Des zones d'activité à l’heure de la mobilité durable
Defawe Philippe
Le premier plan de déplacements interentreprises (PDIE) du Bas-Rhin vise à trouver des alternatives à l'utilisation de l'automobile dans des zones d’activités de la périphérie de Strasbourg.
L’Espace européen de l’entreprise et la zone du Mittelfeld, sites phares du développement économique de l’agglomération de Strasbourg avec 5300 salariés dans 387 entreprises se mettent à l’heure du pétrole cher. Entre les utilisateurs, l’aménageur, les collectivités, l’Etat et les établissements consulaires, un consensus s’est noué en 2007 autour d’une "charte d’engagement des partenaires". La chambre de commerce et d’industrie de Strasbourg et du Bas-Rhin a joué le rôle de catalyseur, à travers une étude préalable qui affiche son objectif dès son préambule : "Etudier la question de l’accessibilité des zones d’activités par des modes de déplacements alternatifs aux véhicules individuels, pour des raisons économique, environnementale et de sécurité routière". L’engagement dans une démarche reproductible s’est traduit par le recrutement du premier "chargé de mission PDIE" (voir encadré) intégré dans une chambre de commerce française, exemple suivi depuis lors par Orléans.
Dès cette année, en application de la charte d’engagements, le cadencement des bus s’est amélioré. Loin de nuire à la dynamique, l’alternance de 2008 à la tête de la Communauté urbaine a renforcé la détermination des élus : "La communauté urbaine a dégagé les crédits d’études pour construire une passerelle cyclable à l’horizon 2011-2012, à la place du pont de Hausbergen identifié comme un point noir", annonce Raphaël Nisand, maire de Schiltigheim et vice-président de la Communauté urbaine de Strasbourg (Cus) chargé des zones d’activités. Francis Raul, président de la Sem municipale E puissance 3, chargée de l’aménagement du site de 96 ha, a officiellement demandé à la Cus de prolonger la ligne D du tram, jusqu’à l’entrée de la zone.
Responsabilités partagées
"Les décisions à prendre en terme d’aménagement se situent surtout à l’extérieur du périmètre de la zone", estime Samuel Maillot, responsable de l’antenne strasbourgeoise du spécialiste suisse des transports doux Roland Ribi et Associés. L’étude pointe également les responsabilités des utilisateurs : alors que les voitures ne manquent jamais de places pour se garer, les abris à vélo disponibles ne couvrent pas les besoins des cyclistes qui génèrent déjà 4 % des trajets réguliers… Et bientôt beaucoup plus, si le PDIE tient ses promesses.
Laurent Miguet (bureau du Moniteur de Strasbourg)
* Le Moniteur a animé la table ronde qui présente le bilan et les perspectives du PDIE, ce 16 septembre à Schiltigheim, dans le cadre de la semaine européenne de la mobilité (16- 22 septembre).
Joël Steffen, chargé des plans de déplacements Entreprise et Inter-entreprises à la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin : "Une réponse collective au pétrole cher"
"Aujourd’hui facultatifs, les plans de déplacement d’entreprises ou interentreprises vont de plus en plus s’imposer, comme le montre déjà l’exemple de la région bruxelloise. Ces plans peuvent contribuer à diminuer l’impact du prix du pétrole sur le pouvoir d’achat des salariés. La dimension collective du PDIE donne aux petites structures la chance de bénéficier d’une dynamique commune. L’effet de masse ouvre la voie à des conditions préférentielles pour l’accès aux modes de transport collectifs. La réduction de l’utilisation de l’automobile rejoint l’objectif d’économie foncière affiché par les politiques publiques".