Cible des terroristes, Razel rapatrie d'Algérie ses salariés français
Defawe Philippe
Dimanche 8 juin, alors qu'il sortait du chantier où il travaillait à la réfection d'un tunnel ferroviaire à l'Est d'Alger, Pierre Nowacki, 57 ans, ingénieur chez Razel, a été victime d'un engin explosif caché dans un fossé. Directement visé, le groupe de BTP a décidé de rapatrier les six autres Français qui travaillaient sur le chantier.
Ce drame est arrivé malgré les mesures de sécurité que toute entreprise travaillant dans la région se doit de prendre. Ainsi, l'escorte de véhicules des forces de l'ordre algériennes qui accompagnait l'ingénieur français n'y a rien changé. La bombe a explosé au passage de sa voiture, le tuant ainsi que son chauffeur algérien. Un deuxième engin, dissimulé de l'autre côté de la route, a explosé trente minutes plus tard, faisant onze morts parmi les secours.
C'est la seconde fois que l'entreprise de travaux publics est touchée par un attentat.
En septembre dernier, un convoi, lui aussi sous escorte algérienne, avait été attaqué par un kamikaze près de Lakhdaria. Trois collaborateurs expatriés de Razel, deux Français et un Italiens – avait été blessés. Rappelons que la veille, le 20 septembre, Al-Qaeda avait annoncé dans un message vidéo vouloir s'en prendre aux intérêts français et espagnols au Maghreb.
Des salariés sous le choc
"Nous avons décidé de rapatrier les six autres salariés Français qui travaillaient sur le chantier et ils sont arrivés aujourd'hui même à Paris" a expliqué au Moniteur-expert, Jean-Marie Sifre, directeur de la communication de Razel. "Trois d'entres-eux ont assisté à l'attentat et tous sont sous le choc. Nous avons mis en place une cellule psychologique à Paris et à Alger".
Le chantier de réparation du tunnel ferroviaire d'Ammal à Beni-Amrane, dans la région de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger) est temporairement arrêté. Il devrait reprendre prochainement avec les seuls salariés algériens. "Pour l'heure nos pensées vont à la famille de la victime et nos efforts se concentrent sur le rapatriement du corps" a déclaré Jean-Marie Sifre.
Le groupe qui emploie 1.200 salariés et 30 expatriés français en Algérie va terminer les chantiers en cours : la réparation du tunnel ferroviaire d'Ammal et le barrage de Koudiat Acerdoune. "Nous n'allons pas abandonner ces chantiers, mais nous sommes obligés de nous poser la question de notre présence dans la région" a expliqué Jean-Marie Sifre.
Jean-Philippe Defawe
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