
Des pavés à base de coquillages
E.L | le 21/09/2011 | France entière, Technique
Le laboratoire de recherche sur les matériaux de l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs des Travaux de la Construction de Caen travaille à la fabrication d'un pavé drainant à partir de coquillages.
Démarré il y a deux ans, baptisé Vecop et labellisé par le Pôle de compétitivité Mer Bretagne, le projet du laboratoire de recherche de l'ESITC de Caen consiste à substituer une part des granulats d’origine minérale entrant dans la composition d’un pavé par des coproduits coquilliers marins. D’ après Mohamed Boutouil, Directeur de la recherche au sein de l’ESITC, il est possible de remplacer jusqu’ à 40% de granulats minéraux par des coquillages.
Produit de l’écologie industrielle
Pour mener à bien le projet, l'Ecole d'ingénieurs s'est entourée d’entreprises et travaillera avec l'Université de Caen Basse-Normandie. Au final, le pavé devrait être le fruit d’un exemple original d’écologie industrielle.
Slipper Limpet Processing et Granvilmer commercialisent la chair de mollusques. Le projet offrant un débouché aux résidus de leurs activités - les coquillages - elles travailleront à l’amélioration de leurs process de décorticage. Veolia Propreté se chargera du traitement des coquilles décortiquées (nettoyage et broyage) et espère pouvoir ainsi récupérer les résidus de chair, non utilisés par l’industrie agroalimentaire, pour en faire du compost. Enfin, également partenaire, Point P devrait produire sur un de ses sites le futur pavé.
"Le projet pourrait ainsi à terme contribuer au développement, dans les régions Basse-Normandie et Bretagne, d'une filière de valorisation des coproduits coquilliers marins issus des activités de pêche et de l'aquaculture" résume Mohamed Boutouil. Ce nouveau process apporterait aussi, selon lui, "une solution pour contrer la prolifération des crépidules". Cette espèce invasive est présente sur tout le littoral breton/bas-normand/vendéen, mettant en péril les coquillages traditionnels.
Offrant des sols perméables
Permettant la constitution d'un sol perméable, le pavé est destiné à des aménagements urbains à faible trafic : trottoirs, bordures, places ou rues piétonnes. Afin d'atteindre les performances techniques requises, le travail du laboratoire va consister à sélectionner les coproduits coquilliers afin d'en améliorer, grâce à des phases de prétraitement, leurs qualités physico-chimiques et minéralogiques. L'équipe de chercheurs développera également les processus industriels de fabrication et de mise en œuvre du futur pavé. La date de lancement sur le marché de ce nouveau produit est prévu début 2015. Observant que « la France est en retard dans la production de pavé », Mohamed Boutoil envisage ensuite que son produit puisse rapidement représenter jusqu’ à 10% du marché.