Comment Enedis s'est préparé pour les tempêtes
Le gestionnaire de réseaux dresse le panorama de son dispositif de crise. Depuis décembre 1999 et les rafales de Lothar et Martin, Enedis ne cesse de progresser.
Enedis a bien choisi son jour. Le 12 juin, le gestionnaire du réseau de distribution électrique organisait une conférence autour de sa gestion des aléas climatiques. La nuit précédente, des trombes d’eau s’étaient abattues sur Paris. Au matin, diverses lignes de métro fonctionnaient au ralenti. « Nous observons des phénomènes plus intenses que par le passé, analyse Antoine Jourdain, directeur technique de l’entreprise. Nous adaptons constamment notre dispositif de crise pour faire face à ces problèmes. »
La prise de conscience d’une vulnérabilité nouvelle remonte au 26 décembre 1999. La France est alors frappée par les tempêtes Lothar et Martin. Ces deux violentes dépressions ruinent le réseau électrique aérien dans une bonne partie du pays. « Les lignes résistent à des vents inférieurs à 120 km/h. Entre 120 et 130 km/h, il y a quelques dommages provoqués par les arbres. A plus de 130 km/h, nous entrons dans l’inconnu. Les dégâts deviennent très difficiles à évaluer », énumère Patrick Lyonnet, directeur régional d’Enedis pour la Lorraine.
Ressources humaines et matérielles
A la suite de ces évènements, ErDF (aujourd’hui Enedis) a créé la Force d’intervention rapide électricité (Fire), une unité qui rassemble 2500 de ces employés à travers tout l’Hexagone. « Quand nos bulletins météo internes signalent un risque pour le lendemain, les antennes régionales concernées déclenchent une cellule de crise. Si nécessaire, les membres de la Fire des territoires épargnés vont prêter main-forte à leurs collègues », explique Antoine Jourdain.
L’opérateur stocke aussi du matériel spécialement en vue de ces situations. Quelque 220 kits de réparation et 2600 groupes électrogènes attendent une urgence dans ses onze plates-formes logistiques.
Drones pour le diagnostic de ses infrastructures
Au grès des catastrophes, cette stratégie s’affine. Elle atteint aujourd’hui un niveau d’efficacité remarquable. « En 2010, lors de la tempête Xynthia, nous avions mis plus de quatre jours à rétablir le courant dans tout notre périmètre. Après la tempête Eléonore, en janvier dernier, la même tâche a seulement nécessité moins de 48 h », précise Patrick Lyonnet.
Cependant, Enedis ne compte pas en rester là. Le gestionnaire emploie déjà des drones pour le diagnostic de ses infrastructures. Il a également entamé le déploiement de divers capteurs à tous les échelons de son réseau, tels que des instruments de mesure du niveau d’eau dans les postes inondables, ou des systèmes de contrôle du niveau de carburant dans ses groupes électrogènes.
« Enfin, le compteur Linky nous indique automatiquement les coupures de courant, conclut le directeur technique. Je sais qu’il est toujours difficile pour un abonné d’être du mauvais côté de la moyenne. Nous faisons donc le maximum pour réduire les temps de coupure. »