Biennale de Venise : les architectes africains à l’honneur
La 18e Mostra internationale d’architecture ouvrira le 20 mai prochain à Venise (Italie). Sa commissaire générale, Lesley Lokko, veut la transformer en «laboratoire du futur» pour affronter les crises auxquelles le monde devra faire face. Et pour la première fois, elle donne la parole à tout un continent, le sien : l’Afrique.
CHESSA Milena
Dans trois mois, à partir du 20 mai jusqu’au 26 novembre 2023, le monde de l’architecture se retrouvera à Venise (Italie) pour la 18e Mostra internationale consacrée à cette discipline. Et un continent sera pour la première fois à l’honneur. Sur les 89 praticiens invités à présenter leur travail dans le pavillon central des Giardini et la longue nef de l’Arsenale, la moitié sera originaire d’Afrique ou issue de la diaspora africaine, a détaillé Lesley Lokko, commissaire générale de l’exposition lors d’une visioconférence diffusée le 21 février depuis Venise.
« Nous accueillerons certains des plus grands [dont David Adjaye ou Francis Kéré, lauréat du Pritzker Prize 2022, NDRL]. Mais je suis fière de dire qu’il ne s’agira là que d’une fraction d’un réseau de professionnels, en pleine expansion, qui redéfinissent la pratique d’une manière qu’on ne pouvait pas imaginer il y a seulement dix ans », a ajouté l’architecte née en 1964 de parents ghanéen et écossais. Les nations représentées à travers ces exposants seront l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Niger, le Nigéria, le Rwanda et la Tunisie.
Une histoire de l’architecture « incomplète »
Lesley Lokko, nommée commissaire générale en décembre 2021 par Roberto Cicutto, président de la Biennale de Venise, a intitulé son exposition « Le laboratoire du futur ». Selon le président : « Elle part de son continent d’origine, l’Afrique, pour en raconter toutes les crises - historiques, économiques, climatiques et politiques - et dire : "Nous avons connu beaucoup des événements qui sont en train de se produire dans le reste du monde. Alors rencontrons-nous pour comprendre où nous nous sommes trompés jusqu’à présent et comment affronter le futur." C’est un appel à écouter ces voix mises au silence depuis tant de temps par ceux qui se considéraient comme des dominants de droit. »
« En architecture, développe Lesley Lokko, la voix la plus forte a historiquement été singulière et exclusive, avec un pouvoir et une portée ignorant de vastes pans de l’humanité - du point de vue financier, créatif et conceptuel -, comme si on ne parlait que dans une seule langue. L’histoire de l’architecture est donc incomplète. Pas fausse, mais incomplète. Voilà pourquoi les expositions comptent. Elles représentent des occasions uniques d’enrichir, de changer ou de re-raconter une histoire, dont l’impact sur le public peut être perceptible bien au-delà des murs qui la contiennent. » Roberto Cicutto lâche le mot, cette Biennale de Venise sera celle de la «décolonisation».
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