Des ardoises photovoltaïques coiffent une église alsacienne
Une petite commune alsacienne, modèle de gestion écologique, coiffe son église d' "ardoises photovoltaïques" et de tuiles issues du recyclage de bouteilles plastiques.
eric Leysens
Le maire de Manspach, commune alsacienne de 537 habitants, n'en est pas à son premier coup d'éclat écolo. Maire depuis 1983, Dany Dietmann a fait remplacer, il y a 20 ans, l'ancienne station d'épuration par un système de phytorestauration. Pour éviter la pollution de la rivière, il a interdit la culture de maïs le long de celle-ci ; et pour répartir les nuisances provoquées par d'éventuelles inondations, il a recréé des méandres. A la suite de quoi, preuve de l'adhésion des Manspachois, il avait remarqué que chaque nouveau restaurant s'appelait du nom de la rivière "Largue".
Egalement, les habitants de sa commune payent la collecte de leurs déchets non recyclables en fonction du poids de leur poubelle lors du ramassage. Les bouteilles en plastique sont, quant à elles, envoyées à Colmar pour être rachetées par des entreprises de recyclage. Ce qui fait dire au maire que les tuiles autrichiennes en polyéthylène recyclé que les ouvriers viennent de poser sur le toit du chœur de l'église ont été conçues à partir du recyclage des ordures ménagères de la commune.
L'édifice religieux du village, en cours de réhabilitation, sera la troisième église de la région, après celles de Roggenhaus et Leutenheim, a être coiffée d'une toiture photovoltaïque.
Les pans est et ouest de la nef seront recouverts de 462 « ardoises photovoltaïques » qui assureront une production annuelle d'électricité estimée à plus de 35 000 kWh. De plus, l'isolation avec 40 cm de ouate de cellulose du toit de l'eucharistie achèvera d'en faire un lieu de culte écologiquement exemplaire.
Père Raymond : "on se sert de l'astre que Dieu a créé pour lui chiper un peu d'énergie"
L'arrivée du photovoltaïque sur les églises alsaciennes s'explique notamment par le statut particulier qu'ont les lieux de culte dans la région. N'ayant pas connu la scission entre l'Eglise et l'Etat, l'entretien des bâtiments religieux revient à la Mairie. C'est donc dans le souci de respecter la réglementation sur le désamiantage des bâtiments publics que le maire a lancé un appel d'offre pour la réfection de la toiture en amiante-ciment.
"Coincé entre l'obligation concordataire et le réalisme financier des contribuables, le conseil municipal choisit de se tourner vers le ciel pour trouver une solution". Le maire sait bien que ses « concitoyens laïcs » ont plus de difficulté à appréhender la rénovation d'une église que celle d'une école. Aussi, quand il leur a dit que la revente de l'électricité produite par les panneaux permettra de payer les travaux, ils ont été rassurés.
Du côté des croyants, le père Raymond, prêtre de la paroisse, ravi de voir son église "plus belle qu'avant", n'a pas d'inquiétude concernant l'adhésion des fidèles à cette nouvelle toiture solaire. Il la trouve même parfaitement en accord avec le message du clergé.
L'église n'étant pas classée, les architectes des Bâtiments de France ne sont pas intervenus. De manière à ce que cette expérience puisse faire jurisprudence par la suite, le maire de Manspach compte bien la faire classer une fois coiffée de photovoltaïque.
Des ardoises photovoltaïques coiffent une église alsacienne
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