Chronique

Circulez, y a tout à voir !
Nohmana Khalid | le 05/10/2018 | Réglementation, Economie circulaire
Sac au dos, destination Bruxelles pour faire le point sur les initiatives d'économie circulaire dans le bâtiment. Sur place, j'échange dans la langue de Shakespeare avec des experts européens. On me demande rondement : « La France est en avance sur l'économie circulaire dans le BTP, n'est-ce pas ? » Je ne rêve pas : en la matière, l'étranger a les yeux rivés sur l'Hexagone. Et pour cause, l'économie circulaire y a rapidement fait son nid, avec notamment la loi sur la transition énergétique de 2015, la réforme des marchés publics de 2016 ou encore la feuille de route pour l'économie circulaire de 2018. Autant dire que la France n'a pas traîné pour reprendre les possibilités offertes par la réglementation européenne.
Pour autant, sur le terrain, les projets de constructions circulaires ne sont pas légion. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond ? Les acteurs avancent à tâtons. Ils doivent composer avec les nombreuses législations : les récentes, eco-friendly, et les préexistantes, poursuivant d'autres objectifs louables comme la sécurité, l'accessibilité, etc. Eh oui, l'économie circulaire n'a pas toujours été la marotte du législateur. Mais ce dernier a décidé d'ouvrir les vannes avec le permis d'expérimenter pour déroger à de nombreuses normes, dont celles sur la sécurité-incendie et surtout celles relatives aux matériaux et au réemploi. Une aubaine quand on sait que les assureurs et les bureaux de contrôle barrent souvent la route aux matériaux réemployés.
Plutôt qu'un big bang de la réglementation, ne faudrait-il pas d'ailleurs compter sur le cercle informel des expérimentateurs et innovateurs volontaires, audacieux et collaboratifs. Dès décembre, un programme accompagnera une trentaine d'acheteurs publics et privés pour intégrer des critères d'économie circulaire dans leurs marchés. Ceux-là ne font pas l'économie de faire circuler l'aide, la réflexion et les bonnes pratiques. Et ils ont bien raison.