BTP : la poursuite d'activité ne passe pas auprès des professionnels
Pierre Pichère | le 19/03/2020 | Négoce, Coronavirus, Confinement, Bâtiment, Entreprises
L'Etat met la pression pour que le BTP continue. Mais les professionnels sont majoritairement réticents.
L'Etat n'en démord pas : le BTP doit continuer. Hier soir, circulaient même des menaces de ne pas ouvrir le dispositif de chômage partiel aux entreprises du secteur. Plusieurs fédérations régionales ou départementales, à la FFB, ont écrit aux préfets pour s'alarmer d'une telle perspective. Ce matin, la Capeb maintient la position défendue depuis mardi : le BTP doit s'arrêter. "Nous ne comprenons pas les propos tenus par le Ministre de l’Intérieur concernant la poursuite du travail des compagnons sur tous les chantiers, même ceux qui ne sont pas vitaux, déclare Patrick Liébus, président de la Capeb, dans un communiqué. Ces directives vont en effet à l’encontre de l’avis de tous les organismes professionnels du secteur qui ont, ensemble, pointé du doigt l’impossibilité, sauf exception, pour les entreprises du bâtiment de poursuivre leur activité tout en assurant strictement la sécurité des travailleurs." Si les chantiers isolés peuvent continuer (sous réserve évidemment de trouver des matériaux), les interventions en milieu occupé paraissent bien difficiles à imaginer.
Considérations financières
Derrière cette position gouvernementale, difficile de ne pas avoir une lecture financière. Si le BTP rejoint le dispositif de chômage partiel, ce seront près de deux millions d'actifs qu'il faudra indemniser. Sur les réseaux sociaux, toutefois, le sentiment se diffuse d'un secteur sacrifié. Les artisans et dirigeants de PME s'alarment de leur responsabilité en cas de contamination d'un de leurs salariés ou d'un de leurs clients, et en appellent plus globalement à la responsabilité collective : le BTP n'est pas, selon eux, un secteur vital de l'économie - hormis interventions d'urgence.
Impossible mobilisation
Les tractations vont se poursuivre tout au long de la journée avec le Gouvernement, entre Bercy et le ministère du Travail. Des textes en préparation vont venir préciser les orientations et les priorités publiques en termes d'arrêt d'activité. Si le BTP se trouvait exclu du dispositif, l'Etat se retrouverait face à un problème non plus financier, mais politique. Comment contraindre des entreprises à travailler ? Comment refuser durablement l'indemnisation ? Et surtout, comment obliger des salariés d'un secteur non stratégique à aller travailler, quand déjà les salariés d'agroalimentaire et de l'énergie montrent des signes d'inquiétude ?
Bob
19/03/2020 11h:05
Il serait peut etre temps de se réunir massivement et bien compacté devant l’Élysée afin de nous tousser dessus les uns les autres.En plus de faire passer le message, cela surlignera le coté comique de la situation, et nous ne prendrons de toute façon pas plus de risque a faire ca plutôt que retourner sur les chantiers main dans la main empiler des parpaings imaginaire en fredonnant des chants d'esclaves.