Banlieue Une charte du paysage urbain pour affirmer son identité
-La ville de Tremblay- en-France a mis au point ce document contractuel pour protéger ses richesses naturelles et propose de l'appliquer à d'autres villes de banlieue.
NATHALIE COULAUD
« Les villes de la périphérie doivent trouver leur identité, notamment paysagère, avant de décider de leurs projets d'aménagement », explique François Asensi, député-maire de Tremblay-en-France. C'est dans ce but que l'équipe municipale a réalisé une « charte du paysage urbain » qu'elle présente comme un document qui pourrait être repris par d'autres collectivités locales.
Avec 33 000 habitants et une superficie de plus de 2 200 ha, Tremblay-en-France est la commune la plus étendue d'Ile-de-France. Les terres agricoles représentent un tiers du territoire de la commune et l'aéroport Charles-De Gaulle y occupe 750 ha et il souhaite s'agrandir. Le parc des expositions de Paris-Nord, actuellement situé sur Villepinte, souhaite également s'étendre sur Tremblay.
La ville est donc soumise à des pressions foncières et a décidé de protéger ses espaces non urbanisés par une charte. Quatre grands objectifs d'urbanisme ont ainsi été définis depuis 1995.
Tout d'abord, la ville souhaite éviter un développement en tache d'huile. « Il faut s'opposer à l'extension de l'agglomération parisienne et les villes ne doivent pas vouloir à tous prix attirer plus d'habitants », explique François Asensi.
Economiser l'espace disponible
Le second objectif fixé par la municipalité est d'économiser l'espace. « Le but n'est pas de combler le vide, l'espace non urbanisé est parfois nécessaire pour faire respirer le territoire », explique le maire de Tremblay. Les zones agricoles seront ainsi classées en zone ND (naturelles). Cela implique d'avoir un projet global et cohérent pour l'ensemble du territoire.
Pour ce faire, la ville a d'abord cherché à identifier son territoire, son paysage et a tenté d'y puiser une cohérence. « Nous nous opposons à la morphologie ordinaire de la banlieue qui n'est qu'une succession anarchique et ininterrompue de pavillons, de hangars industriels et de terrains vides », explique Massimiliano Fuksas, architecte chargé de développer le projet de Tremblay-en-France.
Le troisième objectif a été de réfléchir à la lutte contre les nuisances : celles de l'aéroport et celles du parc des expositions grâce à un projet urbain fort.
Concilier économie et environnement
A cela s'ajoute un quatrième objectif qui est de conjuguer la valorisation des ressources naturelles et économiques. Les grands équipements amènent, en effet, de la richesse. Le but pour la municipalité est de concilier cet apport avec la protection de l'environnement. Cette charte du paysage urbain va être prise en compte dans le plan d'occupation des sols en cours de révision.
Cela lui donnera une envergure réglementaire supplémentaire puisqu'elle n'est, pour l'instant, qu'un document contractuel. « La charte du paysage urbain a été un instrument efficace de préparation de révision du POS et fera partie intégrante de ce dernier », conclut François Asensi.
DESSIN : Soumise à des pressions foncières, notamment pour l'extension de l'aéroport Charles-de-Gaulle (ci-contre), Tremblay-en-France - 2 200 ha dont un tiers de terres agricoles(ci-dessus) - souhaite éviter à tout prix un développement en tache d'huile en ménageant des zones non constructibles.
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