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Raphaëlle Saint-Pierre | le 28/09/2018 | Logement, Haute-Garonne, Hérault, Paris, Logement social
Logement social -
Cet ensemble de dix appartements joue avec les archétypes locaux, à Valras-Plage.
En été, le tout-Béziers se précipite à Valras-Plage, mais la station balnéaire de l'Hérault manque cruellement de foncier. Entre les résidences secondaires, les aires de camping et les zones rendues inconstructibles à cause des fréquentes et dévastatrices inondations, les élus parviennent difficilement à appliquer la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) qui exige de la part des communes 25 % de logements sociaux, alors même que 74 % des Valrassiens y sont éligibles. Dans ce contexte, la mairie décide en 2013 de vendre, pour un euro symbolique, au bailleur social Béziers Méditerranée Habitat, un terrain d'environ 1 500 m2 situé à une centaine de mètres de la plage. La parcelle, disposée en U autour d'un forage, abrite un bâtiment des services techniques de la ville promis à la démolition. L'architecte Laure Saunier, dont l'agence se partage entre Béziers et Paris, se voit confier l'opération de dix logements sociaux, ainsi que la construction d'un nouveau centre technique municipal, sur un autre terrain.
Grandes maisons. « Je voulais installer une transition volumétrique entre le quartier pavillonnaire et les petits immeubles de logements alentour », explique l'architecte. Pour ce faire, elle décompose le programme en deux corps de bâtiments abritant chacun cinq logements : deux T 2 au rez-de-chaussée surélevé, deux T 3 au premier et un T 3 traité à la manière d'une maison individuelle de 60 m2, posé sur le toit. Le principe est inspiré des villas valrassiennes des années 1950-1960 qui, avec le temps, ont été subdivisées en plusieurs logements indépendants superposés. Le vide entre les deux volumes accueille les circulations et les dégagements extérieurs, dissimulés par une maille en acier galvanisé.
« L'escalier commun est en structure légère pour ne pas donner la lecture d'un logement collectif massif mais plutôt celle de deux grandes maisons familiales et rester à l'échelle de la commune. » Les loggias et les terrasses, qui s'étendent au sommet des deux blocs, possèdent des garde-corps pleins, évitant ainsi la pose de canisses ou la vision d'un bric-à-brac d'objets, souvent entreposés dans ces espaces extérieurs privés.
Afin de respecter la réglementation du Plan de prévention des risques d'inondation (PPRI), le rez-de-chaussée est surélevé de 80 centimètres au-dessus d'un vide sanitaire, et une rampe permet l'accessibilité PMR. Pour rester dans l'enveloppe budgétaire, Laure Saunier choisit une structure en poteaux-poutres béton, un remplissage en briques isolantes, des planchers en prédalles béton et des menuiseries en PVC. Le PLU impose des tuiles en couverture et interdit les toitures terrasses mais l'architecte minimise cette contrainte.
Risque inondation oblige, le rez-de-chaussée est surélevé de 80 cm
« J'ai remonté l'acrotère sur les pignons des maisons posées sur les toits pour dissimuler en partie les tuiles. Cette demande a aussi motivé ma décision de mettre de la terre cuite sur les façades. » Revêtues d'un enduit blanc, elles sont rythmées de bandeaux en briques pleines, couleur de tuiles. « Dans la région, c'est la guerre avec Toulouse donc, normalement, les habitants ne veulent pas des briques qu'ils assimilent à la Ville rose !, précise l'architecte. J'avais envie d'un bâtiment graphique, qui sorte de l'enduit saumon qui a envahi le sud de la France, mais dans ce contexte régionaliste, il est difficile d'apporter une réponse contemporaine… »
Maître d'ouvrage : OPH Béziers Méditerranée Habitat. Maître d'œuvre : LS Architectures. BET structure : Aigoin. BET : Durand (fluides), Cedat BTP (économiste). Entreprises : Eiffage Route Méditerranée (VRD) ; Chkaf (gros œuvre, enduits façades) ; ECFM (étanchéité). Surface : 620 m2 SP. Montant des travaux : 837 652 euros HT (avec VRD).