Déchets de chantier : une démarche novatrice d’un groupe de négoce

Avec leur caractère diffus, les déchets de chantier posent le problème de leur collecte. Le négoce de matériaux apparaît alors comme l’acteur naturel. Certains l’ont bien compris. Le groupe Chavigny vient de s’en faire une spécialité grâce à une organisation huilée qui tient compte de ses clients artisans et de son activité industrielle.

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Déchets de chantier : une démarche novatrice d’un groupe de négoce
Déchetteries professionnelles automatisées en libre-service développées par le groupe Chavigny

Négoce généraliste et fabricant de béton prêt à l’emploi dans le centre de la France, le groupe Chavigny, 35 points de vente répartis sur les départements du Loir-et-Cher, de l’Indre-et-Loire, de l’Eure-et-Loir, du Maine-et-Loire, de la Sarthe et de la Vienne, a pris à bras le corps la problématique des déchets de chantier et de leur collecte. Une démarche qui vient à point nommé à l’heure où l’accès des entreprises du bâtiment aux déchetteries publiques tend à se réduire ou est particulièrement onéreux.

Pascal Chavigny, dirigeant avec sa sœur Anne du groupe, s’est particulièrement investi dans ce projet qui a demandé deux ans de travail, avec la collaboration de la société d'expertise et de conseil dans le montage et le développement de filières de valorisation des matériaux, Recovering. L’idée est d’apporter une solution globale à ses clients artisans, mais aussi de répondre à ses propres besoins pour son activité industrielle. « C’est la première fois qu’un négoce intègre à part entière l’activité déchets dans sa stratégie et décide lui-même de l’avenir de ses déchets », explique Jean-Yves Burgy, à la tête de Recovering. Une diversification qui semble toute tracée pour Pascal Chavigny : « Pour notre branche de travaux publics, nous récupérions et recyclions déjà les matériaux inertes. Concernant le bois, nous le récupérons en partie pour chauffer nos points de vente. Notre démarche n’est donc pas vraiment nouvelle. Et face à la difficulté d’installer de nouveaux centres ou carrières pour enfouir les déblais, la montée en puissance des déchets générés par le groupe, nous avons voulu aller plus loin et ainsi répondre à l’engagement concernant les déchets du bâtiment retenu dans le cadre du Grenelle de l’Environnement : la valorisation à 70% des déchets de construction d’ici 2020 ».

Service clé en mains

Le dispositif mis en place s’articule autour de deux axes principaux : le centre de tri et la collecte dans les négoces.
La plateforme de tri, bâtiment couvert de 1 500 m2 et 13 m de haut situé à 15 kms du siège du groupe à Vendôme (41), emploie trois personnes et s’est fixée un objectif ambitieux : atteindre d’ici la fin de l’année un taux de valorisation de plus de 60% pour dépasser les 90% par la suite. Si aujourd’hui, le tri se fait manuellement, la plateforme pourrait accueillir à terme une chaîne de tri automatisée. Cette activité, lancée en novembre dernier et gérée par la société Chavigny Recyclage complète une activité déjà plus ancienne de prise en charge des déchets du bâtiment (béton, bois, plâtre,….) via un parc de 120 bennes disposées sur les chantiers et de recyclage du béton et du bois. Les matériaux recyclés étant ensuite revendus à des constructeurs et des agriculteurs.

Le tri se fait aujourd'hui manuellement grâce à trois personnes dédiées
Le tri se fait aujourd'hui manuellement grâce à trois personnes dédiées

Centre d'apport volontaire et big bags

Si la plateforme est somme toute assez traditionnelle, l’originalité du concept repose sur la collecte des déchets et, pour une plus grande efficacité sur la combinaison de deux systèmes. L’idée consiste à développer des déchetteries professionnelles automatisées en libre-service et en parallèle à proposer des big bags.
Moyennant l’achat d’une carte magnétique (sous caution), les entreprises du bâtiment ont accès à ces centres d’apport volontaire, versent leurs déchets dans une fosse à pesons et reçoivent en fin de mois sur leur facture le montant correspondant des déchets déposés. De trois aujourd’hui (Vendôme, Blois et St-Pierre-des-Corps), ils pourraient passer à l’avenir à dix. L’objectif étant de mailler le territoire. L’intérêt pour les artisans est aussi de réaliser des économies. « Les solutions dans la région sont plutôt restreintes, souligne Jean-Yves Burgy de Recovering. Soit les artisans sont interdits de déchetteries publiques comme à Tours, soit ils paient très cher. A titre de comparaison, à Blois le m3 s’élève à plus de 30 euros (soit environ 150 euros la tonne) pour des déchets non dangereux, alors que dans la déchetterie automatisée, il faut compter 115 euros la tonne. Sans oublier les économies réalisées par les artisans sur leurs déplacements car ils déchargent là où ils chargent».

Logistique optimisée

Parallèlement, un système de big bags est proposé. Les entreprises du bâtiment achètent leur big bag dans leur agence, les remplissent des déchets de chantier et conviennent avec elle d’une date de collecte (n° d’appel indiqué sur le big bag). Le paiement sous forme de forfait en fonction de leur nombre, du kilométrage effectué et de la nature des déchets est centralisé sur leur facture de fin de mois. « Nous avons imaginé un système orienté sur les métiers et non sur les matériaux avec des big bags spécialement conçus pour les menuisiers, les plaquistes car nous avons voulu réconcilier l’univers du négoce avec celui du déchet », détaille Jean-Yves Burgy.

Le système de big bags est orienté sur les métiers et non sur les matériaux
Le système de big bags est orienté sur les métiers et non sur les matériaux

La logistique a elle-aussi été optimisée. Les camions qui récupèrent les big bags dans les agences (24 big bags pour déclencher l’enlèvement) en profitent pour effectuer leur livraison ou les alimenter en big bags de granulats, autre activité du groupe. Il n’y a donc jamais de trajet à vide.

Une implication dans l'activité déchets qui valorise l'entreprise

Pour porter ce dispositif de collecte, le groupe Chavigny a créé la société Easitri. « Cette société répond à notre volonté de faire des déchets de chantier une activité à part entière et de ne pas créer d’amalgame avec le négoce », explique Pascal Chavigny. Mais elle a un autre avantage, c’est que le concept peut être commercialisé et le dispositif étendu à d’autres négoces, à d’autres corporations. Des discussions sont d’ailleurs en train d’être menées avec les communautés de communes.
Outre le service clé en mains apporté aux clients, Pascal Chavigny voit dans cet investissement, aux alentours de 2,5 millions d’euros amortis sur 10 ans, la valorisation de son entreprise, mais aussi l’ouverture de nouvelles perspectives, comme par exemple le développement d’activités secondaires entre le centre de tri et les industriels qui valorisent les déchets.
A ce rythme, le groupe de négoce pourrait devenir un exemple en matière de service de collecte et de gestion des déchets de chantiers.

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