Demain, les éoliennes seront invisibles

Soutenues par le géant d’Internet Google, l’automobiliste Tata ou encore la compagnie aérienne KLM, plusieurs start-up américaines et européennes s’apprêtent à commercialiser des équipements novateurs qui se passent de mâts et de pales pour transformer le vent en électricité.

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Demain, les éoliennes seront invisibles
Observer les rotations de la machine conçue par la start-up californienne Makani donne l’impression d’être en face d’une éolienne devenue invisible.

« Mettez au large ces éoliennes que je ne saurais voir ». Jusqu’à aujourd’hui la seule alternative proposée aux champs d’éoliennes terrestres est l’éolien dit offshore.

Mais demain, l’éolien n'ira plus de paire uniquement avec un mât blanc géant. Plusieurs sociétés sont en passe d’industrialiser de nouveaux équipements qui transformeront les nœuds en watts sans froisser la sensibilité des défenseurs de la virginité de nos paysages.

Faire flotter les éoliennes dans les airs

Outre-Atlantique, deux anciens étudiants du prestigieux Massachusetts Institute of Technologies ont imaginé envoyer des micro-éoliennes classiques à trois pales à trois cents mètres au-dessus de nos têtes, en les logeant au milieu d’un aéronef cylindrique gonflé à l’hélium.

Les deux ingénieurs, qui ont fondé une société baptisée Altareos Energies en vue de commercialiser leur concept, disent s’être inspirés des aéronefs qui servaient auparavant à mettre en altitude des moyens de communication. Présentant leur éolienne flottante comme une alternative aux groupes électrogènes, ils visent, dans un premier temps, les sites éloignés des réseaux électriques. Le groupe industriel indien Tata, connu pour sa production d’automobiles et leader dans le développement de projets éoliens en Inde, croit au concept et soutient financièrement la start-up américaine. Un premier prototype a déjà été testé à 150 mètres au-dessus du sol, dans des vents circulant à 70 km/h. Et un pilote de la version qui sera commercialisée va prochainement se mesurer aux vents soufflant à 300m au-dessus du sol gelé de l’Alaska. Equipé de capteurs, il change de hauteur de manière à se positionner à l’altitude où le vent souffle le plus fort.

La force de leur invention est d’aller chercher des vents qui soufflent à plusieurs centaines de mètres au-dessus de nos têtes, plus constants et plus forts que ceux que nous connaissons à ras du sol. « Les vents en haute altitude peuvent fournir plus de cent fois l’énergie dont nous avons besoin sur terre », affirme le professeur Ken Caldeira du Carnegie Institute for Science de l’université de Stanford.

Altareos Energies met également en avant la facilité de mise en œuvre. Pas besoin de fondations et de grues, le ballon éolien, transporté sur la remorque d’un camion, est envoyé dans les airs grâce à l’hélium et agrippé au sol avec trois câbles – dont un ramène les électrons produits dans les airs au sol. Mais les ingénieurs d’Altareos Energies ne sont pas les seuls à préparer des éoliennes légères, permettant d’éviter de lever plusieurs centaines de tonnes d’acier et de couler des centaines de mètres cube de béton. D’autres sociétés ont mis au point des systèmes, sans mât et sans pales, qui utilisent la force du vent pour mettre en mouvement un rotor.

Dessiner des ronds sans pales

Acquise par Google en 2013, la start-up californienne Makani ne vise pas les pays aux réseaux électriques peu développés mais compte directement débarquer dans nos campagnes pour y concurrencer les grandes éoliennes qui y poussent aujourd’hui. La première version à être commercialisée devrait être capable de produire les besoins électriques de 300 foyers américains, annonce la société.

Le concept repose sur un système aéroporté qui reproduit le mouvement des pales d’une éolienne. Ce « cerf-volant » permet de tracer des cercles de 250 mètres de diamètre, soit bien plus grand que ceux dessinés par les pales des plus grandes modèles d’éoliennes - une centaine de mètres. Ce qui permet d’aller chercher des vents plus forts en altitude. Fixé au sol via un câble relié à un rotor, en dessinant ces gigantesques ronds dans le ciel, il génère de l’électricité.

Le spectacle du prototype en fonctionnement donne l’impression d’être en face d’une éolienne devenue invisible.

Tout aussi original, le « Powerplane » conçu par la start-up néerlandaise AmpyxPower produit, lui, de l’énergie en dessinant des « huit » dans le ciel. Les inventeurs de cet engin volant, fixé au sol via un câble qui s’enroule et se déroule autour d’un rotor, peuvent s’appuyer sur le soutien financier de la Commission européenne et de la compagnie aérienne néerlandaise KLM.

Voile dessinant également des cercles dans le ciel de manière à mettre un rotor en mouvement au niveau du sol, le « kitesurf », producteur d’énergie élaboré par la start-up italienne KiteGen, a, lui, tapé dans l’œil de l’industriel saoudien Sabic, dont le cœur de métier est la chimie des polymères.

L’intérêt que portent tous ces grands groupes pour ces solutions novatrices laisse penser qu’elles ne resteront pas au stade de prototype. Mais l’absence des géants occidentaux de l’énergie sur ces nouveaux terrains d’expérimentation démontre que ce n’est pas demain la veille que ces équipements détrôneront la bonne vielle éolienne. Que les juristes spécialisés dans les questions d’environnement se rassurent : en attendant que la transformation du vent en électricité devienne quasi-invisible, les recours en justice contre les projets de champs d’éoliennes terrestres au nom de la défense du paysage continueront de s’empiler sur les bureaux des tribunaux …

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