Comptage d’énergie : la télé-relève devient obligatoire
A partir du 25 octobre 2020, en application de la Directive européenne sur l’efficacité énergétique, seuls les compteurs équipés de systèmes de relevés à distance seront autorisés. Objectif : réduire les consommations des résidents.
Amélie Luquain
Selon le décret n° 2020-886 publié le 21 juillet dernier au Journal officiel*, les exigences de la Directive européenne sur l’efficacité énergétique (DEE), adoptée en décembre 2018, seront transposées dans le droit national ce 25 octobre 2020.
Cela signifie qu’à partir de cette date, seuls des compteurs d’énergie thermique et des répartiteurs de frais de chauffage équipés d’une technologie de relevé à distance pourront être installés.
Dans ces résidences, les informations relatives à la consommation ou à la facturation devront être fournies aux occupants deux fois par an dans un premier temps. Puis, tous les mois à partir du 1er janvier 2022. En outre, à partir du 1er janvier 2027, tous les compteurs ou répartiteurs déjà installés devront être équipés d’une technologie de relevé à distance. L’objectif étant que les résidents puissent adapter leurs consommations.
Patrick Simoneau, directeur national France de la société allemande Qundis, spécialiste du comptage divisionnaire d’énergie au chiffre d’affaire de 100 millions d’euros, décrypte les enjeux de ce nouveau cadre législatif français.
Un gisement de 4 millions de logements
Le gouvernement a mis en place des lois pour arriver à la sobriété énergétique et émettre moins de gaz à effet de serre. La loi 2015-992 sur la Transition énergétique pour la croissance verte définissait le dispositif de l’Individualisation des frais de chauffage (IFC).
En 2018, la loi Elan reprécisait les choses. « Tous les immeubles existants dont la consommation annuelle est inférieure à 80 kW/m² et tous ceux qui ont une spécificité technique comme des dalles chauffantes sans mesures possibles pour lesquelles l’IFC ne peut être installés, ne sont pas concernés. De la même manière, si l’installation, la location et la maintenance des compteurs divisionnaires d’IFC sont supérieurs au gain qu’on peut en avoir en individualisant les frais de chauffage, les bâtiments sont exclus de ce cadre. En France, sur une moyenne de 15 millions de logements collectifs, environ 5 millions sont équipés de chauffage central. 15 % d’entre eux appartiennent à la classe énergétique A ou B, et se trouvent donc en deçà de 80 kW/m²/an. Or, 65 % des consommations énergétiques d’un bâtiment viennent du chauffage », explique Patrick Simoneau.
Selon ce calcul, près de 4 millions de logements en France sont concernés par l’individualisation des frais de chauffage. Pour l'heure, « seuls 30% d’entre eux sont équipés », souligne le directeur national France.
Passage à la télé-relève
Actuellement, ce parc de logements est majoritairement équipé en radio relève, soit des modules radios installés sur les compteurs. Une société de comptage se rend ensuite au pied de l’immeuble et va, grâce a une antenne, chercher les index de chacun des compteurs connectés. Etant donné le côté fastidieux de la tâche, les bordereaux de consommation ne sont transmis qu’une à deux fois par an. Trop peu pour que le résident puisse adapter son comportement.
D'où l'intérêt de la télé-relève qui consiste à créer des passerelles de communication permettant de collecter et de transmettre les données issues des compteurs d’énergie et de les transmettre à distance à un système de supervision ou de management énergétique. « Cette technologie est encore peu usitée par les sociétés de comptage françaises », rappelle Patrick Simoneau. La société Qundis a d’ailleurs lancé sa nouvelle génération de passerelle pour télé-relève en 2019.
En Europe du Nord, et notamment en Allemagne, ce système instauré depuis une dizaine d’année a fait ses preuves puisqu’il a permis de réaliser des économies de 15 à 20 %, selon une étude de l’Ademe menée sur 4 000 logements. De quoi simuler le marché. Qundis travaille d’ailleurs à développer sa présence auprès des sociétés de comptage et de plomberie, mais aussi auprès des bureaux d’études.
*Décret n° 2020-886 du 20 juillet 2020 relatif aux modalités d'accès aux informations de consommation et de facturation liées aux consommations de chaleur, de froid et d'eau chaude sanitaire dans les immeubles collectifs dotés de dispositifs d'individualisation des frais de chauffage, de froid ou d'eau chaude sanitaire et dans les immeubles raccordés à un réseau de chaleur ou de froid.
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