Autriche BTP : la récession joue les prolongations
-Après une forte croissance au début de la décennie, le secteur de la construction amorce sa troisième année de récession.
marcel linden
Le marché autrichien de la construction continue d'être en proie au doute : à l'embellie de 4,7 % en 1994 ont succédé des reculs de production de 0,7 % en 1995 et de 1 % en 1996 (voir tableau conjoncture). Et pour 1997, l'institut de conjoncture Wifo de Vienne prévoit une nouvelle baisse de 0,5 %. « La reprise ne sera pas encore au rendez-vous cette année, avance Margarete Czerny, responsable BTP au Wifo. Johannes Schenk, directeur du Fachverband der Bauindustrie, la fédération autrichienne du BTP, est un peu plus optimiste : « Après la dure année 1996, la situation va se stabiliser en cours d'exercice et la remontée aura lieu en 1998. »
La crise du génie civil et du non-résidentiel privé
Traditionnellement élevée en Autriche, la demande publique fait les frais des restrictions budgétaires imposées par Maastricht. Comme pour rectifier le tir, le gouvernement a lancé au printemps dernier un programme d'infrastructures de 15,5 milliards de francs, concentré sur les autoroutes et le rail. Lent à être mis en oeuvre, l'institut Wifo n'en attend que « quelques impulsions en 1997 ». Vienne a aussi adopté une loi sur l'infrastructure du rail d'un montant annuel de 5,6 milliards de francs. Or, les entreprises de génie civil n'en profitent pas non plus. Raison : la compagnie nationale des chemins de fer OBB exécute en grande partie elle-même les travaux avec des effectifs pléthoriques ! Quant aux projets publics à financement privé, le gouvernement de grande coalition, composé de populistes chrétiens et de sociaux-démocrates, y est peu favorable.
La récession frappe en premier lieu les 50 grandes entreprises de BTP formant la « Bauindustrie », dont le chiffre d'affaires 1995 a baissé de 5 % à 24,2 milliards de francs. En revanche, la bonne tenue de la construction neuve et du second oeuvre expliquent pourquoi, parallèlement, les 3 500 PME et entreprises artisanales ont réussi à progresser encore de 1,6 % à 37,6 milliards de francs de chiffre d'affaires en 1995.
Même Johannes Schenk concède que l'opinion autrichienne déplore, pour reprendre son euphémisme, "l'intransparence'' du secteur : c'est que derrière chaque major du BTP, il y a une grosse banque : GiroCredit, la banque des caisses d'épargne, contrôle le numéro un du BTP, Bau Holding ; Bank Austria possède 37 % du numéro deux Porr, ainsi que 50 % de Stuag. De son côté, la Creditanstalt (CA), qui détient la majorité d'Universale Bau et du numéro un des matériaux de construction Wienerberger. Seul Strabag, contrôlé par le groupe familial allemand Werhahn, échappe à cette règle.
La fusion décidée entre Bank Austria et la CA risque d'avoir des répercussions sur Porr, Stuag et Universale. A noter également que les banques sont soumises aux partis politiques : Bank Austria et GiroCredit sont des «fiefs rouges» , la CA appartenant aux «noirs» (conservateurs). Beaucoup d'observateurs souhaitent, qu'au nom de la concurrence, Bruxelles fasse sauter ce verrouillage politico-industriel.
Malgré cela, le marché autrichien n'est pas fermé aux entreprises de BTP françaises. Preuve en est : Spie Batignolles et Soletanche y sont présents. «Nous ne repoussons pas les concurrents français», insiste Horst Pöchhacker, président du directoire de Porr, dans lequel GTM-Entrepose détient 7,5 % des parts. Preuve supplémentaire : les Allemands sont déjà dans la place. Outre Strabag, Züblin, Dywidag, Ed. Ast (Holzmann), etc., opèrent en Autriche. Inversement Bau Holding et Porr sont fortement engagés à Berlin et en ex-RDA. Porr a porté de 48 à 64 % sa part dans la grosse PME munichoise Radmer Bau. Les deux majors autrichiens les plus performants sont Bau Holding (dont les résultats 1996 vont progresser et Universale Bau, qui poursuit sa restructuration.
TABLEAU : MOTEUR UNIQUE : L'ENTRETIEN DU BATIMENT (Production en volume)
Après deux années de récession, le BTP devrait connaître la croissance zéro cette année. Seul l'entretien sera en hausse de 2,3%.
TABLEAU : LES PERFORMANCES DES MAJORS DU BTP (en millions de francs)
A l'exception d'Universale, qui s'est restructuré en réduisant sensiblement ses effectifs, les résultats des majors ont reculé de moitié environ en 1995 par rapport à 1994. Gêné par d'importantes pertes en Allemagne de l'Ouest, Porr a eu du mal à éviter des pertes en 1996. Bau Holding, en revanche, annonçait une amélioration. Strabag et Universale sont également restés excédentaires.
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