Aux Etats-Unis, premiers contretemps pour la start-up Katerra

La jeune pousse américaine, qui veut « disrupter la construction », reste choyée par les investisseurs. Mais ses premiers résultats traduisent les difficultés à appliquer ses méthodes robotisées dans le secteur.

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Aux Etats-Unis, premiers contretemps pour la start-up Katerra
Les contremaîtres et ouvriers de chantier de Katerra sont tous dotés d’une application mobile. Elle leur donne accès aux plans à toutes les étapes, aux spécifications des pièces, toutes taguées électroniquement à l’usine. Un scénario qui fonctionne... sur le papier seulement, pour le moment.

Problème de fond ou une simple crise de croissance ? Aux Etats-Unis, la start-up Katerra, fondée en 2015, et qui entend révolutionner le business model de la construction en intégrant et en informatisant toutes les étapes, reste adulée pour sa progression fulgurante –elle décroche des contrats et rachète des cabinets d’architectes ou des entreprises générales dans tout le pays-, et choyée par les plus grands bailleurs de fonds internationaux. Et à ce jour, Katerra apparaît toujours comme l’étoile montante, le fleuron d’une révolution high tech dans le vieux secteur de la construction américaine.


Pour mémoire, la firme de Menlo Park (Californie), voisine des titans Facebook et Tesla, avait obtenu en avril 2018 un investissement de 865 millions de dollars VisionFund, un fonds de la Soft Bank, mondialement connue pour son financement de l’innovation (le fonds avait parié dès l"origine sur Uber ou Airbnb). Un gage de confiance dans sa capacité à transformer le monde du bâtiment par le recours à une nouvelle génération de matériaux préfabriqués en bois et, surtout, par l’usage de technologies numériques à tous les stades de la construction. Mais aux dernières nouvelles cela ne se passe pas si bien.

Le business model de Katerra expliqué en vidéo :


Problèmes de qualité, personnel insuffisamment qualifié…

Une enquête du journal en ligne The Information, spécialisé dans la high tech, accompagnée d’un reportage sur l’un des plus grands des 15 chantiers en cours de Katerra, au Texas, décrit une entreprise au prise avec de constants problèmes de qualité, dont les éléments préfabriqués arrivent de l’usine découpés aux mauvaises dimensions, et montés par un personnel insuffisamment qualifié. Résultat, des retards majeurs et une grande frustration des clients, écrit The Information.
Katerra, qui peut compter sur une capacité de financement de près de 1,1 milliard de dollars suite à ses levées de fonds, et dont la valeur d’entreprise atteint déjà 3 milliards de dollars, paye toujours sans problèmes ses fournisseurs, et tire une importante part de ses revenus de la vente directe d'éléments préfabriqués aux entrepreneurs à partir de ses usines du Mexique et de Chine. Mais ces premiers contretemps traduisent les travers d’une croissance météorique, et la difficulté à appliquer si facilement les méthodes de la Silicon Valley au secteur de la construction.


Développement à l’international


D’une part, les aménagements de son immense usine de Phoenix (Arizona) ont été considérablement retardés par des problèmes de… permis de construire début 2018, et l’automatisation tant attendue de sa production y laisse à désirer. Les fameux panneaux préfabriqués de Katerra ne peuvent, en fin de compte, intégrer comme prévu les fenêtres, l’électricité et la plomberie. Ce qui implique une installation manuelle par du personnel dépêché en masse sur les chantiers. Un scénario bien éloigné des promesses de productivité de la jeune pousse...

Cet incident de parcours mine la crédibilité de l’entreprise, au moment où son expansion entre dans une phase spectaculaire avec une joint-venture en Inde, des chantiers décrochés en Arabie Saoudite et la construction de nouvelles usines programmées aux États-Unis.

Après Phoenix, et une unité énorme de bois lamellé collé à Spokane, dans l’État de Washington, la firme envisage une autre usine ultra-robotisée proche de son siège de Menlo Park, en Californie du Nord.
Michael Marks, président de Katerra, un ancien dirigeant de la firme Tesla qui a connu aussi son lot de crises de croissance, minimise dans un échange de courriel avec le journal The Information, la valse des dirigeants de l’entreprise, et vante la situation actuelle : « des revenus, des marges en hausse, un carnet de commande époustouflants, des pertes en chute rapide » . Une histoire à suivre.

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