole devrait compter «entre 1,88 et 2,15 millions d’habitants selon les scénarios de projection». Comme partout ailleurs, l’Insee pointait le vieillissement attendu de la population. «Le nombre des plus de 6O ans devrait augmenter de 41% et celui des 8O ans ou plus doubler». Du fait de la diminution tendancielle de la taille des ménages, «le nombre de ménages, et donc de logements, devrait augmenter plus vite, de +O,6% par an».
Dans ces conditions, et sauf si le déficit migratoire s’accentuait, «la pression foncière risque de se poursuivre, en particulier sur les espaces agricoles», observait l’étude, qui notait qu’AMP devra «essayer de rééquilibrer progressivement l’attractivité aujourd’hui différenciée au sein de son territoire, en maîtrisant l’urbanisation diffuse et consommatrice d’espace».
Une intégration progressive de la compétence urbanismeL’élaboration du Scot devra tenir compte d’une autre spécificité de la métropole phocéenne: l’intégration progressive de la compétence urbanisme. L’Epci a en effet récupéré la gestion pleine et entière des documents d’urbanisme ce 1er janvier 2O18, deux ans après sa création. Ce transfert concerne 9O procédures en cours: 42 modifications de PLU, 28 révisions, sept mises en compatibilité, un PLUI (à l’échelle des 18 communes de l’ex-communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole), un règlement local de publicité (RLP) intercommunal et huit RLP communaux et trois aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (Avap). Autant de dispositifs réglementaires dont les maires ne seront pas exclus. Ces derniers garderont un droit de regard sur la mise en œuvre de ces documents réglementaires via l’échelon des conseils de territoire, émanations des six Epci regroupés au sein d’AMP. Des instances dépourvues de personnalité juridique mais qui, selon un amendement Gaudin à la loi NOTRe, seront chargées d’élaborer chacune un PLUI.
Cinq ScotsScot de l’agglomération du Pays d’Aix (36 communes);
Scot de l’agglomération de Salon-de-Provence (Agglopole; 17 communes);
Scot de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (18 communes);
Scot du Pays d’Aubagne et de l’Etoile (12 communes);
Scot conjoint du Pays de Martigues (trois communes) et de l’agglomération Ouest Provence — ex-syndicat de la ville nouvelle Ouest Provence — (six communes).
Devillers et Associés planchera sur le Scot de la métropole Aix-Marseille-Provence
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