AUVERGNE Négociations quasi publiques sur le contrat de Plan
SYLVIE JOLIVET | le 18/02/2000 | Aménagement, France , Puy-de-Dôme, Rhône, Hérault
Les tables rondes du "Moniteur"
Pour Jean Proriol, premier vice-président du conseil régional d'Auvergne, « il est difficile de mener les négociations en public ». C'est pourtant ce qu'il a (presque) fait face à Didier Cultiaux, tout nouveau préfet de la région Auvergne, lors de la table ronde du « Moniteur », consacrée le 10 février au contrat de Plan Etat-région.
Ce débat passionnant et passionné, organisé à guichets fermés, avec la participation de la fédération du BTP du Puy-de-Dôme, a également compté pour acteurs Pierre-Joël Bonté, le président du conseil général du Puy-de-Dôme, et Serge Godard, le maire de Clermont-Ferrand.
L'effort de la région
Ce débat a notamment permis de lever le voile sur les priorités et les accords et désaccords des contractants et de deux des principaux partenaires, le département du Puy-de-Dôme et la ville de Clermont-Ferrand.
« Le conseil régional souhaite que le contrat de Plan atteigne 6 milliards, y compris la participation des autres collectivités », a estimé Jean Proriol. L'enveloppe de l'Etat s'élevant à 2,67 milliards (1), la région apporte une contribution de 2 milliards, « soit le double de ce qu'elle avait mis dans le contrat précédent ».
En préalable, Didier Cultiaux, soucieux de replacer ce contrat de Plan dans un contexte « d'esprit de solidarité et de rééquilibrage du territoire », a précisé que l'enveloppe contractualisée ne « représente que 20 % des crédits de l'Etat en Auvergne, auxquels il faut ajouter les crédits européens ».
« Ouvrir l'Auvergne »
L'Etat et la région s'accordent sur la nécessité de poursuivre « l'ouverture de l'Auvergne », selon les termes de Didier Cultiaux : « Cette ouverture est l'élément le plus coûteux. Les routes représentent encore une bonne part de l'enveloppe de l'Etat, à 1,81 milliard. »
Ce qui, selon Jean Proriol, devrait en moyenne correspondre à 75 % du montant des travaux, avec une clé de répartition différente selon les axes. Les RN 88 et 89 - le conseil général du Puy-de-Dôme se dit prêt à apporter 160 millions sur cette dernière - les RN 102 et 122 - avec le tunnel du Lioran, cofinancé par les collectivités - et la route Centre Europe Atlantique sont concernées.
Le plan thermal réclamé par la région est, avec le réseau ferré, un point de désaccord. Et Jean Proriol de déplorer : « L'Etat n'affiche ni son accord ni sa participation. » « Il faut un plan thermal et lutter contre les contre-performances du tourisme », a insisté Pierre-Joël Bonté, qui regrette que « le débat entre la région et l'Etat se déroule à huis clos. On va nous présenter un projet et nous demander combien nous mettons ».
Lors des échanges, les participants ont précisé que les 50 millions affectés par l'Etat à la ligne Logement correspondaient à la reconduction d'une action de réhabilitation de logements HLM. « La région souhaite que soit aussi aidé le parc locatif privé », indiquait Jean Proriol.
A la suite de l'intervention de Loïc Bouffard, premier vice-président de la FFB d'Auvergne, Didier Cultiaux a souligné que le bâtiment n'était pas oublié - « sur les 445 millions consacrés à l'enseignement supérieur, 350 millions concernent l'immobilier, alors que 28 millions seront apportés par quatre partenaires pour la réhabilitation de centres de vacances » - tout comme Jean Proriol qui renchérissait : « Il y a du bâtiment dans tout ce contrat de Plan... »
(1) Si l'on ajoute à cette enveloppe les programmes interrégionaux (597 millions) et la RCEA (670 millions), l'Etat apporte 3,937 milliards, soit 3 012 francs par habitant, ce qui place l'Auvergne au 4e rang national. La moyenne métropolitaine est de 2 076 francs.
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A la tribune, de gauche à droite, Pierre-Joël Bonté, Didier Cultiaux, Pierre Delohen, Jean Proriol, Serge Godard et Loïc Bouffard.
Concernant le réseau ferroviaire, le désaccord persiste. Si, pour l'Etat, priorité doit être donnée à la rénovation des lignes Clermont-Ferrand/Lyon et Clermont-Ferrand/ Béziers (fret), la région milite pour la ligne Paris/Clermont-Ferrand avec des travaux (estimés entre 220 et 240 millions de francs) qui permettraient de réduire à moins de trois heures la durée du trajet. « Nevers étant intéressée par cette modernisation, on peut envisager une participation de la Bourgogne et de cette ville », a indiqué Jean Proriol, soutenu par Serge Godard qui note : « Ce projet est le plus ancien et le plus au point. »