Chaudières gaz : quel avenir avec la RE2020 ?
Les seuils d’émissions de gaz à effet de serre fixés par la RE2020 menacent les systèmes de chauffage fonctionnant exclusivement au gaz. Les fabricants se penchent vers des solutions alternatives, comme le mix énergétique ou l’adaptabilité des chaudières au gaz vert et à l’hydrogène. Explications avec Viessmann, Vaillant et BDR Thermea.
Stéphanie Lacaze-Haertelmeyer
« Le gaz vert pourra changer la donne »
« À l’image du déploiement du gaz vert, énergies et produits évoluent. Afin de répondre aux propriétés de ces gaz et de garantir les meilleurs rendements et la meilleure combustion (valeurs Nox et CO), nous avons lancé une nouvelle génération de chaudières murales : auto-adaptatives gaz à condensation. Prêtes pour le biométhane, elles peuvent recevoir jusqu’à 20 % d’hydrogène et nous visons sous peu les 100 %. Selon le type de gaz, grâce à des capteurs, elles effectuent le bon mélange gaz/air. Cette auto-adaptabilité est désormais nécessaire. Certes, la RE 2020 réduit le champ d’application du gaz en particulier en maison individuelle neuve, mais le gaz vert pourra changer la donne. En attendant, il est crucial de proposer un large éventail de solutions, en passant par la PAC (solution hybride) et le solaire thermique ou photovoltaïque. En rénovation, le parc gaz est immense. Nous sommes convaincus que, l’énergie gaz évoluant, les solutions qui favorisent le mix énergétique vont soutenir ce marché avec peut être un renouveau grâce à l’hydrogène. »
Éric Kuczer, responsable produits et marché chez Viessmann
« L’équilibre énergétique est la voie à suivre »
« Dans le cadre de la RE 2020, le gaz naturel seul aura un rôle difficile à jouer à partir de 2025. Les exigences annoncées pour la construction neuve en logement collectif nécessitent le recours à des solutions combinées avec des énergies renouvelables. Pour autant, le développement en cours de gaz vert s’inscrit dans l’objectif de décarbonation des énergies fossiles. Nous avons donc peu de temps pour innover et apporter des solutions hybrides favorisant le mix énergétique. La mise en application de la RE 2020 au 1er janvier 2022 devait s’accompagner d’une clause de revoyure permettant la prise en compte de ces gaz verts. Aujourd’hui, les experts s’accordent à dire que l’équilibre énergétique est la voie à suivre. Les gaz décarbonés sont donc une solution à la RE 2020, et nous allons continuer de travailler par la démonstration, à l’image des chaudières à condensation capables de fonctionner avec de l’hydrogène à 20 % et, dans un avenir proche, à 100 %. »
Diego Lepoutre, directeur marketing et avant-vente de Vaillant Group France
« Dans le collectif, nous croyons plus à l’hydrogène »
« La RE 2020 ne favorise pas la chaudière gaz. Le déficit fossile ne peut pas toujours être comblé par une EnR. La solution hybride chaudière gaz et PAC ou solaire peut être une alternative. Mais en logement collectif, au-delà de deux étages, le mix énergétique est compliqué à mettre en œuvre. Le chauffe-eau thermodynamique a besoin de place au sol, et le split, d’unités extérieures sur un balcon ou en façade, ce qui n’est pas envisageable. Avec une capacité de 100 à 150 litres, la question du confort ECS se pose au-delà de trois personnes. Pour les appartements, nous proposons un chauffe-eau EnR gain de place couplé à du photovoltaïque, une solution simple adaptée à la rénovation et aux nouvelles contraintes du neuf. Mais dans le collectif, nous croyons plus à l’hydrogène, facilité par des réseaux déjà existants. Dès aujourd’hui, nos chaudières en acceptent 20 %, et nous pouvons aller plus loin, avec la conviction que ces solutions sont celles d’un avenir proche. Sauf que pour l’instant, ni la RE 2020, ni l’étiquetage ne connaissent l’hydrogène. »
René Schmitt, responsable marché résidentiel rénovation chez BDR Thermea France
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