Des mots d'auteurs sur l'architecture (2/5) : Aurélien Bellanger
L’architecte est-il le seul à pouvoir parler d’architecture ? La question est permise au moment où les professionnels s’apprêtent à prendre la parole lors de la clôture des premières universités d’été de l’ordre des architectes, à Marseille le 16 octobre mais aussi les 17 et 18 octobre, à l’occasion de la 2e édition des « 24 heures d’architecture », dans la même ville. Quelques semaines après la rentrée littéraire, « Le Moniteur » a proposé à cinq romanciers d’évoquer leurs liens avec les bâtisseurs de villes. Jusqu’au 16 octobre, ces auteurs livreront leur définition de la discipline. Ils parleront des objets de leur fascination, sans oublier de rappeler leurs attentes. Aujourd’hui, Aurélien Bellanger. «L’Aménagement du territoire», son deuxième roman paru chez Gallimard en août, relate – entre autres – les luttes de pouvoir autour de la construction de la LGV Ouest.
M-D.A
« J’aime bien l’architecture parce que c’est un bon sujet de polémique, et nos réactions sont souvent assez épidermiques face aux architectes. Nous adorons les détester. Mais c’est aussi un champ très intimidant. A feuilleter des revues et des livres d’architecture, on réalise qu’ils réunissent tous les snobismes : celui de la mise en page, celui de la photo, mais aussi celui de la typographie. On a alors le sentiment qu’il faut être hyperbranché pour comprendre ou alors, c’est qu’on n’y connaît rien…
« L’obligation d’incarner la modernité »
Mais cela tient aussi au fait que cet art, de par son histoire au XXe siècle, a l’obligation d’incarner la modernité. L’architecture doit être au diapason de tout ce qui se fait de plus nouveau et à tous les niveaux. C’est un poids énorme sur les épaules de l’architecte, que je vois surtout en tant qu’artiste : il doit être l’homme le plus avancé de son temps. Mais de l’extérieur, il donne finalement l’impression qu’il vend aujourd’hui moins sur la qualité intrinsèque de son travail que sur l’aura de « cool » qu’il y a autour de son œuvre. En ce sens, Frank Gehry est un fétiche de modernité et de puissance. Sa Fondation Louis-Vuitton pour la création, à Paris, est incontestablement belle, mais je ne vois pas ce qu’elle apporte au-delà de son caractère « show-off », techniquement dangereux pour les imitateurs. A l’inverse, j’ai vécu une de mes plus grandes émotions de ces dernières années en découvrant les Espaces d’Abraxas, les logements de Ricardo Bofill, à Noisy-le-Grand. Au-delà de leur côté spectaculaire évident, tout ce que j’ai vu là-bas exprimait l’intelligence, l’envie de jouer, le plaisir de la découverte. »
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